Par Barbara Chazelle, France Télévisions, Media Lab et prospective
Si la durée d'écoute de la télévision reste importante, les nouveaux usages ne sont plus insignifiants, selon le dernier bilan de Médiamétrie "L'année TV 2017" : montée en puissance du replay (cf. notre billet sur le rapport d'Eurodata) grâce auquel 20% des Français regardent la TV sans avoir de téléviseurs, émergence de l'OTT qui a progressé de 40% en un an et de la SVOD qui séduit désormais 20% des Français.
Les jeunes, quant à eux, continuent de se différencier de leurs aînés et ne passent plus que la moitié de leur temps vidéo à regarder la TV linéaire.
En France, le temps consacré à la télévision reste stable (3h42). Sur Internet, il progresse vite (1h23).
Les Français ont regardé la télévision 3h42 en moyenne par jour, soit une minute de moins qu’en 2016. Une durée beaucoup plus stable que dans d’autres pays : moins 5 minutes en Espagne, moins 9 minutes au Royaume-Uni et jusqu’à moins 14 minutes aux Etats-Unis.
En France, la durée d’écoute quotidienne a progressé de 50 minutes en 25 ans. La moitié de la croissance s’est faite sur les 10 dernières années. La télévision reste un média de masse, qui rassemble en moyenne 44,4 millions de téléspectateurs par jour, dont près de 5 millions sur les écrans connectés.
Notons que si la TV linéaire pèse encore pour 83% du temps total vidéo des 15+, elle ne représente plus que 53% chez les 15-24 ans. Ils passent 32% de leur temps à visionner des vidéos hors programmes TV (vidéos en ligne + SVOD).
"On me demande souvent comment analyser la consommation des jeunes : effet d'âge ou effet générationnel ? Les jeunes ont toujours moins regardé la télé que leurs aînés. Les 15-24 ans des années 1990 la regardaient toujours deux fois moins que leurs parents et la regardent beaucoup plus maintenant." a déclaré Julien Rosanvallon, directeur des départements télévision et Internet de Médiamétrie.
Mais rappelons que les 15-24 ans des années 1990 n'étaient ni mobile ni social natifs... Affaire à suivre !
En plus du temps passé à regarder la télé, les Français passent 1h23 sur Internet par jour en moyenne (+30 minutes en 5 ans).
Poids croissant des nouveaux usages : +43% pour la consommation en différé et quatre écrans en 2 ans
Les nouveaux usages (consommation en différé et sur 4 écrans) croissent de manière significative, de 43% entre 2015 et 2017. En les prenant en compte, la durée d’écoute de la télévision en France arrive ainsi à 3h51.
Le replay attire quotidiennement près de 6M de téléspectateurs, quel que soit l’écran, un chiffre qui a triplé sur 3 ans. Le téléviseur est l’écran privilégié de ce mode de consommation avec 3,8 millions de téléspectateurs tandis que les écrans mobiles n’en rassemblent qu’1 million.
Des foyers de plus en plus connectés
Les téléviseurs sont désormais connectés à 60% (+8 points en 3 ans). L’ADSL et la fibre séduisent près de 6 Français sur 10 (+3 points vs 2016). Près de 40% des foyers sont équipés des quatre écrans soit 11,1 millions de foyers (+3 points en 1 an).
L’ordinateur, la tablette et le mobile sont utilisés par 8,1% des Français pour regarder la télévision (en live et en différé). L’ordinateur est privilégié pour le live, les écrans mobiles pour le replay à près de 70%.
Ces écrans permettent de toucher de nouveaux téléspectateurs non équipés de téléviseur, notamment les jeunes : près de 30% des 15-24 ans qui n’ont pas de TV la regardent sur un autre écran.
Adoption rapide de l’OTT et des services de SVOD
Le taux d’équipement en boîtiers OTT (Apple TV ou Chromecast par exemple) a progressé de 40% en un an. Cela concerne près de 3 millions de foyers.
En 2017, 20% des 15 ans et plus ont souscrit à une offre de SVOD. Ce chiffre atteint plus de 37% lorsque le foyer est équipé d’un boîtier OTT.
La SVOD et l’OTT représentent toujours moins de 10% de la consommation totale de télévision et vidéo chez les 15 ans et plus, mais comme nous l’avons évoqué plus haut, près de 30% chez les 15-24 ans.
Selon Julien Rosanvallon, « ces nouvelles offres ne cannibalisent pas la consommation TV, elles viennent en complément. Elles concernent surtout de gros consommateurs de contenus. »