Google met le paquet sur l'IA et rattrape son retard en VR

Par Mickael Morier, architecte mobilité chez France TV Editions Numériques, à Mountain View, et Jérome Derozard, consultant et entrepreneur, à Paris

La conférence annuelle d’ouverture de Google I/O a fait la part belle, cette semaine, aux trois technologies phares de cette année

1l’intelligence artificielle

2les interfaces conversationnelles

3la réalité virtuelle

 

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Rappel de la force d’attraction des technos Google, elle était visionnée par plus d'1 million d’utilisateurs en Chine uniquement. Le PDG de Google, Sundar Pichai, a commencé par démontrer que Google n’avait pas raté le virage du mobile, et que 50% des requêtes sur le moteur de recherche étaient déjà effectuées depuis un téléphone, dont 20% effectuées via la reconnaissance vocale aux Etats-Unis. La présentation des résultats d’une recherche sur mobile évolue déjà au-delà de la simple liste de liens, vers des « cartes » permettant de pré-visualiser le contenu associé (photos, résultats, artistes) sans sortir du moteur de recherche.

Le dirigeant de Google a ensuite défendu l’avance de la société dans l’intelligence artificielle et ses applications concrètes aux services du moteur de recherche. Le « Knowledge graph » permet de lier une recherche à des personnes, des lieux et de choses pour afficher des résultats plus pertinents. La reconnaissance vocale peut « entendre » l’utilisateur même avec un fond sonore bruyant. Le moteur de recherche de Google Photos (lancé l’année dernière qui compte 200 millions d’utilisateurs mensuels) peut trouver toutes les photos et vidéos d’un utilisateur représentant une scène ou un objet en utilisant la reconnaissance d’images. Enfin le service de traduction supporte aujourd’hui plus de 100 langues et traduit 140 milliards de mots par jour, et peut même traduire des images.

Néanmoins Google se devait de réagir face aux approches plus conversationnelles proposées par Siri (Apple), Cortana (Microsoft) ou Alexa (Amazon). C’est chose faite avec le nouveau « Google Assistant » (successeur de « Google Now ») qui permettra d’ici la fin de l’année à chaque utilisateur de dialoguer avec son propre moteur de recherche, celui-ci fournissant des résultats en fonction de leur contexte (localisation, requêtes passées, contenus recommandés). Le moteur de recherche s’éloignera ainsi définitivement du système de classement des résultats « PageRank » qui avait fait son succès (et celui des consultants en SEO). Outre les détails techniques - l’intégration est pour l’instant limitée à quelques partenaires triés sur le volet.

Reste à savoir quelle sera la « personnalité » de ce nouvel assistant, plutôt Scarlett Johansson ou HAL ?

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Google Assistant face à ses concurrents

Reste aussi à imposer Google Assistant face à ses concurrents. Dans le domaine de la maison connectée tout d’abord, Google doit faire face au succès d’Amazon et de son haut-parleur connecté « Echo » qui intègre l’assistant intelligent Alexa. Après avoir salué le succès du groupe de Jeff Bezos, Sundar Pichai a annoncé le lancement – toujours en fin d’année – de son propre produit « Google Home », intégrant Google Assistant (pour la recherche vocale) mais aussi le protocole Google Cast.

Ce haut-parleur pourra ainsi diffuser de la musique provenant d’une application mobile, ou « caster » du contenu (audio et vidéo) vers d’autres appareils comme une Chromecast (produit vendue à plus de 25 millions d’exemplaires depuis 2013). Là aussi Google a donné peu d’informations techniques (notamment en termes d’APIs) sur ce nouveau produit, et n’a pas détaillé les liens avec les autres initiatives (Nest, OnHub, Thread, Weave, Brillo…) de la firme dans le domaine.

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Dans le domaine des applications de communication ensuite, où Google doit notamment faire face à Facebook (avec Messenger et son assistant M) ou Microsoft (Skype). Deux nouvelles apps (Android et iOS) vont être lancées cet été dont « Duo » pour la vidéo-conférence et « Allo » pour la messagerie écrite (paradoxal compte tenu de son nom) afin de remplacer Hangout et aller plus loin dans les interactions notamment grâce au machine learning .

