(billet réactualisé après le report du deadline officiel)
Submergée par les protestations du public, la FCC, l'administration américaine des communications, a été contrainte mardi soir de reporter son deadline pour les échanges avec le public. Ses serveurs ont crashé. Plus d'un million de demandes l'exhorte à garder l'Internet ouvert et à préserver sa neutralité contre un web à deux vitesses que cherchent à imposer les FAI.
Le Wall Street Journal, garant pointilleux des intérêts des milieux d'affaires, a reconnu lui-même cette semaine "le contrecoup", admettant que le public américain est en fait très soucieux de garder ouvert et libre son Internet. Les collectivités locales américaines tentent aussi de faire entendre leur indépendance au risque de fâcher les autorités fédérales.
La bande passante est un bien public
Ces dernières heures les prises de position contre la discrimination souhaitée par les FAI dans le trafic du web se sont multipliées:
Y Combinator, le plus gros VC de la Silicon Valley, supplie qu'un "environnement équitable soit préservé pour continuer à innover, créer de la valeur et des emplois". Il demande même que "la bande passante d'Internet soit re-classifiée en bien public".
La thèse d'Internet à considérer comme un bien public est d'ailleurs défendue désormais par plusieurs sénateurs démocrates, comme l'indique le Washington Post.
Le patron d'Etsy estime, de son côté, que la vaste communauté mondiale d'artisans qu'il a contribué à créer n'aurait pas pu prospérer avec les projets actuels de la FCC.
La plus grande organisation mondiale de journalisme en ligne, l'ONA, s'est aussi déclarée vivement opposée à un web à deux vitesses, menace pour la liberté d'expression et d'information.
Jeff Jarvis, professeur de journalisme entrepreneurial à l'Université CUNY à New York, explique bien comment les étudiants et journalistes qui voudront créer leur média -- oui, aujourd'hui c'est possible! -- n'auront en revanche pas les moyens de payer les voies rapides aux nouveaux péages des FAI pour avoir accès à leurs lecteurs.
La bataille de l'Internet
Le site de la bataille de l'Internet met en scène les acteurs. Et ne ratez surtout pas cette vidéo pédagogique et drôle de CollegeHumor Media (15 millions de v.u. pour ce site créé en 1999) expliquant, à sa manière, l'importance de l'enjeu :
Une première fenêtre de 60 jours d'échanges avec le public américain se ferme donc ce soir. Une autre de même durée s'ouvre bientôt !
Le combat continue ! Y compris en France ! Il y va de nos libertés publiques fondamentales. Rien que ça !
Pourquoi la presse française ne s'en saisit-elle pas davantage ? Il y va aussi de son propre avenir, non ?