Profiter du numérique : outils éditoriaux pratiques et tutoriels

Par Mathias Virilli, France Télévisions, Direction de la Prospective
 
La 1ère édition du "SpeedTraining" de notre partenaire Ouest Médialab* s'est tenue il y a quelques jours à Nantes où des professionnels de l'information et de la communication ont partagé leurs bonnes pratiques des médias numériques, à travers 30 tutoriels et démos de 30 minutes.
   Au menu : réseaux sociaux, outils "low cost" pour diffuser en direct et en mobilité, outils interactifs (cartes, timelines, images, présentations), data-visualisation, récit transmédia, newsgames, etc.
A retrouver sur la chaîne Youtube de Méta-Media.
 
Extraits :
Tourner et monter en mobilité
Denis Vannier, journaliste reporter d’images et webmaster à Télénantes, explique comment tourner et monter des vidéos à l'aide d'un smartphone ou d'une tablette, des appareils tout à fait capables de diffuser avec une qualité convenable, à condition de s'équiper d'accessoires et d'applications. L'intérêt des appareils mobiles repose dans la capacité de les mettre en ligne directement, ce qui reste impossible à ce jour avec une caméra professionnelle. Netteté, exposition, gestion du son... Denis Vannier passe en revue les différents obstacles rencontrés et explique comment y remédier.
Mêler info et divertissement
Designer d’interaction, Bastien Kerspern fait partie de l'équipe de Casus Ludi, concepteur d'expériences interactives et ludiques. Il nous parle de newsgame, ces jeux vidéo qui traitent de sujets d'actualité, souvent chauds ou controversés. Le newsgame est une mise en situation complémentaire d'un traitement journalistique traditionnel.
S'il est proche par sa forme du serious game, il s'en différencie cependant à cause du principe de rhétorique procédurale : ce sont les choix de l'utilisateur qui vont lui permettre de comprendre les mécanismes à l'oeuvre, par exemple en nous plaçant dans la peau d'un pirate somalien. C'est également un fort levier d'engagement parce qu'il permet d'apprendre en s'amusant, sur des thématiques parfois graves, telle que la guerre en Syrie. D'où l'importance de choisir un ton adapté, qu'il soit éditorial ou d'investigation.
Dans une deuxième intervention, Bastien Kerspern explique comment utiliser les nouvelles formes et sources d'information que sont devenus les LOL, mèmes et détournements Internet.
Miser sur une narration transmédia
Benjamin Hoguet, animateur de Storycode Paris et co-fondateur de l'éditeur de logiciel Djehouti, proposait une introduction au transmedia storytelling, ou comment "raconter des histoires sur plusieurs plateformes" (Tim Kring). Sorte de "R&D dans la production de contenus" (Pierre Catan), le storytelling transmedia répond au problème d'éclatement des audiences en immergeant l'utilisateur dans un univers cohérent et interactif. Parce qu'il est expérimental, le storytelling transmedia peut prendre des formes diverses, investir de nouveaux espaces (numériques ou physiques) et ainsi combiner les médias de la manière la plus adaptée en fonction du contenu proposé.
A titre d'exemple, Type Rider est à la fois un jeu vidéo sur mobile et une exposition interactive à propos de la typographie ; Media Entity est un BD papier et en ligne, un ARG (alternative reality game), un projet de websérie ; tandis que Life in a Day est un film produit par Ridley Scott à partir d'un appel à contribution auprès des Youtubers. Tout l'enjeu est de concevoir un univers dans lequel le contenu va se décliner et qui valorise l'expérience de l'utilisateur. Cela implique une nouvelle forme d'écriture, plus collaborative et pluri-dimensionnelle, qui appelle donc une redéfinition du métier de storyteller.
Benjamin Hoguet présentait dans une deuxième session Racontr, une plateforme HTML 5 globale pour les créateurs interactifs qui permet de créer des webdocs ou des récits transmedia.
 Optimiser son usage des réseaux sociaux
Cyrille Frank, ancien journaliste, actuellement consultant et formateur médias, donnait ses conseils pour bien animer sa page Facebook. A commencer par les nouveautés de l'algorithme Facebook, qui réduit désormais le clickbait (les contenus "pousse-au-clic" type BuzzFeed), met en avant des liens simples (ce qui signifie potentiellement la fin des raccourcisseurs de liens type Bit.ly), et prend en compte de la résolution des photos (au moins 1200x630px).
Cyrille Frank livre aussi des règles d'écriture efficaces en partant d'un constat simple : Facebook doit servir à générer du trafic vers son propre site. Des posts courts et incisifs doivent mettre en valeur de l'information forte, mais ne pas tout dévoiler (teasing). De la même manière, il faut soigner ses visuels sans toutefois mettre toutes ses photos sur Facebook, sauf si c'est pour jouer l'interaction et le vote. Facebook doit également permettre de créer un lien privilégié avec ses lecteurs, en adoptant un ton décontracté, complice, parfois léger et surtout personnalisé ; mais aussi en leur proposant des services (bonus, promos, avantages, exclusivités) qui apportent au lecteur un bénéfice.
Enfin, ne pas oublier de mettre l'accent sur l'interactivité afin de booster l'engagement à travers des sondages, des jeux,  et du crowd-sourcing.
Une autre présentation était notamment proposée sur la création et l'animation d'une communauté Google +, animée par Cédric Motte. Ce journaliste web indépendant et formateur est à l'origine de la communauté Google "journalistes qui tâtent peu des outils modernes" qui regroupe plus de 2.000 professionnels.
Des outils interactifs et visuels
De nombreuses formations introduisaient des outils visant à faciliter son travail au quotidien ou à production des contenus interactifs : Mapbox ou Carto DB pour les cartes, Timeline JS pour les frises chronologiques, ou encore ThingLink pour les images. A noter aussi la présentation sur les outils de datavisualisation Infogram et Datawrapper, par Julien Kostrèche, co-directeur de Ouest Médialab.
Près de 350 professionnels ont participé à cette première édition, avec des intervenants locaux issus des médias ou du numérique ou des experts venus de Rennes, Paris ou Marseille.
*Co-financé par la Région Pays de la Loire et Nantes Métropole, Ouest Médialab est le premier cluster et labo numérique des médias. France Télévisions est un de ses partenaires.