7 ans de longue marche et un reportage du guerre open source

 

Deux exemples inspirants de nouvelles formes de journalisme, l'un lent, l'autre enrichi :

1 Journalisme de la lenteur 

"Comment faire son sac quand on part en reportage pour 7 ans pour un périple de 35.000 km ?"se demande  cette semaine le NiemanLab.

C'est bien le pari du journaliste américain Paul Salopek, qui entend aller, notamment pour le compte de National Geographic, d'Ethiopie en Patagonie pour comprendre et montrer comme l'homme a quitté l'Afrique il y a plus de 50.000 ans ! Ce double prix Pulitzer partira début 2013 du berceau connu de l'humanité en Ethiopie vers le Levant, l'Asie centrale, la Chine, la Sibérie avant de rejoindre l'Alaska par mer et redescendre les Amériques. A pied. Pendant 7 années.

Son projet "Out of Eden" permettra au lecteur, dit-il, de ralentir et de prendre le temps de chercher la signification de notre actualité internationale par le prisme de son lent pèlerinage. "Salopek mettra ainsi en perspective les événements du jour au rythme de 5 km / heure sous forme de textes, photos, vidéos et sons (....) et invite son audience mondiale à marcher et réfléchir avec lui", explique son blog.

Ce reporter aguerri, emprisonné en 2006 au Soudan pour ses reportages au Darfour, emportera pour communiquer environ 10 kg de matériel : un laptop super léger, un téléphone cellulaire, un autre satellitaire, un GPS, une caméra vidéo Sony, une caméra GoPro, et peut être un petit magnétophone.

Tous les 100 miles, il réalisera systématiquement différentes captations multimédias de son environnement.

Il enverra aussi ses carnets de notes au fur et à mesure de son voyage. Les 2 premières années, ses articles, au format forcément long, seront publiés dans National Geographic et sur son site. Cette expérience de nouvelle forme narrative de journalisme est aussi financée par la Fondation Pulitzer de reportage en zone de crise.

Il travaillera aussi, précise Ethan Zuckerman, avec Global Voices et le Center for Civic Media pour tenter d'entrer en résonance et en conversation avec les blogueurs locaux. De temps en temps, il s'arrêtera quelques mois dans des oasis, où sa femme l'aura attendu.

2 Journalisme enrichi 

Lara Setrakian, correspondante à l'étranger, a décidé de couvrir le conflit syrien non pas en envoyant ses articles aux médias traditionnels mais en ouvrant cette semaine sa propre plateforme dédiée à son sujet, Syria Deeply, où elle agrège ses propres reportages (25% du site) et des contenus extérieurs qu'elle juge pertinents (75%), raconte Fast Company. Comme un tableau de bord des infos disponibles. 

 


Ayant couvert le conflit ces dernières années pour l'agence Bloombgerg et ABC News, Lara Setrakian a jugé qu'elle ne pouvait plus continuer le faire en envoyant ses témoignages  de manière irrégulière et éparpillée. Diplômée d'Harvard et ancienne analyste McKinsey, elle explique qu'elle a voulu créer un lieu de mise en perspective et de synthèse de l'histoire en train de s'écrire.

Elle s'est fait aider de la plateforme Ushaidi qui fournit des outils numériques pour les situations de crise, mais aussi de SoundCloud pour l'audio, de Google Hangout pour la vidéo, de MediaCause pour le SEO, et de Prezi pour les présentations. Son financement devrait passer par la plateforme de crowd funding Indiegogo mais aussi par la place de marché d'infos TransTerra Media.

"C'est de la R&D open source"en journalisme, a-t-elle expliqué au Huffington Post, assurant qu'elle était aussi en avance de 48 heures sur les grands médias traditionnels sur les principales infos grâce à son réseau de sources sur les médias sociaux.

Belles tentatives de journalisme de qualité aux formes narratives innovantes, non?