Numérique et transformation des métiers : l’essentiel, c’est d’expérimenter

Par Alexandra Yeh, France Télévisions, Direction de la Prospective

Si le numérique est synonyme de transformation de l’offre médiatique et des pratiques culturelles du public, on oublie souvent qu’une autre mutation est à l’œuvre au sein-même des entreprises de médias : celle des métiers et des pratiques managériales. C’est cette transformation interne qui a été abordée lors d’un colloque cette semaine à Paris sur l’avenir des métiers et de l’organisation des entreprises de l’audiovisuel à l’ère de la révolution numérique.

Réfléchir sur l’impact du numérique sur la gestion des ressources humaines dans le secteur audiovisuel, tel était l’objet de la table ronde consacrée au fonctionnement des entreprises de médias à l’heure de la digitalisation. Plusieurs représentants de grands groupes étaient présents pour exposer leur vision de la transformation numérique.

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Pour Arnaud Lesaunier, directeur général délégué aux ressources humaines et à l’organisation de France Télévisions, le premier défi des entreprises de médias aujourd’hui est de diversifier les profils des salariés et de séduire les digital natives, très courtisés par des multinationales attractives comme Google, Facebook ou encore YouTube. Pour y parvenir, il insiste sur la nécessité de repenser le « branding d’employeur » et de faire la part belle à l’innovation afin de séduire des générations en quête de nouveauté et d’expérimentation.

Un diagnostic partagé par Nicolas Copperman, directeur général d’Endemol France, pour qui les entreprises de l’audiovisuel doivent aujourd’hui accepter le bouleversement de la temporalité des médias en s’inscrivant dans une approche de « test and learn » : tester d’abord, apprendre ensuite.

Pour Endemol, il s’agit d’adopter une gestion des ressources humaines plus flexible et de privilégier la polyvalence des salariés en créant des passerelles pour permettre aux collaborateurs de passer de la fiction au jeu, par exemple. Ce faisant, la société de production espère améliorer son attractivité en tant qu’entreprise d’entertainment.

Mais cette « décompartimentation » des métiers et cette priorité à l’expérimentation suppose, pour les entreprises de médias, une capacité à accepter l’erreur. Comme l’explique Julie Joly, directrice du Centre de Formation des Journalistes, « l’agilité, c’est la capacité à rebondir et à être dans l’apprentissage perpétuel ».

Une chose est sûre : l’ère numérique est une période charnière où se jouent des changements structurants, et à l’heure de la numérisation et de la mondialisation, il est d’autant plus important pour les entreprises de l’audiovisuel de parvenir à donner du sens à leur activité et à définir les nouveaux métiers de demain.