Allo propose plusieurs « innovations », dont des suggestions de réponses en fonction des photos partagées et de l’historique, ainsi qu’une intégration native du Google Assistant pour lancer une recherche directement depuis une conversation. Même si ces deux applications proposent certaines avancées techniques (comme la possibilité de chiffrer les communications), elles vont devoir s’imposer sur le marché. Sans compter qu’elles non plus ne proposent pour le moment aucune API ouverte…

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Sur Android, les applications se chargent comme des sites web

Dans le domaine du mobile, pour assurer la diffusion de Google Assistant face à Siri, la société peut compter sur Android qui reste de loin le système d’exploitation mobile le plus utilisé. Android séduit de nouveaux partenaires notamment dans le domaine de la TV avec Xiaomi qui va lancer une box 4K aux Etats-Unis utilisant la « surcouche » pour TV officielle. A noter aussi l’arrivée de nouveaux partenaires comme Philips ou Toshiba qui utilisent Google Cast sur certains produits (TV ou écrans sans tuner) sans utiliser Android TV.

En parallèle Google pense aux développeurs de sites web avec le projet AMP permettant de créer des sites web allégés et hébergés par Google pour un temps de chargement jusqu’à 4 fois plus rapide. Pour simplifier le développement d’applications natives, Google a dévoilé une nouvelle version de Firebase, un SDK de développement gratuit et sans limite d'usage. De nombreuses fonctionnalités ont été ajoutées portant Firebase comme un véritable écosystème pour le mobile : crash reporting, notifications push, analytics d'évènements, app indexing, etc. Un écosystème qui risque de mettre en difficulté de nombreuses sociétés éditant des outils concurrents comme Fabric ou encore Flurry.

Mais la plus grosse annonce pour les développeurs mobile est sans conteste Android Instant Apps qui va permettre aux utilisateurs d’accéder au contenu d’une application sans avoir à l’installer depuis le Play Store, et ce sur toutes les versions d’Android depuis la 4.1. Avec Android Instant Apps les applications natives deviennent aussi facile d'accès qu'un site web. Si l'expérience lui plait, l'utilisateur peut ensuite installer l'application. Cela pousse les Deeplinks très loin, un nouveau moyen d'acquérir de nouveaux utilisateurs, de réduire les frictions à l'installation d'une application tout en proposant un usage riche. Cette nouvelle fonctionnalité (simple à mettre en place apparemment) peut changer beaucoup de choses sur l'adoption d'applications et la simplification d'usages.

La stratégie Android appliquée à la VR

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Dernière technologie phare abordée lors de la « keynote » : la réalité virtuelle. Après le casque VR « low cost » Cardboard en 2014 (50 millions d’applications compatibles installées) et « Jump » l’année dernière pour la production de vidéo à 360°, Google déploie sa stratégie dans la VR avec « Daydream », extension d’Android à la réalité virtuelle. Sous la direction de Clay Bavor, le but de Google est de simplifier l’accès des utilisateurs à la VR haute qualité (haute résolution, taux de rafraichissement élevés, latences réduites) sur les smartphones Android puis sur d’autres plateformes.

Pour cela Google va agir sur trois leviers :

  • Les smartphones, en développant un système de certification « Daydream Ready » garantissant aux utilisateurs une bonne expérience de VR grâce à un matériel (capteurs, écran, processeur) et une interface utilisateur adaptés. Parmi les premiers partenaires on compte plusieurs constructeurs chinois (la Chine étant un des marchés phares de la VR) mais aussi Samsung qui se rapproche d’un second partenaire dans la réalité virtuelle après Facebook. Les premiers produits compatibles devraient être lancés d’ici à l’automne.

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  • Deuxième levier, les casques de réalité virtuelle du type de la Gear VR ; Google va proposer d’ici la fin de l’année un design de référence compatible avec les smartphones « Daydream ready », ainsi qu’un contrôleur (rappelant fortement la Wiimote dans son usage) permettant aux utilisateurs d’interagir dans un environnement VR. Un casque sera également vendu par Google.

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  • Dernier levier pour assurer le développement de la VR : les applications avec une boutique d’applications spécifique pour les applications compatibles « Daydream », Google Play for VR. Pour alimenter ce store Google a convaincu de nombreux partenaires de développer des applications compatibles, dont des médias comme HBO, MLB.com, Netflix, CNN, Hulu, Imax, USA Today, WSJ ou le NY Times ou des développeurs de jeu comme Netease, société chinoise.

Nous allons sans doute assister dans les prochains mois à une « guerre des plateformes VR » entre Facebook/Oculus et Google/Daydream, chacun tentant de séduire le plus de partenaires, fabricants et développeurs. Plus d’informations sont attendus lors de la prochaine conférence de Google consacrée à la VR jeudi soir

Au final beaucoup d’annonces lors de cette Keynote mais peu d’informations techniques (ce qui est dommage pour un évènement orienté vers les développeurs) et des produits qui ne seront lancés qu’à la fin de l’année.