Deux « barbares », deux attitudes ! Après avoir posé de la fibre un peu partout aux Etats-Unis (et récemment en Afrique) au nez et à la barbe des telcos, Google est venu confirmer lundi à Barcelone qu’il entendait aussi devenir un opérateur mobile. Dans la même salle, Facebook, un des « autres passagers clandestins » des tuyaux, a préféré faire du zèle en montrant comment il aidait concrètement les opérateurs à gagner de nouveaux marchés dans les zones reculées de la planète. Les telcos tordent le nez.
Google opérateur mobile
L'indien Sundar Pichai, le big boss des produits Google à plus d'un milliard d'utilisateurs (search, mobile, Android, Chrome, ...) est donc venu au Congrès annuel Mondial des Mobiles prévenir : "toute l'innovation se fait aujourd'hui à l'intersection du hardware, du software et de la connectivité". Donc Google doit être présent dans les trois !
De la même façon que Google développe sa propre gamme de terminaux mobiles sous la marque Nexus (en plus des milliards d'OS Android vendus chez Samsung et cie), le géant de Mountain View entend devenir aussi un opérateur de réseau mobile virtuel (MVMO) aux USA. "Mais à petite échelle et avec modération, comme pour Nexus". Pas sûr que les telcos US et autres soient rassurés !
Et martelant les chiffres records d'Android (forcément en milliards), Pichai a enfoncé le clou en confirmant aussi que Google allait aussi faire du paiement via cette brique logicielle et l'ouvrir aux développeurs. Il a aussi fait un point sur les progrès réguliers des ballons stratosphériques (Loons) de Google qui permettent une connectivité dans les zones peu habitées. "Ils sont désormais capables de rester 6 mois en l'air et offrir une connexion LTE" ! Avant d'évoquer le lancement prochain d'une flotte de drones à énergie solaire ayant la même fonction de connectivité.
En passant, Pichai a indiqué que Google Translate était déjà sollicité un milliard de fois chaque jour et que 500 millions de personnes l'utilisaient chaque mois !
Facebook veut connecter chaque individu sur terre
Avec le même t-shirt que l'an dernier, Marck Zuckerberg est venu assurer qu'il entendait "aider les opérateurs -- qui font le gros du travail -- à croître plus vite". "Nous savons que les investissements d'infrastructures se chiffrent en milliards de dollars. Nous voulons donc être un bon partenaire et aider". Avec son initiative de partenariat mondial Internet.org, lancée il y a un an, Facebook entend proposer Internet aux deux tiers de la planète qui n'y pas accès. Quatre pays africains, l'Inde et la Colombie en ont jusqu'ici profité. Facebook, souvent la 3ème fonction recherchée sur un téléphone, après la voix et la messagerie, est un point d'entrée idéal à l'Internet. Surtout s'il est proposé gratuitement par les opérateurs.
Les opérateurs, qui ont participé à l'opération et touchent des marchés jusqu'ici inaccessibles, restent méfiants.
"C'est vrai, la bête est devenue plus humaine", Christian De Faria, pdg d'Airtel Africa en décrivant les initiatives de Facebook. "Mais nous le surveillons comme le lait sur le feu. Ce n'est pas encore un partenaire, ni une lune de miel. Mais un modèle encourageant."
Le sud-américain Mario Zanotti de l'opérateur Millicom s'est toutefois félicité de la coopération avec Facebook qui a permis de démultiplier la vente de données en Colombie ou en Tanzanie, mais Jon Frederik Baksaas, pdg du norvégien Telenor, estime que "ça irait plus vite avec des smart phones à 25/40 $".