Pour rester jeune National Geographic a besoin des amateurs

Kabul baloons Photograph by Allen Rooke

Comment, dans une période aussi tumultueuse pour les vieux médias, une institution de 125 ans, aussi prestigieuse que le magazine National Geographic, peut-elle rester pertinente ?

"C'est assez rare, de nos jours, de voir des piles de National Geographic entassées chez des jeunes de moins de 30 ans. Ou alors c'est qu'ils vivent chez leurs parents ! ", résume lucidement vendredi Keith Jenkins, directeur de la photographie, lors de la conférence de l'Online News Association à Atlanta.

Le mensuel américain a donc décidé il y a quelques mois de relancer massivement son recours aux photos du public "afin de construire une communauté pour assurer le futur de National Geographic". Une grande campagne de marketing vient donc de promouvoir une plate-forme de partage de photos, baptisée "Your Shot"avec de premiers résultats impressionnants après quelques semaines:

  • 300.000 membres au rythme actuel de 5.000 nouveaux par semaine (de 196 pays)
  • 1,5 million de photos postées, au rythme de 10 à 12.000 par jour ! 
  • temps passé sur le site de 9 minutes en moyenne
  • 33.000 commentaires par semaine
  • 70% des photographes ont moins de 40 ans, 30% moins de 30 ans.

NG

Un mini desk de deux éditeurs professionnels de National Geographic (2 personnes) assigne même des missions spécifiques à la communauté. En octobre, il s'agit pour elle de montrer "comment le monde change". Plus de 20.000 propositions ont été envoyées. Une sélection sera montée en ligne sur le site du magazine mais aussi dans la prochaine version papier. Les photographes amateurs gardent la propriété de leurs clichés. Ils peuvent même les vendre : le magazine met en relation les deux parties sans prendre de commission.  

 Le succès est tel que "nous devrions rentrer dans nos frais dans les deux prochains mois grâce à la publicité", assure Keith Jenkins.

Interrogé sur l'avenir du photo-journalisme, le patron de la photo du magazine a admis que "l'époque des photographes employés à plein temps dans une entreprise était quasiment révolue". National Geographic comptait encore 25 photographes il y a 15 ans. Aujourd'hui, le magazine fait appel à des centaines de "free lancers" et n'emploie que 2 photographes de studio.

"Il est difficile de vivre aujourd'hui de la photo sans avoir une autre compétence comme le son ou la vidéo".  

"Aucun article du magazine n'est d'ailleurs désormais envisagé sans vidéo. Elle fait partie intégrante de nos formes narratives", a ajouté Sarah Leen, rédactrice en chef photo de National Geographic.

Mais pour traiter 12.000 photos par jour il faudra certainement ajouter des ressources supplémentaires, reconnait-elle.

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