La « social TV » existe déjà !

Quelques enseignements au terme du Connected TV Summit qui s'est tenu cette semaine à Londres:

 

1 - Déjà vu all over again ! Les principaux défis pour le monde de la télévision vont beaucoup ressembler à ceux rencontrés avant lui par la musique et la presse :

 

  • Se réinventer pour continuer d’exister dans un nouveau monde très différent, dominé par l’hyper-choix et la surabondance de contenus qui s’apprêtent à déferler sur un public avide de nouveaux modes d’accès à l’information, à la culture et au divertissement, mais aussi désireux de meilleures expériences enrichies.
  • Trouver vite de nouveaux modèles d’affaires pour financer la création de ces contenus, alors que le nouveau public jeune est moins enclin à payer et que la publicité va s’éparpiller sur les milliers de nouvelles formes de sollicitations.
  • Faire face aux nouveaux entrants disruptifs du web beaucoup plus agiles et innovants, mais aussi – et c’est plus nouveau-- partager avec de nouveaux concurrents hyper pointus en nouvelles technologies, souvent très gros, et qui veulent s’intercaler entre lui et son audience (Telcos, FAI, fabricants de téléviseurs, géants de l’informatique ou des jeux vidéos).

2 – Broadcast vs. unicast : nous ne sommes qu’au tout début de l’aventure et, maintenant que les moyens de délivrer les contenus sont à peu près en place, chacun s’interroge sur les usages qui l’emporteront : « search », découverte, recommandation ? Un savant mélange de ces trois types de consommation aboutira à la génération suivante de smart TV : celle qui saura ce que vous cherchez en fonction de vos goûts, de votre historique et de vos amis. Le public veut pouvoir choisir mais déteste le faire. Il a besoin d’aide. Il veut aussi de la personnalisation et du sur-mesure. Et bien sûr rester toujours connecté !

Tout le monde cherche la « killer app » de la télévision connectée. Personne ne l’a encore trouvée, mais chacun semble d’accord pour estimer que la smart TV n’est pas restreinte au web sur la TV, ni à un magasin d’applications.

Le succès extraordinaire de Netflix --30% de la bande passante US--,  qui devrait débarquer en Europe en fin d’année, s’explique par son rôle très efficace de moteur de recommandations.

 

3 – La « social TV » existe déjà sous de multiples formes. Elle devrait permettre aux chaînes de TV de gagner un peu de temps. Les médias sociaux sont les nouveaux compagnons de la télévision.  De plus en plus, l’expérience télévisuelle est enrichie par l’écoute des conversations qui se tiennent simultanément sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter). Il suffit de voir combien sont commentés en temps réel les grandes émissions (Top Chef), l’actu chaude (DSK) ou les grands matchs. La télévision profite également des recommandations qui sont véhiculées sur ces réseaux. C’est le règne du multitasking.

 

4 - La TV connectée ce n’est pas YouTube ! C’est une offre énorme de films de cinéma, de séries TV, de musique, de sports, de jeux, de documentaires, de services qui va arriver quand vous voulez, là où vous le souhaitez et sur l’appareil de votre choix. La télévision qu’on connaît depuis des dizaines d’années va disparaître. L’expérience va être considérablement enrichie.

 

5 - Chacun cherche aussi à proposer au public une expérience multi-écrans sans frictions : des contenus liquides qui s’écoulent d’un appareil à un autre, d’une pièce à l’autre de la maison, voire des médias gazeux vaporisés depuis le « cloud ».  Mais gérer toutes ces plateformes différentes et une offre ubiquitaire reste, pour l’instant, une prouesse technique.

 

6 – La télécommande va jouer un rôle clé comme second écran pour la contextualisation, les programmes, le search, les réseaux sociaux. Les smartphones et les tablettes ont toute leur place. Les firmes technologiques travaillent aussi à l’interaction gestuelle avec le téléviseur (cf. Kinect).

 

7 – L’écosystème de la TV risque de changer car le contact avec l’utilisateur final est au cœur de toutes les batailles : chaque acteur est engagé dans une course de vitesse pour en prendre le contrôle et surveille attentivement toutes les initiatives des autres: les chaînes, les opérateurs de téléphonie, les FAI, les loueurs de VOD, les fabricants de téléviseurs, de consoles de jeux, les annonceurs, les producteurs, les studios de cinéma, les acteurs du sports, etc…

 

8- Les principaux obstacles sont connus :

- Pour les société technologiques : la facilité d’usage pour le public, la qualité d’expérience TV à reproduire, l’intégration et l’inter-opérabilité des systèmes.

 

- Pour les chaînes : les droits sportifs, la publicité adaptée aux nouvelles technos, la neutralité du net. Mais aussi l’intégration de l’offre de flux linéaire à l’offre à la demande, la gestion de l’interactivité et des jeux, les multiples formats.

 

9 – Le monde de la TV connectée reste encore un monde très traditionnel d’ingénieurs et de techniciens qui viennent des telcos, des grandes sociétés de technologies et d’informatique. Comme si les galopins du web n’avaient pas encore montré leurs T-shirts et les créateurs/producteurs leurs catogans !

 

A suivre !