Pour les jeunes québécois, la télé n’est plus l’écran principal pour s’informer

Par Marc Braibant, journaliste invité, basé à Montréal.

Bonne nouvelle : le temps passé chaque jour à s’informer a augmenté ces dernières années au Québec en passant de 84 minutes en 2007 à 96 minutes aujourd’hui, en raison de « la multiplication des moyens d’information et des sources », indique cette semaine le Centre d’études sur les médias (CEM) de l’Université Laval.

En suivant un panel d’environ un demi-millier de consommateurs d’informations de la province la plus peuplée du Canada, le CEM distille tous les deux ans son rapport « COMMENT LES QUÉBÉCOIS S'INFORMENT-ILS ? qui suit les usages par tranche d’âge et par supports.

Les nouveaux médias sont les grands gagnants au détriment de la télévision, qui, tout en restant en tête, a reculé de 41% à 35% dans son « apport informatif ». C’est donc sur toutes les sources liées à Internet que les gains sont engrangés (tablettes, téléphones portables, ordinateurs…) puisque de 7 minutes il y a six ans, le temps passé à s’informer via ces supports est désormais de 19 minutes chaque jour.

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Les jeunes, mieux équipés en matériels mobiles et largement habitués aux réseaux sociaux, s’informent plus par ces moyens que par les « vieux » médias et deux-tiers des abonnés à un réseau social s’informent via leur réseau.

Certes les tendances sont connues mais les médias seraient bien inspirés de modifier leurs contenus pour s’adapter aux nouvelles générations. Le dosage n’est pas des plus simples car, soulignent les auteurs, il faut en plus s’adapter à la « culture générationnelle ». Pour les patrons des médias, ceci signifie beaucoup plus de souplesse et d’anticipation car pour les plus jeunes, ceux qui demain feront l’opinion et consommeront, « selon ce qu’on recherche, on ira vers le média qu’on juge le plus performant », écrivent les chercheurs.

Parmi les sujets recherchés, «  l’actualité locale et régionale, l’actualité scientifique, la politique québécoise et la météo ». A l’inverse, le panel en 2013 est moins porté sur des sujets «  modes et tendances, à l’automobile » ou au people.

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« La croissance phénoménale d’Internet comme source d’information concerne tous les sujets d’intérêts, mais elle touche surtout les sujets pratiques » tandis que « les sujets à contenu plus complexe » comme la politique ou l’économie restent des sujets plus « hard news » consommés sur les médias traditionnels et principalement la télévision.

Dans leur analyse, les auteurs marquent une vraie différence de « modernité » entre les 18-24 ans et la tranche 25-35 ans. Pour les jeunes majeurs, la tendance est de « délaisser relativement les médias traditionnels » au profit de « réseaux sociaux pour s’informer ».

«  On ne peut prédire si cet engouement pour les réseaux sociaux va les accompagner en vieillissant mais pour l’instant, il différencie fortement les 20 ans des 30 ans », nous disent ces trois experts.

Il sera intéressant de lire le prochain volet en… 2015.

@mjbraibant

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