Traitement de l'actu : certains pays équilibrent leur ligne éditoriale mieux que d’autres

Par Barbara Chazelle, France Télévisions, MediaLab et Prospective

Rien de nouveau : les mauvaises nouvelles font vendre. Les médias ont donc une forte tendance à relayer des nouvelles négatives, pour ne pas dire catastrophiques et anxiogènes. Mais une étude internationale menée par les agences de relations média du réseau WIN PR Group, révèle des disparités entre médias, mais aussi géographiques.

La télévision plus positive que la radio ou la presse écrite

Dans les six pays* où l’étude a été menée, les titres de la presse écrite sont à 43% négatifs, contre 33% pour la télévision et 25% pour la radio. Si l’on regarde la proportion d’annonces positives, la radio tombe à 26% pour 36% en presse écrite et 38 % en télévision qui est le média le plus positif donc selon WIN PR Group.

On retrouve en France ces mêmes résultats : la télévision positive à 24 % (vs 17 % pour la presse écrite et la radio) et la presse écrite négative à 39 % (vs. 35 % pour la radio et la télé).

Préférences éditoriales par pays

Si l'on se penche sur les chiffres par pays, le traitement de l'actualité met en lumière des stratégies éditoriales très différentes.

Premièrement, il y a ceux qui relayent majoritairement des mauvaises nouvelles, le Royaume-Uni en tête dont 50% de son actualité est négative pour seulement 14% de positive. La France rentre elle aussi dans cette catégorie.

Il y a ensuite ceux qui s'efforcent d'équilibrer leur ligne éditoriale. Les Pays-bas sont les champions de cette catégorie. Si 50% des nouvelles sont négatives, 40% sont des bonnes nouvelles. On se souviendra qu'au Pays-Bas, et en Europe du Nord en général, de nombreuses initiatives ont été menées ces dernières années visant à promouvoir le « journalisme de solution ». Faut-il y voir un lien ?

Enfin, l'Espagne et l'Allemagne se démarquent par une ligne éditoriale factuelle, avec respectivement 86% et 71% des nouvelles qui sont traitées de manière « neutre ».

A noter que l'étude a été réalisée sur le mois de mars et peut donc comprendre quelques biais liés à l'actualité récente (Brexit, Gilets Jaunes...). Néanmoins, même si certains pays avaient à traiter des sujets graves, rien n’empêchaient les rédactions de contre balancer leurs offres avec des nouvelles plus légères.

 

 

« Année après année, et malgré de nombreuses prises de conscience et des tentatives diverses de faire de notre environnement médiatique un espace moins anxiogène, la mauvaise nouvelle reste l’accroche majeure quel que soit le media », commente Alexis Noal, Vice-Président chez ComCorp et responsable de l’étude. « Il serait simpliste de reporter la faute sur les média en eux-mêmes mais il convient plutôt de s’interroger de ce que cela révèle de nos sociétés et de notre curiosité morbide. Nombre de psychologues et de philosophes se sont penchés sur ce sujet mais il serait intéressant d’entamer une réflexion plus globale sur les ressorts de l’audience médiatique et sur pourquoi la mauvaise nouvelle est souvent un gros titre et la bonne, juste un encart. »

 

* Périmètre de l'étude : Alle­magne, Espagne, France, Mexique, Pays-Bas, Royaume-Uni

Méthodologie : les agences des différents pays ont étudié durant le mois de mars 2019 les unes des principaux quotidiens nationaux, les titres des tranches radio du matin et les titres des journaux TV du soir (se calquant sur les habitudes de consommation de chaque pays) et ont évalué la charge sémantique de chaque titre (positive, négative, neutre).

Crédit Image de Une : Branden Harvey via Unsplash