10 prédictions tech/médias pour 2015 (Deloitte)

Par Barbara Chazelle, France Télévisions, Directions stratégie et prospective

Comme chaque année, Deloitte a présenté ce mardi à Paris ses prévisions mondiales pour l'année 2015 pour le secteur des Technologies, Médias et Télécoms. On retiendra principalement parmi ces 10 tendances le désintérêt toujours grandissant des jeunes vis-à-vis de la TV, le décollage du paiement mobile et l'adoption généralisée par les entreprises (et non le grand public) des objets connectées, imprimantes 3D et des drones.

1TV : plus que jamais, les jeunes désertent

Globalement, le temps TV reste relativement stable en moyenne… sauf pour les personnes qui avaient déjà tendance à la regarder moins que les autres, c'est-à-dire les jeunes, qui passent encore moins de temps qu’auparavant devant le grand écran du foyer. Aux Etats-Unis, les 18-24 ans regardent la TV près de 25% moins qu’il y a 3 ans.

 TV

 « Je suis l’évolution des médias depuis un moment. Une baisse de 25%, c’est quelque chose qu’on voit sur des décennies, pas sur 3 ans ! » a déclaré Duncan Stewart, directeur de la recherche de Deloitte Canada. « Les jeunes ne regardent plus les infos ; ils sont sur Twitter. Ni la météo, ils ont une app sur leur téléphone pour cela. Ni les comédies, les séries, les films ; ca, c’est Netflix. Mais ils continuent de regarder le sport à la TV ! »

 Mais même le sport reste 3 fois moins regardé par les jeunes que les 55 ans et plus.

 sport

Sur le sujet de Netflix en France sur lequel Duncan Stewart a été interrogé, il estime que la plateforme « n’a pas vraiment pris en France (même si on n’a pas encore les chiffres officiels), mais que Netflix n’a pas vraiment essayé non plus ! ». Il a rappelé que le service de SVOD a connu des départs relativement lents au Canada et en Grande Bretagne durant la première année et conseille d’attendre Marseilles, la série en cours de production par Netflix spécifiquement conçue pour le marché français, qui pourrait s’accompagner d’une stratégie de contenus plus élaborée pour l’Hexagone.

2Vidéos courtes : un futur, et non le futur

Quant aux vidéos courtes, « c’est un futur, mais pas le futur de la télévision » d’après Deloitte. Elles représenteront 3% des vidéos regardées cette année dans le monde, soit un marché de 5 milliards de dollars, à mettre en perspective avec les 400 milliards de dollars que représenteront les revenus tirés de la publicité et des abonnements TV. Deloitte prévoit que les vidéos longues rapportent 1000% plus de revenus sur la prochaine décennie.*

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3La génération Y mettra bien la main au porte monnaie

Souvent pointée du doigt pour sa fâcheuse tendance à pirater des contenus numériques, la génération Y, en Amérique du Nord du moins, devrait débourser cette année 62 milliards de dollars pour un accès aux technologies, aux médias et aux télécoms, soit en moyenne 750 dollars chacun.

Près de la moitié de ce budget ($360) est dédié à la télévision payante, via l’abonnement à des bouquets de chaînes. La musique vient en seconde position ($125), mais le téléchargement de musique dématérialisée n’est qu’une petite partie de ce budget, principalement réservé aux concerts. Viennent ensuite les jeux vidéo, films, livres, vidéo à la demande avec abonnement (SVoD), évènements sportifs en direct et journaux.

dépenses GY

 « Les jeunes sont prêts à payer pour une expérience qui les sort de leur quotidien numérique » a affirmé Duncan Stewart.

4 Livres : le papier restera le support préféré de tous

Dix ans après les premières liseuses, 80% des livres vendus seront imprimés. La grande particularité de cette industrie, c’est que contrairement à la musique ou aux films, les jeunes (18-34 ans) restent attachés au livre papier, lisent à peu près autant que les générations précédentes, et sont même prêts à payer !

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5Paiements mobiles : adoption généralisée

En 2015, les nombreuses exigences des institutions financières, des commerçants, des consommateurs et des fournisseurs d’équipements seront réunies pour une adoption généralisée des paiements via mobiles. Apple a d’ores et déjà lancé Apple Pay aux Etats-Unis et la tendance pourrait s'accélérer au cours de l’année.

