Oui, évidemment ! Et c’est tout le pari d’une trentaine d’institutions – dont France Télévisions-- qui, réunies depuis quelques jours dans un collectif, sont convaincus de l’urgence d’agir vite pour accélérer l’acculturation des Français à la révolution numérique, toujours mal comprise, pour leur montrer comment en profiter et surtout pour favoriser l’éclosion d’une génération qui créera les prochaines étapes d’Internet !
Réunies à l’initiative de la CNIL, elles vont monter en quelques semaines un dossier qui sera remis cet automne au gouvernement.
De nombreuses raisons de tirer la sonnette d’alarme
- D’abord le sentiment partagé que nos concitoyens ne comprennent pas vraiment la mutation en cours, qui constitue un basculement de paradigme productif et sociétal aussi important que la révolution industrielle ou l’invention de l’imprimerie. Les Français consomment beaucoup de numérique (terminaux et contenus) mais ne savent pas ce qu’il y a derrière leurs écrans. Cette faible prise de conscience de l’intensité et de la vitesse du tsunami est d’ailleurs bien partagée du haut en bas de la société, des citoyens aux dirigeants économiques et politiques.
- L’impression aussi que le pays, en retard sur de nombreux voisins, n’est aujourd’hui pas capable d’être un vrai acteur de ce virage numérique, de mobiliser ses nombreux potentiels.
- Le risque collectif d’un découplage de valeurs entre les mondes physiques et virtuels, alors qu’il n’y a qu’une seule réalité.
- Le danger d’un accroissement d’une fracture numérique dans la société et de l’émergence d’une catégorie élitiste et princière de nouveaux sachants (les développeurs qui maîtrisent le code).
Le numérique reste dangereusement absent de notre culture générale
Aujourd’hui, il est ignoré de la maternelle à l’ENA.
« L’Ecole Polytechnique est aussi un des grands organisateurs de l’illétrisme numérique », estime un des anciens profs de l’X, aujourd’hui chercheur à l’INRIA. A la fin de l’école, un diplômé n’aura eu que 35 heures de cours d’informatique ! « La conférence des grandes écoles est aussi fautive ! ». Les classes préparatoires scientifiques n’en proposent que 2 heures en 1ère année et une heure en seconde année !
La quasi totalité des professeurs de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur ne sont pas formés ; les familles dépassées, souvent inquiètes et désarmées, alors que le développement des savoirs, consubstantiel à cette révolution, sera vite à l’origine de l’essentiel de la croissance économique et de l’emploi de la société.
« Les membres du collectif considèrent donc unanimement qu’il y a urgence à diffuser une culture du numérique et de former les différents publics, à tous les âges de la vie, pour permettre à chaque individu :
- d’être un acteur du numérique informé et responsable
- d’exercer de manière effective ses droits et devoirs dans cet univers
Pour tous, cette nouvelle ère constitue en effet une révolution, porteuse de développement individuel et collectif et de croissance. Elle implique que chacun devienne un véritable « citoyen numérique ».
Dans ce contexte, il faut à la fois changer d’échelle dans les actions pédagogiques menées, et agir collectivement, car ce sujet relève d’une responsabilité partagée entre tous les acteurs. »
Pourquoi une « grande cause nationale » qui concerne en général un fléau ?
Parce que l’inaction sera un fléau !
Pourquoi un collectif ?
Parce qu’il s’agit d’une responsabilité partagée des secteurs publics, privés, des écoles, universités et associations, déjà investis dans ce domaine et qui vont travailler ensemble jusqu’à la fin de l’année pour monter cette initiative.
Pourquoi France Télévisions ?
Au service du public, France Télévisions est l’institution, le média, qui parle le plus au quotidien aux Français. Déjà en pointe pour ses Actions Educatives, elle doit avoir vite un rôle important dans cette cause nationale d’éducation et transmission de savoirs.
Comme les autres médias, France Télévisions n’échappe pas aux défis de cette mutation numérique. Mais elle a décidé de s’ouvrir avec détermination aux nouveaux usages pour mieux répondre aux attentes du public dans sa quête d’information, de culture et de divertissement.
Dans un environnement en perpétuel changement, nous n’avons pas de recette miracle, ni de programmes clés-en-main aujourd’hui, mais nous sommes prêts à nous engager dans une vraie démarche volontariste qui vise, à moyen et long terme, non seulement à concourir à accroître la culture numérique des Français (via ses différents programmes, sur les antennes et en ligne), mais aussi à leur permettre de devenir les coproducteurs de la télévision de demain. Car l’image devient progressivement un outil utilitaire entre les mains d’un nombre croissant de citoyens qui publieront tout au long de leur vie.
C’est bien cette mission d’éditeur, et non plus seulement de diffuseur, qui est au cœur de la stratégie de France Télévisions pour les années qui viennent.
Cette démarche n’a qu’un but : contribuer à décrypter et rendre plus proche la nouvelle aventure humaine de notre époque et les aider à en profiter. Avec l’aide de tous !