Sorties de films : les délais entre pays nuisent au box office

Les studios ont tort de prévoir des fenêtres de sortie des films longues et différentes selon les pays, car cette pratique favorise le piratage et pénalise le box office. Ils devraient raccourcir fortement ces délais, notamment pour les films d’action et de science-fiction, recommande un document de travail de chercheurs de l’Université du Minnesota.

En revanche, « nous ne percevons pas de modification élevée de revenus du box office américain lié à l’apparition de BitTorrent », précisent les auteurs dont le texte est en cours d’édition scientifique pour une revue économique américaine.

« En moyenne, sur un film américain, le piratage – notamment via BitTorrent-- fait perdre au moins 7% aux box office étrangers (surtout européen) en raison du délai entre les sorties en salles ».

Quand le délai atteint 8 semaines, la perte estimée était, en 2006, de 40% par rapport à l’époque où le piratage en ligne n’existait pas. Les films d’actions et de science fiction sont encore plus touchés car ils représentent 61% des films copiés sur Internet.

En moyenne, précise l’étude, un film américain est disponible en ligne une semaine après sa sortie en salles, parfois le même jour, parfois même avant ! « Le nombre de personnes qui y ont accès et de téléchargements grandit très vite ».

« Mais la sortie en salles ou la mise à disposition sous forme d’offre légale diffère selon les pays. Plus le délai est long, plus les box office étrangers vont perdre de l’argent ».

Certains pays ont l’habitude d’exploiter les films environ quatre à cinq semaines après leur sortie aux USA (UK, Australie, Suisse, France). D’autres le font après huit semaines ou plus (Italie, Danemark, Finlande, Pologne, Turquie).

"Ce délai tend à diminuer ces dernières années passant de 10,5 semaines en 2004 à 6 semaines en moyenne en 2007 et à 4 semaines en 2010".

"En outre, la numérisation croissante des salles ces deux trois dernières années a fait fortement baisser le coût des sorties mondiales simultanées", ajoutent les chercheurs américains.


De son côté, la puissante Motion Picture Association of America, le lobby d’Hollywood, estime, selon une étude de janvier 2011, que 35% du trafic de BitTorrent concerne des films de cinéma, dont plus de 99% porte atteinte aux doits d’auteur.  Le New York Times ajoutait récemment que, même si l’offre légale vidéo devait amenée à se développer fortement, le partage de fichiers sur Internet allait continuer de croître de 23% par an jusqu’à 2016.