Par Alexandra Yeh, France Télévisions, Direction de la Prospective
L’arrivée de la robotique et de l'automatisation est une bonne nouvelle pour l’entreprise, selon une majorité de Millennials interrogés par Deloitte dans son enquête annuelle sur la Génération Y.
D'une manière générale, les jeunes aujourd’hui sont plus inquiets, moins optimistes, à la recherche de stabilité et de sécurité dans leur travail… Mais pour autant, ils ne se montrent pas forcément rétifs au changement. Et surtout accueillent plutôt avec bienveillance l’arrivée de l’intelligence artificielle et des algorithmes dans l’entreprise.
"Hi, robot" : l'automatisation du travail n'est pas une menace pour les Millennials
Alors que leur avenir n’a jamais été aussi incertain, l'enquête dépeint des jeunes avant tout en quête de stabilité dans leur emploi. Mais – même si l’idée peut paraître contre-intuitive - stabilité ne signifie pas réticence au changement. Ainsi, une majorité de Millennials voit d’un bon œil l’automatisation du travail.
Pour eux, l’arrivée des nouvelles technologies de robotique ouvre de nouvelles potentialités en termes de productivité et de croissance économique, mais aussi en termes d’opportunités pour se consacrer à des tâches plus créatives et pour acquérir de nouvelles compétences.
Une opinion qui n’est cependant pas partagée par tous : 40% des Millennials interrogés avouent craindre les effets de l’automatisation de l’entreprise sur leur emploi et 53% s’attendent à voir leur lieu de travail devenir plus impersonnel, moins humain.
Une frontière assez nette se dessine entre les Millennials que Deloitte qualifie de « super connectés » et ceux qui sont moins familiers des nouvelles technologies et des médias sociaux : 64% des Millennials « super connectés » pensent en effet que l’automatisation va créer de l’emploi, contre seulement 15% des jeunes moins connectés.
Des jeunes à la recherche de stabilité dans l'entreprise
Alors que la précarité n'en finit plus de gagner du terrain chez les jeunes, la sécurité de l’emploi devient plus séduisante que jamais et le statut de freelance perd de son attractivité.
Cette recherche de stabilité se traduit par une loyauté accrue des Millennials à leur employeur : si en 2016, de nombreux jeunes actifs déclaraient vouloir quitter leur entreprise dans les deux à cinq prochaines années, en 2017 le contexte a évolué et a brutalement calmé leurs envies de changement. Désormais, 6 jeunes sur 10 avouent préférer un poste permanent et à temps plein plutôt qu’un emploi en freelance.
Pour autant, les jeunes valorisent toujours la flexibilité de l’organisation du travail, qu’ils associent à une productivité, un engagement et un bien-être accrus. 64% déclarent ainsi pouvoir travailler ailleurs que dans leur bureau, une hausse - spectaculaire - de 21 points par rapport à l’an dernier, qui reflète la rapidité avec laquelle le monde du travail se transforme sous l’impulsion du progrès technique.
Les jeunes ont perdu l’insouciance du passé
Entre la multiplication des attentats en Europe, le Brexit et l’élection de Donald Trump, l’année 2016 fut pour le moins mouvementée et les Millennials semblent avoir perdu l’insouciance du passé. Au total, 64% d’entre eux pensent que la situation politique et sociale de leur pays ne s’améliorera pas durant les prochains mois, soit une hausse de 9 points par rapport à l’an dernier.
Une tendance révélatrice d’un pessimisme généralisé d’autant plus répandu dans les pays développés, où à peine un jeune sur trois (34%) pense que la situation économique de son pays est appelée à s’améliorer, contre 57% chez les Millennials des pays émergents.
Et en cette période d’incertitude politique, sociale et économique, les plus grandes craintes des jeunes concernent moins leur propre situation que les grands enjeux géopolitiques internationaux : la guerre, le terrorisme, la faim et les inégalités économiques inquiètent ainsi davantage les Millennials que le chômage ou les problèmes environnementaux. Des craintes devancées, dans les pays émergents, par la criminalité et la corruption, citées par 58% des jeunes sondés.
C'est donc un portrait tout en contradictions que dresse cette étude : celui de Millennials préoccupés par les problèmes politiques, économiques et sociaux qui assombrissent leur avenir, à la recherche de stabilité, mais aussi d'autonomie dans l'organisation de leur temps de travail.
Pour cette enquête, Deloitte a interrogé 8.000 jeunes actifs nés après 1982, diplômés de l’enseignement supérieur et travaillant majoritairement dans le privé. Un panel qui ne représente pas toute la diversité de la Génération Y donc, mais qui occupe de plus en plus de postes à responsabilités dans notre économie.
Et surtout, un panel qui s’avoue à la fois curieux et inquiet de voir arriver l'intelligence artificielle, les algorithmes et la robotique dans l'entreprise. De quoi relancer le débat sur l'importance d'éduquer les jeunes au code et aux nouvelles technologies pour mieux embrasser la mutation du monde du travail.