Le Web13 : les 4 critères d'un bon web entrepreneur

Par Barbara Chazelle, Directions Stratégie et Prospective, France Télévisions

Guy Kawasaki a été formel : impossible de prévoir ce que le web sera dans 10 ans. A 10 mois, peut-être. Faute donc de pouvoir vraiment répondre à la question que nous pose la dixième édition de la conférence Le Web’13 à Paris "The next 10 years", un certain nombre d’intervenants nous ont livrés quelques clés pour réussir, aujourd’hui et demain.

1 Ecouter son coeur

Que vous soyez investisseur ou entrepreneur, une belle histoire commence au niveau du cœur.

D’après Tony Tyan, fondateur de Cue Ball, 70% des start-up ont démarré sans business model ; la plupart des entrepreneurs ont une passion qu’ils savent aussi nuancer pour faire des choix. « Le but prévaut sur le produit, et le produit passe avant le profit ».

Pour Guy Kawasaki, « la meilleure idée, c’est de créer un produit que l’on a envie d’utiliser soi-même ». Et d’aller plus loin encore en préconisant de ne jamais demander à autrui ce qu’on ne ferait pas soi-même.

Pour l’anecdote, c’est parce qu’il n’arrivait pas à trouver de taxi pour se rendre à l’édition 2008 de LeWeb que Travis Kalanick a eu l’idée de créer Uber, l'application star de l'année aux USA, qui vous met en relation avec des chauffeurs privés. La société est aujourd’hui valorisée plus de 3,5 milliards de dollars.

2 Etre smart

Cela n’a rien à voir avec un nombre de diplômes selon Tony Tyan. Pour lui, l’intelligence se mesure dans la capacité d’un individu à reconnaître les tendances, les modèles, les temps. Fred Wilson (Union Square Ventures) par exemple, ne s’intéresse pas tant aux technologies qu’aux grandes tendances qui influencent la société de manière générale.

Le succès d’une entreprise dépend aussi du temps à passer à effectuer des recherches, à tirer les leçons des expériences passées.

La chance n’est pas un facteur en soi. Pour Tony Tyan, il s’agit davantage d’une attitude, savant mélange "d’humilité, de curiosité intellectuelle et d’optimisme".

3 Penser réseaux

Fred Wilson nous prédit la fin de la lente bureaucratie pyramidale au profit de réseaux pilotés par la technologie, à l’image de Twitter qui a empiété sur le terrain de la presse traditionnelle dans la transmission d’info. Le système de hiérarchie « top down » ne sera plus efficace dans l’ère à venir.

De même, Jeremiah Owyang, le fondateur de Crowd Companies, nous annonce que nous entrons dans « l’âge de l’économie collaborative; au même titre que les médias se sont socialisés, le monde réel va se démocratiser. »

De nombreuses start-up sont aujourd’hui déjà financées grâce au crowdfunding (financement participatif), qui permet de lever des sommes toujours plus importantes. Demain, les particuliers créeront eux-mêmes les produits dont ils ont besoin sur des imprimantes 3D et les vendront ou les échangeront dans des communautés, des réseaux. Les gens auront ce qu’ils veulent des uns des autres.

Pour subsister à cette nouvelle vague de désintermédiation, les entreprises devront permettre à la foule de collaborer. Selon Jeremiah Owyang, « les marques doivent apprendre à créer des places de marché plutôt que ne pensez qu’à vendre leurs seuls produits. »

 TOMS Marketplace-660

 

4 Savoir prendre des risques

Enfin, tout acteur du web doit faire preuve de courage. Le courage de se lancer, mais aussi celui de persévérer et d’évoluer.

Nick D’Aloisio, le très jeune fondateur de Summly, racheté par Yahoo pour une somme estimée à quelques de 30 millions de dollars, le système éducatif ne vous prépare prépare pas à l’entreprenariat, qui n’est souvent même pas présentée comme une option.  Si l’échec peut faire partie de l’aventure, elle ne doit pas être vue comme dramatique, mais comme un moyen d’apprendre.

Guy Kawazaki quant à lui, encourage les talents nationaux à innover et à ne pas créer de nouvelles versions locales de produits américains. Et d’aller au bout de son idée en développant des prototypes qui parlent bien mieux du service que n’importe quelle présentation.

Enfin, les entrepreneurs (du web) sont pour Tony Tyan semblables à des coureurs : ils doivent tout à la fois être de bons sprinters et de bons marathoniens.