Comment les applications sociales impactent nos émotions

Par Barbara Chazelle, France Télévisions, Prospective et MediaLab

Pourquoi utilise-t-on un réseau social plutôt qu’un autre ? Selon l’étude Apposphere* menée par Murphy Research pour Snapchat, il y a trois éléments de réponse à cette question : les applications impactent l’humeur de leurs utilisateurs ; ces derniers attendent quelque chose de spécifique pour chacune d’elles ; il y a de la place pour toutes ces apps dans leur quotidien.

Snapchat rendrait heureux. Twitter misérable.

Apposhere s’est concentrée sur 5 applications sociales : Snapchat, Twitter, YouTube, Instagram et Facebook. Les sondés ont été interrogés sur la fréquence à laquelle ils ressentaient telle ou telle émotion en utilisant ces applications.

Selon les résultats de l’étude, Snapchat semble l’application qui produit chez ses utilisateurs le plus d’émotions positives autour du divertissement et de la créativité. Ariana Battle de Snapchat explique ce résultat par l’entre-soi rassurant que crée la plateforme : c’est « un endroit où tu peux être toi-même, être proche de bons amis et partager ton quotidien ».

YouTube et Instagram s’en sortent plutôt bien et tendent à inspirer et divertir leurs utilisateurs.

Le bilan est en demi-teinte pour Facebook : si les utilisateurs de la plateforme se sentent informés, ils ont aussi le sentiment d’être submergés, coupables et seuls.

Quant à Twitter, quand on lit cet index, on se demande comment l’application existe toujours alors que ses utilisateurs disent se sentir anxieux, isolés, submergés, coupables et déprimés. Informés aussi, mais moins que sur Facebook.

Mais une application peut-elle vraiment être responsable de notre humeur ? Nous avons posé la question à Emmanuel Kuster, consultant chez The Fiction Lab, cabinet d’études marketing spécialisé en sciences cognitives :

« L’émotion qui est vécue, par exemple lors d’une fête ou une retransmission sportive, commence souvent dans l’anticipation de l’évènement. Ainsi, il est logique qu’en allant sur Snapchat pour jouer avec des filtres on se sente créatif. Que si on va sur Facebook pour se renseigner sur des évènements, on se sente informé. Mais que si on va sur Twitter pour l’actualité on se sentira anxieux. L’actualité est plutôt anxiogène non ?

Une app n’est pas responsable de votre humeur. Mais l’humeur est le reflet de ce que vous venez chercher sur une app. La vraie responsabilité des apps est de s’être rendues addictives. Mais la prise de conscience est en marche. »

Des attentes différentes pour chaque app

L’étude Apposphere précise qu’à cause de la multitude d’applications disponibles sur le marché, l’attention des utilisateurs est très fragmentée. Aussi, pour pouvoir déterminer quelles applications rendent heureux ou pas, il faut aussi prendre en compte les attentes des utilisateurs à leur égard et leur impact dans leur quotidien.

Ainsi, Snapchat et Facebook sont d’abord utilisées pour la discussion, mais avec un peu plus de créativité et de fun chez Snapchat. Instagram fait sortir du cercle des amis et de la famille pour suivre des influenceurs et des célébrités. Twitter permet de se tenir au courant des évènements en cours. Quant à YouTube, ses utilisateurs y vont d’abord pour apprendre, apprendre d’un produit ou d’un sujet d’intérêt.

Le contexte compte

L’utilisation de ces applications dépend enfin du contexte de l’utilisateur, à ce qu’il est en train de faire, du moment de la journée.

Snapchat et Twitter sont les deux applications les plus utilisées en mouvement (sur le départ, dans les transports ou en voyage)…

… mais aussi lors d’activités sociales. Instagram (20%) passe devant Twitter lorsqu’il s’agit de trainer avec des amis.

YouTube, Instagram et Facebook en tête aident plutôt à passer le temps ou à s’endormir.

 

*Etude quantitative et qualitative menée sur 1005 utilisateurs d’applications américains âgés de 13 à 44 ans.

Photo de Une :  rawpixel via Unsplash

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