Par Alice Pairo, Direction de la Prospective, France Télévisions
L’expérience utilisateur (ou UX) correspond au ressenti de l’utilisateur lorsqu’il se sert d'un produit. Il s’affine en fonction de la nature de ce dernier. Et si les professionnels ont une conception différente de l’UX selon leur secteur et leur audience, ils ont aussi leur propre méthodologie pour la comprendre. L’événement « Tendances et perspectives Media 2016 » organisé la semaine dernière par Havas Media Group consacré à l’expérience utilisateur a permis à trois professionnels de partager leurs méthodes d’observation et leurs définitions d’un bon UX.
UX, la clé du succès
Aujourd'hui, les meilleures startups telles qu’Airbnb ou Uber se distinguent justement des autres par leur UX. Amazon fait figure d’exemple par la simplicité de l’acte d’achat que son site propose. Netflix se démarque dans le monde médiatique. L’essor de la VoD – avec laquelle on sort de la logique de programmes - induit les notions d’envie et de choix, encourage les entreprises à « passer en mode UX ». Le développement exponentiel des adblockers (un quart des internautes) le confirme.
Le cœur comme indicateur
C’est une méthode pointue qu’a employé CSA Qualitative : cet institut d’étude, centré sur l’UX, a mis en place une méthode consistant à mesurer le rythme cardiaque du consommateur. Comme l’explique sa Directrice Carine Marzolf, il s’agissait lors de la diffusion d’un spot publicitaire de mesurer l’émotion du téléspectateur par le calcul de son rythme cardiaque via une Apple Watch qui affichait ensuite les résultats sous forme de graphique. Cette méthode permettait de savoir si une émotion s’était créée face au spot, et de supposer si elle pouvait ou non se répéter pour mener à l’acte d’achat. On a ici l’exemple d’une mesure d’UX intéressante car particulièrement pointue. On peut même considérer qu’elle est la plus pure, par son aspect physique et émotionnelle.
Le secret des vidéos YouTube
Lorenzo Benedetti, producteur du collectif d'humoristes et studio de production Studio Bagel a expliqué que les créateurs de la maison maîtrisaient tout l’UX de leur contenu, endossant à la fois « le rôle d’acteur, de réalisateur, de diffuseur et de directeur marketing ». Il a partagé les enseignements qu’il a tiré des vidéos « qui marchent ».
Voici donc le profil d'un contenuYouTube pertinent :
- Il a un ton conforme au ton de la conversation générale que l’on trouve sur les réseaux sociaux, « il ne faut pas que ca fasse tache » précise-t-il
- Il rebondit sur des événements de la pop culture, les tags en créant du contenu connexe multiplient les chances qu’il soit partagé
- Il est honnête, s’il contient du brand content celui-ci doit être clair, on ne va pas « dans la zone grise » entre la publicité et le divertissement
Développeur d’app, trois règles à suivre
Andy Shaw, Global Head of Product Mobext (l’agence mobile pure player d'Havas) a partagé sa vision d’un bon UX dans le domaine des applications. I
Il y a pour lui trois critères de base à respecter :
- Elle doit être intuitive, un mode d’emploi ne doit pas être nécessaire, on doit le deviner en employant l’appli
- Elle doit être fluide. Chez Apple par exemple, la façon dont on scroll est différente d’Android où le geste est plus mécanique. Ce genre de détail en dit long sur le travail consacré à l’UX
- Elle doit être fiable, cela semble évident, mais ce n’est hélas pas le cas de toutes les applis aujourd’hui.
Andy Shaw ajoute à ces trois critères le pragmatisme et la modestie.
Il ne faut pas hésiter à s’inspirer d’applications qui marchent, cela n’empêche pas de créer quelque chose d’unique !