Par Emilie Balla, France Télévisions, Direction de la prospective
Tout juste sortis de drames nationaux propices aux rassemblements citoyens et à un renouveau de fraternité, les démonstrations de haine et les cyberviolences restent très présentes sur internet. Les 10 000 signalements recensés en moyenne par an, ne sont que la partie émergée de l’iceberg, car un tiers des victimes n’oseraient pas en parler. Pour faire face à ce problème, l’association à but non lucratif Respect Zone s’est posée comme le rempart au harcèlement et insultes en tout genre sur la toile. C’est dans ce sens qu’elle a crée un label et une courte charte d’engagement au respect sur les sites et réseaux sociaux.
Près de la moitié des jeunes sont à la fois harcelés et harceleurs
A l’origine de Respect Zone, deux adolescents de 11 et 14 ans, aujourd’hui étudiants, soucieux de rendre internet plus respectueux. Depuis son lancement dans l’univers des geeks, à la Paris Game Week de novembre 2014, le label bleu en forme de cœur a lancé deux clips coup de poing afin de frapper les esprits sur les dérives d’internet. En 2015, plusieurs dizaines de millions de messages haineux sur des sites ou leurs extensions Facebook, ont été traités et ont fait l’objet d’une justification. Tous les Haters ne sont pas des jeunes, mais presque un ado sur deux a déjà été confronté à la cyberviolence, même si le sujet reste tabou. Aujourd’hui, les Haters envahissent le web, et près de la moitié des jeunes sont à la fois harcelés et harceleurs.
Cette semaine, l'association a présenté les résultats de deux études sur le sujet de la cyberviolence. L’une réalisée par Netino, l’autre par Kantar Media ont été lancées pour alerter jeunes et parents.
Parmi les dizaines de millions de commentaires reçus sur les sites d’informations et leurs pages Facebook traités en 2015 par Netino, ses modérateurs ont rejeté 27 % des messages pour les motifs suivants :
- 22 % pour insulte
- 20 % pour agression
- 19 % pour racisme (xénophobie, racisme, antisémitisme)
- 15 % pour diffamation*
- 15 % pour appel à la haine ou à la violence*
- 7 % pour manque de respect à une victime, pornographie ou encore publicité et spam
- 2 % pour homophobie
L’entreprise Kantar Media, spécialisée dans l'analyse de données média, a comptabilisé 200 456 insultes, soit plus de 2 par seconde, échangées entre le 22 janvier à 18h jusqu’au lendemain à la même heure. Ils ont ainsi pu réaliser un Top 10 des injures et menaces les plus fréquentes. Les attaques racistes et antisémites, souvent plus subtiles que les injures directes, ne sont pas entièrement couvertes par cette analyse. Parmi les offenses entre internautes ; les obscénités et allégations à caractère homophobes sont également très présentes.
Un plugin pour transformer les insultes en petits coeurs
« Licornes contre Haters », qui est un plugin permettant de transformer les injures, répertoriées dans une liste de 200 mots, par des emojis en cœur, licornes et autres animaux animés. Très simple à s'installer sur les sites, forums ou réseaux sociaux à l'insu des Haters, il s'active automatiquement dès qu'un terme inapproprié est identifié. Cette vidéo originale ne cherche pas à stigmatiser les jeunes ou à les rappeler à l’ordre, mais plutôt à ridiculiser leurs insultes et les inciter à s’auto-modérer !
*La diffamation et l’appel à la haine peuvent aussi inclure des propos racistes.