Je l’ai vérifié cette semaine sur place : même les légendaires cafés de Vienne, où la lecture de journaux, seul au milieu des autres, est resté deux siècles durant, un symbole de l’art de vivre, sont passés aux écrans !
Dans les plus fameux d’entre eux – du Café Central au Sperl, en passant par le Prückel ou le Diglas, les longues tiges de bois où sont toujours accrochés les quotidiens, mis à disposition à foison pour les clients, demeurent le plus souvent rangées à leur place, quasi-intacts. De temps en temps un client se lève encore pour en prendre un, mais le geste est rare.
Car tous ces cafés proposent désormais le même service wi-fi gratuit dans toute la ville.
Et les habitués comme les touristes n'hésitent pas à sortir leurs smart phones, tablettes ou laptops. (Dans la photo ci-dessous, au moins cinq smart phones sont utilisés!)
Le coeur de la vieille ville historique des Habsburg n’est bien sûr pas un repère de hipsters ou de geeks ! Et ces véritables institutions que sont les Koffeehaus, où cohabitent désormais imprimés et écrans, attirent encore bien davantage que les nombreux Starbucks. Fort heureusement aussi, les écrans de télévision des chaînes sportives ou d'infos en continu sont absents !
Depuis 2011, les cafés viennois, « où le temps et l’espace sont consommés, alors que seul le café se trouve sur l’addition », sont d’ailleurs inscrits dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Mais ici comme ailleurs « le mouvement rapide de notre temps* » s’est imposé.
A tort ou à raison.
* « Le monde d’hier » (Stefan Zweig)