Pas de celui des journaux. Non, le modèle du café parisien !
Voici donc enfin percé le secret du succès Buzzfeed, le site d’infos du moment avec ses 40 millions de visiteurs uniques.
Le sérieux et le social.
Car, vu par un Américain, même jeune, dans un café parisien le client lit Sartre en caressant le chien du voisin de table !
« Regardez Facebook ou Twitter : c’est comme dans un café parisien, il y a des choses très sérieuses qui cohabitent avec d’autres qui le sont moins, mais qui touchent les gens et qu’ils partagent. C’est pour cela que nous aimons ça ! ».
En souriant, le patron-fondateur de Buzzfeed, Jonah Peretti, a partagé mardi avec les festivaliers de South by Southwest, ses convictions de réussite pour les nouveaux médias, tant pour les contenus que pour la publicité. Elle passe, selon lui, par un seul critère : publier des contenus que les gens auront envie de partager.
Ce qui signifie aussi passer autant de temps et d'attention à la création/production des contenus qu'à la stratégie de leur propagation.
Pour Peretti, l’évolution de l’info en ligne est limpide : elle est passée du portail (contenus traditionnels poussés vers le public), au search (Google connecte le public à l’info qu’il cherche), avant d'arriver aujourd’hui au partage, souvent en mobilité (Facebook et Twitter connectent les gens entre eux)
La cible? Le réseau des gens qui s’emm… au bureau !
Vite complété par ceux qui s'ennuient ailleurs (files d'attente, transports...)
Buzzfeed se voit comme un « éditeur social », dont le public est formé d’abord des gens qui s’ennuient au bureau ! Ceux qui veulent partager des contenus amusants, touchants, humains, mais qui entendent aussi être bien informés.
Pour renforcer sa crédibilité, le site créé en 2006 par cet ancien du MIT Medialab (également co-fondateur du Huffington Post), a embauché des signatures respectées (comme ben Smith, son rédacteur en chef, ex Politico et Wall Street Journal) qui lui ont rapidement assuré des scoops importants, notamment dans la dernière campagne présidentielle. Mais pas dans un état d'esprit de sérieux pontifiant !
En outre, la qualité ne suffit pas. Ce qui est important aujourd’hui, martèle-t-il, c’est d'être partagé.
La pub aussi !
Ce qui est valable pour les contenus éditoriaux, est en train de le devenir pour la publicité.
La "pub sociale" remplace sur Buzzfeed les bannières. Normalement bien identifiée -- Peretti assure que la muraille entre éditorial et business est aussi étanche qu’ailleurs--. La pub s’intègre d’ailleurs aux contenus (un peu trop disent les détracteurs), doit parler le langage du web et être conçue pour vraiment intéresser les lecteurs, et donc au bout du compte être aussi partagée.
D'où les campagnes virales de grandes marques qui ont joué le jeu.
« Le social n’est pas un truc ». Il doit être au centre de la proposition éditoriale, au coeur du contrat de lecture.
Pour favoriser le partage, comment penser social ?
- Ayez du cœur ! Parlez à l’intelligence émotionnelle des gens, aussi importante que l’autre.
- Liez les contenus à l’identité des gens, leur parler d’eux-mêmes.
- Saisissez le bon moment !
- Aimez les animaux mignons !
- Ayez de l’humour !
- Jouez la nostalgie !
- Soyez sensibles aux droits de l’homme (guettez les injustices)
- Visez la nouveauté et la surprise (personne ne peut prédique ce qui sera viral)
- Ne publiez pas des choses que les gens auront honte de partager.
De son côté, le site accélère et multiplie la création de verticaux ou déclinaisons thématiques:
L’avenir de Buzzfeed ?
« Maintenant que les outils sont en place (Facebook, Twitter, Pinterest, …), nous allons pouvoir vraiment croître avec des contenus d’informations et de divertissements faits par les professionnels ».
Enfin, Peretti revendique son inspiration française. Même dans le privé. Son chien porte un béret et une marinière !