Cette fin de semaine est marquée dans le monde de l’innovation et des startups par la tenue de la 6ème édition de Viva Technologie à Paris. Une occasion de faire le point sur les dernières avancées du milieu de la tech en termes de métavers et de NFT. Le salon avait annoncé son intention de se pencher sur le Web 3 et le métavers, des domaines qui font beaucoup parler d’eux mais qui pourraient, à l’heure actuelle, encore être de l’idéation.
Par Isya Okoué Métogo, stagiaire au MediaLab de l'Information
Comme chaque début de révolution, tout commence par un besoin de définition. Vivatech ne fait pas exception à la règle et des workshops ont été proposés dès le début des festivités pour éduquer et informer sur la blockchain, le métavers et les NFT. Pour ces dernières, c’est Poap qui s’en charge. La start-up française propose d’approcher les NFT par la collection et l’appartenance à une communauté. Pour rallier des adeptes, ils développent des NFT qui attestent la participation à des évènements, comme leurs workshops. Une manière ludique de digitaliser une expérience et un souvenir.
Comme chez Poap, le besoin de lien avec la réalité n’est jamais très loin pour beaucoup de concepts proposés au salon. Bien souvent, les NFT sont approchés comme une valorisation de biens matériels ou d’expériences, qu’il est possible de sentir et de posséder « pour de vrai ». Elles apparaissent alors comme un prolongement ou une expérience parallèle. Lito, une entreprise autrichienne, propose ainsi des répliques de tableaux d’art réalisées grâce à des scans de pointe. L’intérêt d’une telle réplique, au-delà de la possibilité de pouvoir par exemple posséder chez soi une version identique à son tableau préféré, est de bénéficier de la certification et la valeur de son objet par un NFT dans une blockchain. La possession d’un objet bien réel est ainsi prouvée, de manière digitale.
Face à la menace d’intangibilité croissante de ce qui nous entoure, cette sécurité de la possession d’un bien est au cœur des préoccupations des consommateurs, mais aussi des entreprises. Publicis a saisi l’opportunité de Vivatech pour mettre en avant la possession de la data pour le management et le marketing. Menacé par la spoliation de ressources des différentes plateformes et hébergeurs, l’utilisation de blockchain apparait comme une solution au développement d’un management first party de ses données. L’objectif ? Rester concurrentiel, devenir plus indépendant et bâtir une relation différente avec les consommateurs souvent méfiants quant à la collecte de leurs données.
Comme dans chaque nouvel écosystème, les marques s’intéressent beaucoup au développement de nouvelles opportunités de revenus : de la plus-value pour leurs consommateurs. Le métavers n’en est pas exempté et le luxe plonge de manière proéminente sur le sujet. L’objectif est de se servir de cette innovation pour étendre le parcours client, une manière de profiter de la nouvelle innovation et d’y faire venir sa cible. L’hameçon pourrait fonctionner puisque l’industrie du luxe est caractérisée par la rareté et l’envie toujours plus grande de contact entre un client et une marque prestigieuse. Le besoin de reconnaissance mais aussi d’exclusivité et de proximité avec la marque qui nourrit la clientèle du secteur est propice au développement du métavers.
LVMH a su en faire l’illustration tant sur ses conférences que par ses innovations présentées. Les interventions des cadres des différentes Maisons du groupe se sont déroulées dans un microvers animé par Livi, l'ambassadrice virtuelle de la marque, devant un auditoire attentif. Les différentes Maisons ont présenté leurs innovations, dont plusieurs en lien avec les NFT. C’est le cas de Guerlain et de Bulgari, qui a pour cette dernière exposé une montre dotée d’un QR code qui mène à un NFT alliant certificat d’authenticité sur la blockchain et contenus exclusifs. LVMH n’est d’ailleurs pas le seul à avoir flairé l’opportunité que peut constituer métavers et NFT pour le luxe. La marque Pinko s’est également lancée dans l’aventure avec une présentation de la campagne de sa collection pour octobre prochain. Cette dernière sera lancée dans et pour le métavers, dont les sacs sont des NFT à personnaliser.
Ces avant-goûts de ce qui est possible dans le métavers sont poussés par un développement fulgurant de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée. Un premier pas dont s’est saisi Meta, qui y a concentré l’ensemble de son espace à Vivatech. Un aperçu des grands projets de Mark Zuckerberg a été proposé aux visiteurs avec la présentation de dispositifs collaboratifs et collectifs de réalité virtuelle avec l’aide du dernier Qwest. Microsoft de son côté a présenté des outils permettant d’utiliser la VR pour des studios virtuels 3D.
Les arts semble être un bon vecteur de transition entre VR et métavers. Le divertissement permet de tester les innovations mais aussi de les pousser à leur maximum, le jeu vidéo peut en être témoin. Mais le gaming n’est pas la seule activité ludique propice aux débuts du métavers. La start-up française Studio 11 s’attaque à la musique, en proposant des concerts dans le métavers et l’achat de NFT représentant des chorégraphies uniques à incorporer, par exemple, sur Tiktok.
Ce que l’on retient de ce tour d’horizon, sont surtout les débuts timides du métavers et des NFT. La quête à l’idée concrète passe par des idéations, nourries par les avancées des réalités virtuelles et augmentées. Or, comme l’ont montré de nombreux débats lors de ces premiers jours à Vivatech, il n’est pas si évident de se séparer totalement du monde physique, notamment parce que cette séparation pose de nombreuses questions éthiques et n'apparait pas toujours comme nécessaire. La faible pénétration des NFT et du métavers chez le public a été soulignée, et la réponse que beaucoup apportent sont les start-ups par la vision d’avenir qu’elles apportent. A elles donc de s’y plonger, la course a déjà commencé.