Moins de journalistes en France qu'en 2006

Le rapport n'est pas encore en ligne et nous sommes loin de ce type de visualisation très parlante, mais le sociologue des médias Jean-Marie Charon a eu le mérite de partager cet après-midi à Angers (Poitiers) aux Assises du Journalisme une somme de chiffres déprimants sur les suppressions d'emplois dans les médias d'information français. C'est une première.

  • Pour la 2ème année consécutive le nombre de journalistes a baissé en France et il y en a moins aujourd'hui qu'en 2006 (37.286 contre 37.423).
  • En un an, 1.158 emplois ont été supprimés dans les médias d'information, dont 602 journalistes, soit 1,6% de la population.

La presse quotidienne nationale est la plus touchée (respectivement 581 postes, dont 216 journalistes), puis la PQR (366 dont 211 journalistes), puis la radio (143 dont 126 journalistes) et enfin la presse magazine (68 postes dont 44 journalistes).

Charon a rappelé que l'année avait été marquée par l'arrêt de France Soir, de la version imprimée de la Tribune et la faillite de Paris Normandie.

Il note que même les leaders sur leur marché suppriment des emplois: plus de 10% des effectifs des Echos et de l'Equipe sont touchés. Et 7% au Parisien.  Des coupes particulièrement importantes ont été réalisées aussi au groupe EBRA où les Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA) ont perdu 30% de leur rédaction, l'Est Républicain et Vosges Matin 20% via des clauses de conscience.

Charon ajoute à ce climat morose les rumeurs lourdes qui pèsent sur les groupe Sud Ouest et Hersant Media comme sur les menaces à la télévision privée et publique, et relève les "gros accidents" dans les secteurs connexes comme les gratuits d'annonces de la Comareg (faillite) ou les plans à venir chez Presstalis.

Nous sommes encore loin des chiffres accablants de la presse britannique ou américaine. Aux Etats-Unis, les journaux ont perdu en 10 ans environ 40% de leurs emplois et les rédactions y ont fondu d'un tiers.

Les sources de JM Charon sont syndicales (SNJ et CFDT) et éditoriales (La Correspondance de la Presse).