TV : les streamers recomposent les bouquets d’offres

La disprution de la TV a vraiment commencé! ChromeCast aujourd’hui lancé en Europe, bientôt Roku, Amazon, voire Apple ou les clés chinoises : les nouveaux dispositifs sous forme de clés de streaming sont en train de recomposer, via Internet, de nouveaux bouquets d’offres alternatives de télévision.

Chaque clé (de la taille d’une clé USB) aura ses contenus, ses partenaires, ses propres productions et probablement bientôt ses propres achats de droits, composant ainsi de nouveaux « bundles » de contenus vidéos multiples, venant du web et des médias historiques, gratuits et payants (VoD, SVoD), avec un « reach » souvent mondial.

Ces passerelles multimédia à bas prix, nouveaux intermédiaires clés de la chaîne de valeur, banalisent le téléviseur, qui devient un écran comme un autre. Simplement plus grand pour mieux accueillir les vidéos en ligne, secteur qui connaît aujourd’hui la plus forte croissance d’Internet. 

Fort de son succès américain depuis l’été dernier, Google a donc lancé dans 10 pays européens, dont la France, Chromecast, petit appareil permettant de diffuser très facilement sur n’importe quel téléviseur HD des vidéos et de la musique en ligne au prix de 35 €. Les contenus sélectionnés du web (YouTube et ses réseaux multi chaînes en tête ou Netflix quand il est disponible) arrivent via le téléphone, la tablettes ou l’ordinateur qui « castent » vers le téléviseur, à la "Airplay" et deviennent la télécommande. 

Aux Etats-Unis, les streamers ou sticks de streaming sont pour l’instant bien plus nombreux que les téléviseurs connectés, souvent mal compris par le public. Ils ont permis d'amorcer enfin la pompe de la TV connectée, de démocratiser son usage, grâce à un bout de "hard" pas cher, ont déjà entraîné une forte progression de la consommation de vidéos en ligne et réinventent l'expérience et l'écosystème du second écran. Google dit avoir vendu en quelques mois des millions de Chromecast (35$ pièce), vite devenu le premier appareil high tech acheté sur Amazon.

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Roku vient d’annoncer également le lancement en avril sur le marché nord-américain et britannique, d’une clé de streaming (vendu avec une télécommande à 50 $) embarquant  une offre de contenus encore plus riche : les 1.200 partenaires et chaînes déjà présents sur ses box (Netflix, Hulu+, Fox, Showtime, Pandora, PBS, HBO Go, ESPN, NASA, Disney, National Geographic…). Très présent la semaine dernière au festival South by Southwest, Roku, qui ajoute chaque mois 90 nouvelles chaînes à son offre, nous a indiqué souhaiter venir également rapidement en Europe continentale.

Amazon serait aussi, selon TechCrunch et GigaOm, sur le point de lancer sa propre clé HDMI, similaire à Chromecast, avec la particularité d’embarquer des jeux vidéos pour PC pour concurrencer les consoles, jusqu’ici passerelles privilégiées entre le web et le téléviseur (Xbox…).

L’offre d’Apple TV, pour l’instant plus chère (99$), semble aussi appelée à se localiser vers de nouveaux partenaires.  Sans disposer de hardware, les autres grands agrégateurs sont bien présents : AOL (qui emmene AP, le NYTimes, CBS News, Real …), Hulu (avec les programmes des grands networks US), MSN, Yahoo, chacun donc avec ses offres et ses partenaires.

En janvier, 200 millions d’Américains ont regardé de la vidéo en ligne, dont la moitié chaque jour, selon Roku qui assure que la consommation de vidéo en ligne sur ses box a doublé en 2013 aux USA.

En ligne, le "reach" des géants de la vidéo est bien plus important que celui des médias traditionnels: 170 millions environ d'Américains pour YouTube, 167 millions pour AOL, et seulement 35 millions pour CBS, ou même 7 millions pour ABC ou Fox, selon Roku.

Reach : Youtube = 170 millions de personnes aux US, 1OL 167 millions contre 35 millions pour CBS, 7 millions pour ABC en ligne ou Hulu 18 millions.

« Roku, Chromecast, et autres Xbox sont devenus énormes et vont aller vers les droits sportifs (…) Un matin vous vous réveillerez et vous entendrez à la radio qu’un des géants du web vient de racheter les droits de la NFL ! », prédit Ran Harnevo, président d’AOL Video. « Nous parlons bien de nouveaux bouquets alternatifs (…) où le consommateur profitera d’une expérience plus facile et de contenus qu’il n’a encore jamais vu».

AOL s’attend aussi à voir se développer des mini-offres de SVoD (vidéo à la demande par abonnement mensuel à la Netflix) sur des contenus de niches (enfants, science-fiction, sports, cuisine, …) pour moins de 4 $ / mois. YouTube serait de son côté en train de travailler sur une offre de vidéos pour les moins de 10 ans.

En France, l’offre de Chromecast comportera notamment au lancement FranceTV Pluzz et prochainement canalplay. Et tout porte à croire que si Netflix arrive en France cette année, il sera aussi présent dans le bouquet, comme dans les autres pays.

« La télévision constitue désormais la plus grande opportunité pour les créateurs de contenus », a affirmé la semaine dernière à Austin, Scott Rosenberg, VP développement de Roku.

Dana Brunetti

Dana Brunetti

« C’est une époque formidable pour les producteurs », a renchéri Dana Brunetti, producteur exécutif de la série House of Cards sur Netflix mais aussi de nombreux films (The Social Network, Captain Phillips…). « La télévision telle que nous la connaissons aujourd’hui est morte. C’est une nouvelle télé qui s’invente avec de nouveaux acteurs comme Netflix, Amazon, Hulu, d’autres, voire même Facebook qui peut y entrer (…) Il y aura donc beaucoup de bruit ! ».      

D’ici deux ou trois ans, via ces clés ou directement, la plupart des téléviseurs seront donc connectés. Un nouveau monde de contenus ! Restera à les trouver !