« Les consommateurs ont déjà intégré l’utilisation des smartphones pour des opérations bancaires simples : consultation des comptes, virements etc. Ils étaient jusqu’ici encore peu nombreux à s’en servir comme moyen de paiement. Nous considérons que 2015 sera l’année du paiement mobile avec 10% des smartphones dans le monde qui serviront à régler des achats en magasin au moins une fois par mois », selon Duncan Stewart, ce qui équivaudrait à une augmentation de 1000% vs 2014.

paiements

6Smartphones : un marché de renouvellement

1,35 milliard de smartphones pourraient être vendus en 2015 dans le monde, ce qui constituerait une augmentation de 12% par rapport à 2014. Parmi ces ventes, plus de 1 milliard seront des renouvellements.

renouvellement phone

Notons par ailleurs que les phablets (mobiles dont la taille se situe entre le smartphone et la tablette) ont représenté 36% du marché en 2014 et que cette tendance a de fortes chances de perdurer.

7Haut Débit : les disparités se creusent

Le volume de connexions Internet haut débit dans le monde augmentera d’environ 2 % pour atteindre 715 millions de foyers en 2015. De même, la vitesse moyenne des connexions dans la plupart des pays augmentera de 15 à 20 %.

Cependant, la qualité des débits et les expériences clients seront loin d’être uniformes et les écarts vont encore se creuser : les foyers les plus favorisés pourront avoir une connexion jusqu’à 10 fois plus rapide que les autres.

 connectivité

Aux Etats-Unis, la FCC a modifié il y a quelques jours la définition du haut débit, le faisant passer de 4 Mégabits à 25 Mégabits par seconde. Selon Deloitte, de nouvelles technologies pourraient faire leur apparition : 2015 sera aussi l’année de l’innovation en matière de connectivité.

« La neutralité du net va être un sujet très important cette année encore, aux Etats-Unis et ailleurs » a déclaré enfin  Duncan Stewart.

8Internet des objets, imprimantes 3D et drones : d’abord pour les entreprises

Selon les prédictions de Deloitte, un milliard d’objets connectés supplémentaires devraient être achetés en 2015, un chiffre en augmentation de 60% par rapport à 2014. Le marché pourrait atteindre 10 milliards de dollars. Mais la manne ce trouve véritablement dans les services qui y seront associés, dont la valeur serait de 70 milliards ! Grâce à ces objets, les entreprises peuvent recevoir des informations en temps réel, anticiper les problèmes et concevoir les améliorations nécessaires ou désirées par les utilisateurs.

Ainsi, Deloitte estime que 60% des objets connectés seront achetés et utilisés par les entreprises et non par le grand public dont les bénéfices économiques liés à l’utilisation de ces produits ne dépassent pas plus de quelques centaines d’euros.

internet objet

Même chose pour les drones et les imprimantes 3D, souvent décevants pour le grand public à cause de leur coût et de leur fiabilité, mais dont les avantages et bénéfices potentiels séduisent les entreprises.

Près de 220 000 imprimantes 3D seront vendues dans le monde en 2015, pour une valeur de 1,6 milliard de dollars. 80 % de ce marché profitera aux entreprises. Selon Deloitte, une entreprise sur quatre dans les pays développés en sera équipée ou envisagera de le faire à la fin de l’année.

Quant aux drones, Deloitte prévoit la vente de 300 000 drones pour usage personnel dans le monde, ce qui porte le nombre de drones privés à 1 million au niveau mondial.

9Commerce : « cliquez, ramassez »

Il s’agit du service qui consiste à faire un achat sur internet et venir le chercher dans un point de vente. Les estimations de Deloitte chiffrent le nombre d’établissements proposant cette option à 500.000 en Europe, ce qui constituerait une augmentation de 20% sur 2014. Ce service, déjà relativement populaire sur le vieux continent devrait prendre de l’ampleur en Amérique du Nord.

10Pas une prédiction mais une résolution : davantage de femmes !

Le directeur de la recherche de Deloitte Canada a conclut sa présentation par un constat : le secteur des nouvelles technologies est un piètre exemple sur le sujet de l’intégration des femmes dans les conseils d’administration.

« On devrait être les premiers sur ce domaine ! » s’est indigné Duncan Stewart.

Selon une étude publiée par le Crédit Suisse, 41% des grandes entreprises technologiques n’ont aucune femme dans leurs CA. Une opportunité ratée selon lui de faire davantage de profits !

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