Qui va gouverner Internet ? Deux ans pour trouver !

Au moment où monte l’inquiétude sur la surveillance numérique mise en place par les gouvernements et les géants du web sur les citoyens et les internautes, deux grands think tank occidentaux ont lancé aujourd’hui à Davos un collectif chargé de déterminer en deux ans comment Internet doit être piloté et protégé.

Cette Commission mondiale sur la gouvernance d’Internet, lancée par le Centre for International Governance Innovation au Canada (CIGI du fondateur de Blackberry, Jim Balsillie) et l’institution britannique Chatham House, sera dirigée par Carl Bildt.

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Nous avions indiqué ici fin décembre que le ministre suédois des Affaires étrangères, très impliqué depuis des mois sur ce dossier, devait faire des propositions à Davos. C’est donc chose faite.

Sa commission, qui travaillera deux ans, est composée d’environ 25 membres venus du monde entier, de la société civile, de gouvernements et d’universités. A n’en pas douter, sa composition sera scrutée à la loupe, alors qu’aujourd’hui l’essentiel de la gouvernance technique d’Internet est assurée par les Etats-Unis (via l’ICANN).

« La liberté d’Internet, la sécurité d’Internet et la gouvernance d’Internet sont des sujets étroitement liés. L’évolution rapide du Net a été rendue possible par un modèle ouvert et flexible de parties prenantes multiples. Mais ce modèle est de plus en plus attaqué (…) Or la liberté d’Internet est aussi fondamentale dans nos sociétés que la liberté d’information et d’expression », a souligné aujourd’hui Carl Bildt. 

Quatre thèmes principaux (très vastes) de réflexion ont été définis :

  • Etablir la légitimité d’une gouvernance
  • Stimuler l’innovation
  • Protéger les droits de l’homme en ligne
  • Eviter les risques systémiques

C’est surtout la gouvernance future d’Internet qui sera au cœur des débats alors que nombre de grands pays émergents, comme la Chine et la Russie réclament (et exercent déjà) un contrôle plus strict. D’autres souhaitent se protéger des opérations de surveillance généralisée des Etats-Unis et d’autres pays comme la Grande Bretagne, dévoilées par Edward Snowden.

Réconcilier sécurité et liberté publiques est un débat vieux comme le monde, rappelait il y a quelques semaines, Carl Bildt, dans le New York Times. Avant d’avertir : « la bataille pour la liberté d’Internet est la nouvelle ligne de front des libertés dans le monde. Mais les activités de surveillance dans les pays démocratiques ne peuvent avoir libre cours de manière automatique ».

Il faut donc des gardes fous régulièrement adaptésIl en voyait sept qu’il mettait jusqu'ici en avant régulièrement et qui sont en phase avec les ONG de la société civile.

Reste à voir comment réagiront les grands pays directement visés par cette Commission et les résultats qui arriveront dans… deux ans ! D’ici là suivons de près ses travaux sur www.ourinternet.org.