Par Lorraine Poupon, France Télévisions, Direction de la Prospective
Plus personne ne s’étonne de voir un bout de scotch posé sur la webcam d’un ordinateur pour se protéger des coups d’œil indiscrets en provenance directe de la Silicon Valley. Paranoïa ? Non, simple précaution vous dira-t-on. Mais alors pourquoi accueillir l’assistant vocal made in Mountain View au cœur de son domicile ?
L'oreille de Google à domicile
C’est que le Google Home a certains atouts considérables. Il est fort d’une réputation vieille de quelques mois qui se construit depuis sa sortie sur le marché américain en octobre 2016. Le logiciel a été adapté aux spécificités culturelles et linguistiques bien françaises et est désormais prêt à répondre à la moindre de vos questions, de la plus terre-à-terre à la plus complexe. Du moins, sur le papier. Recettes, flashes info, agenda interactif, musique ou mobilier connecté : toutes ces informations sont à portée de voix. C’est ce qui ressort de la majorité des tests produits publiés depuis sa sortie : les micros de l’appareil sont très performants. Et c’est là où le bât blesse.
Si elles paraissent relativement informelles grâce à "l’intelligence artificielle" de Google formatée pour le langage naturel, l’intégralité des interactions avec votre assistant est enregistrée. Le géant du web plaide la transparence en expliquant qu’elles sont toutes accessibles depuis un gestionnaire d’historique. Et d’ajouter que si l’écoute est continue, les données ne sont transmises que lorsque la demande commence par la formule-désormais-magique « OK Google ». Heureux ceux qui croient sans avoir vu ?
Inviter le Google Home à pénétrer chez soi revient donc à accepter un énième micro dans son domicile, une oreille qui, et c’est de notoriété publique, a tendance à traîner là où on l’attend le moins. Certaines marques ont même pris le parti d'en jouer dans leurs campagnes.
Une Intelligence Artificielle encore très limitée
Si malgré cela on accepte de passer le cap, il faut s’attendre à quelques surprises quand les algorithmes rencontrent leurs propres limites. Il est encore difficile d’enchaîner des questions en contexte ou de comparer des données. C’est probablement là que réside la plus grande marge de progression de l’appareil. Il faudra attendre quelques mois pour voir si les utilisateurs français trouvent un réel intérêt à ce service que certains considèrent comme un gadget.
Si vous hésitez encore avec la version Amazon de l’assistant à domicile, l’agence numérique Stone a effectué un test comparatif pour savoir lequel des deux était le plus performant entre le Google Home et Echo. Le premier a répondu correctement à 89,5% des questions face à 86,9% pour son concurrent. Alors entre la peste le choléra en matière protection de la vie privée, on vous laisse choisir !