Par Alexandra Yeh, France Télévisions, Direction de l'Innovation
D’ici trois ans, la moitié de notre consommation de télévision et de vidéo se fera sur des terminaux mobiles. C’est ce qu’affirme la 8ème édition de l’étude Ericsson ConsumerLab TV & Media*, dont les conclusions sont sans appel : le poste de télévision traditionnel va continuer de perdre du terrain dans les années à venir, au profit notamment du smartphone qui va confirmer sa place de premier écran.
Mobile + A la demande : les nouveaux standards de la consommation vidéo
Ce ne sera pas une surprise pour ceux qui s’intéressent à l’évolution des usages et des pratiques de consommation de médias : le smartphone est bel et bien en train de détrôner la télévision. On l’annonce depuis quelques années déjà et Ericsson le confirme. 70% des répondants à l'étude affirment en effet consommer des contenus TV et vidéo sur leur smartphone - soit deux fois plus qu’en 2012 - et déjà, le smartphone représente 20% du temps total consacré au visionnage de TV et de vidéos. Une progression fulgurante de la consommation mobile donc, encore plus marquée si l’on considère tous les terminaux mobiles (smartphone, desktop, tablette) : tous devices confondus, les projections affirment déjà que 50% de la consommation vidéo sera mobile en 2020 (soit une augmentation de… 80% en 10 ans !).
Cette transformation des terminaux utilisés s’accompagne d’une évolution des contenus visionnés. La vidéo à la demande grignote de plus en plus de terrain, notamment chez les 16-19 ans, qui passent déjà plus de la moitié de leur temps de visionnage sur la VOD – un temps qui a doublé depuis 2010. Cette tendance devrait s’accélérer selon Ericsson qui prédit que la vidéo à la demande représentera près de 50% du temps total passé à consommer de la vidéo d’ici 2020.
Chez les spectateurs les plus âgés, la télévision linéaire fait de la résistance puisque les 60-69 ans passent encore 80% de leur temps de visionnage devant le traditionnel téléviseur, un chiffre stable depuis 2013. Il ne faudrait d’ailleurs pas signer trop vite l’arrêt de mort de la TV : parmi les 20.000 répondants à l’enquête, seuls 6% affirment qu’ils n’utiliseront probablement plus leur poste de télévision dans 5 ans.
La réalité virtuelle pour refaire de la vidéo une expérience collective
Autre chiffre clé annoncé dans cette étude : celui des usages de la réalité virtuelle, qui devrait séduire un internaute sur trois d’ici 2020 selon les projections. Un chiffre vraisemblable… à condition que la VR sociale se développe ! Car c’est l’un des moteurs essentiels pour conquérir les spectateurs et s’imposer dans leurs pratiques de consommation média : leur permettre de partager des expériences en visionnant des contenus à plusieurs. Trop isolante pour le moment, la VR a pourtant un véritable potentiel pour relancer la dimension sociale de la télévision et en refaire une expérience collective (comme à l’âge d’or, désormais bien lointain, de la télévision, où les familles se retrouvaient dans le salon pour visionner leurs programmes).
A quoi ressemblera la conso vidéo dans 5 ans ?
Interrogés sur l’évolution de leurs usages dans les cinq ans à venir, 30% des répondants pensent qu’ils consommeront de plus en plus de vidéo en réalité virtuelle. 29% se voient également adopter les interfaces vocales et utiliser leur voix pour piloter leurs appareils. Des tendances très tournées sur la technologie qui se distinguent de l’évolution des cinq dernières années, où ce sont surtout les usages qui ont changé avec la montée en puissance des contenus HD, la généralisation du binge-watching et la diversification des plateformes utilisées pour visionner des contenus TV et vidéo.
Le nombre moyen de services VOD utilisés par chaque internaute a d’ailleurs connu une augmentation conséquente, de 1,6 service par personne en 2013 à 3,8 services en 2017. Ce qui pose une nouvelle fois la question de la découvrabilité des contenus, de plus en plus complexe dans ce contexte de surabondance de l’offre.
Désormais, les internautes passent près d’une heure par jour à chercher du contenu (+13% en un an). Pas étonnant, dans ces conditions, que 70% d’entre eux affirment qu’ils aimeraient pouvoir recourir à un moteur de recherche universel. Car au-delà de la nécessaire adaptation des médias à la transformation des usages, c’est bel et bien le défi de la découvrabilité qu’il leur faudra relever dans les années à venir. Et cela passe par une meilleure indexation des contenus et une amélioration des recommandations personnalisées. A bon entendeur !
* Etude menée auprès de 20.000 internautes âgés de 16 à 69 ans, issus de 13 pays d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Asie.
Crédit Image Une : Clem Onojeghuo, Unsplash