Google, Facebook, Twitter, Yahoo !….A un click l'un de l’autre sur le web, ces quatre géants jouissent d'identités virtuelles fortes, déployées mondialement auprès de leurs centaines de millions d’utilisateurs. Dans la vraie vie, éloignés de seulement quelques kilomètres dans la Silicon Valley, chacun laisse échapper des bouts d'image de cultures bien différentes.
En résumé, -- et au terme de visites de travail rapides, donc superficielles, réalisées la semaine dernière en Californie--, Twitter apparaît le plus décontracté (#cool), Facebook le plus austère (#lemoinssocial), Google le plus pro (#leplussecret), et Yahoo! ressemble tout simplement au dernier des vieux médias.
TWITTER (San Francisco)
Twitter, le plus petit, est urbain et installé au centre ville de San Francisco, dans plusieurs étages d’un immeuble beige sans âme.
Mais de Twitter se dégage une irrésistible décontraction!
L’accueil est enjoué, les espaces vastes, les bureaux paysagers, les espaces de travail séparés de cloisons de faible hauteur.
La cafétéria, agrémentée de divans et d’un piano, occupe une bonne partie de l’étage principal, et semble être le lieu naturel et permanent des échanges des Twittos professionnels.
Les livres, disponibles en libre service, donnent une indication de l’état d’esprit recherché :
FACEBOOK (Palo Alto)
J’avais imaginé le siège de Facebook, au centre d’un campus pétaradant d’insouciante vitalité juvénile, orné d’un grand F blanc sur fond bleu visible à des lieux. Patatras… Nous nous retrouvons devant un très austère immeuble anonyme, qui aurait pu abriter la Sécu est-allemande, planté au bord d’une route morne de banlieue, comme il en existe des milliers dans toute l’Amérique !
Un vrai bunker, et à l’intérieur, de vastes hangars peuplés de jeunes geeks en batterie dans l’open space ! L’ambiance semble curieusement un peu tendue. Et, le plus sérieusement du monde, nous discuterons implémentation du « Like Button » dans une sinistre cantine, rappelant les Flunch des années 80 !
Deux exemplaires de "Time Magazine" élisant quelques jours plus tôt Mark Zuckenberg, personnalité de l’année 2010, traînent bien sur une table basse à l’entrée, mais nulle part trace, ni sur les murs ni sur les visages, des performances inouïes réalisés par cette toute jeune entreprise, qui aspire par centaines les talents du concurrent Google. Comme si l’essentiel était ailleurs, invisible, impalpable, mystérieux, presque gazeux.
On nous dira bien que Zuckenberg travaille ici à l’un de ces bureaux, au milieu des autres développeurs. Mais, on se gardera de nous indiquer où exactement ! Et on nous priera poliment de quitter les lieux avant que le jeune patron ne s’adresse, comme chaque vendredi après-midi, à ses troupes depuis la fameuse cantine.
GOOGLE (Mountain View)
Ce prêche du vendredi par les dirigeants est aussi une tradition en vigueur chez Google. Mais ici, tout est plus pro et encore plus … secret! On nous accompagne d’ailleurs partout, même pour aller jusqu’aux toilettes !
Et surtout, tout est Google, donc énorme, riche, coloré ! A l’image des centaines de vélos en libre service qui emmènent les 3.500 geeks d’un bout à l’autre du campus de Mountain View. Le « Googler » est bien soigné : aucun d’entre eux ne doit se trouver à plus de 45 mètres d’un ravitaillement gratuit (nourriture et boissons)! Il dispose d’une salle de Gym (« G-Fit »), de piscines à courants, d’un terrain de beach volley, de points de dépôts de son linge sale, de laveries automatiques, d’un docteur, d’un camion de coiffure itinérant, de fauteuils de massage, et des fameux babyfoots et autres flippers.
«C’est simple, résume un patron d’une société high tech de San José : Google a plus d’argent que Dieu ! ».
Mais gare au syndrome du dinosaure! Il rode pour rappeler aux Googlers que tout disparaît !
YAHOO ! (Sunny Vale)
Ce qui frappe, chez Yahoo! --comme chez Google d’ailleurs--, c’est la très forte présence de jeunes employés d’origine asiatique, chinoise et du sous-continent indien. « Parfois, dans les réunions, je me retrouve le seul Américain né aux Etats-Unis », raconte un responsable témoignant du fort brassage des cultures et des talents.
Ce qui frappe aussi, c’est le côté bon enfant et rassurant d’un campus, installé dans une zone d’affaires, et qui ressemble fort à celui d’une belle université ! « Tout est fait pour rendre les ingénieurs heureux ».
Mais ici, les vieux réflexes ont la vie dure ! La lumineuse cafétéria reste payante et les employés travaillent toujours dans des « cubicles », ces espaces individuels séparés de cloisons à hauteur d’homme. Comme si Yahoo !, qui exploite sa propre boutique de souvenirs à l'ancienne, et qui est le seul des quatre à disposer d’une rédaction, restait encore bien ancré dans le vieux monde.
Une idée, en tous cas, à retenir : celle des points de dépannage technique ouverts et facile d'accès sur les lieux de passage dans l'entreprise (vus chez Google et Facebook), où chacun peut s’arrêter, demander un conseil, ou se faire dépanner ou rebooter rapidement son ordi !