La génération Z, soit “les natifs de l’IA”, pourrait être la mieux préparée pour utiliser l’intelligence artificielle au travail. Les personnes nées entre 1997 et 2012 (les "zoomers", en opposition aux "boomers") font partie de la première génération de natifs numériques, ayant grandi en communiquant au quotidien via les réseaux sociaux. Ils sont en position de force sur un marché du travail en quête de nouvelles compétences, d'après l'étude récente de Handshake intitulée "The Class of 2024 sets their sights on the future" (La promotion 2024 fixe ses objectifs sur l'avenir).
Par Alexandra Klinnik, MediaLab de l'Information de France Télévisions
La vue d’ensemble
La relation "instinctive" de la génération Z avec la technologie peut être un atout inestimable. Cette immersion précoce dans le numérique a préparé la Gen Z à saisir directement les opportunités offertes par Chat GPT & Co. "Se mettre rapidement au diapason des nouvelles technologies est une seconde nature pour la génération Z, et l'IA générative ne fait pas exception" analyse l'Ofcom. D’après une enquête du Pew Research Center, les jeunes adultes sont plus susceptibles d’utiliser l’IA que leurs homologues plus âgés. Dans une économie incertaine et en rapide évolution, les jeunes savent qu’ils doivent prendre de l’avance et affûter leurs armes. Pendant les crises, ils servent souvent de variable d’ajustement. Ils sont en effet les premiers à être licenciés ou à voir leur contrat ne pas être renouvelé. La génération Z représentait plus de 13% de la population active l’année dernière, selon les données du Bureau des statistiques du travail des Etats-Unis.
Dans ce contexte, l’IA se présente comme une opportunité pour décrocher des opportunités d’emplois… et aussi chercher du soutien. En effet, selon Fortune, les travailleurs de la génération Z pensent que leurs employeurs ne se soucient pas de leur évolution de carrière. Ils se tournent vers ChatGPT pour obtenir des conseils en matière d’emploi. Environ 47% des travailleurs de la génération Z affirment qu’ils obtiennent de meilleurs conseils de la part d’outils d’IA générative tels que ChatGPT que de la part de leur patron.
Aux Etats-Unis, la grande majorité des diplômés de 2024 sont familiers avec des outils tels que ChatGPT et DALL-E, et 50% prévoient d’acquérir de nouvelles compétences à la lumière de l’émergence de l’IA générative, d’après le rapport de Handshake, une plateforme de recherche d’emplois pour étudiants. Un tiers des étudiants, et plus de la moitié des majors en technologie, déclarent avoir l’intention d’utiliser l’IA générative dans leur carrière.
Les diplômés sont prêts et motivés à intégrer l’IA dans leur travail
Parmi les diplômés de 2024 qui connaissent les outils d'IA générative, environ 1 sur 3 prévoit d'utiliser ces outils dans sa carrière, et 1 sur 5 serait plus enclin à accepter un emploi où il aurait la possibilité d'expérimenter l'IA générative.
Ces chiffres sont plus élevés chez les étudiants qui se spécialisent dans des domaines technologiques tels que l'informatique, l'analyse de données et l'ingénierie. Toutefois, une part importante des étudiants dans des domaines non technologiques considérés comme très exposés à l'automatisation générative de l'IA, y compris le commerce et les sciences humaines, prévoient également d'utiliser l'IA dans leur carrière.
La Gen Z souhaite de nouvelles compétences à l’aune de l’IA
La moitié des diplômés de 2024, dont 64 % des diplômés en technologie et 45 % des diplômés hors technologie, affirment qu'ils prévoient de développer de nouvelles compétences à la lumière de l'émergence de l'IA générative. Notamment, les étudiants qui s'inquiètent de l'impact de l'IA générative sur leur carrière sont encore plus susceptibles d'envisager d'acquérir de nouvelles compétences pour s'adapter.
Une disparité selon les genres
Il existe également un écart important entre les sexes à propos de l'IA générative : 94 % des hommes connaissent les outils d'IA, contre 79 % des femmes.
Et parmi les étudiants en technologie qui connaissent ces outils, les femmes sont plus susceptibles de s'inquiéter de l'impact qu'ils auront sur leur carrière - 53 % des femmes sont "assez" ou "très" inquiètes, contre 41 % des hommes.
La Gen Z face au marché de l’emploi
Bien que la Gen Z soit en avance dans l’adoption de l’IA, cette technologie générative perturbe le marché du travail en menaçant certains emplois. Peu d’industries sont immunisées : “la liste des licenciements de cols blancs s’allonge presque quotidiennement et comprend des suppressions d’emplois chez Google, Duolingo et UPS au cours des dernières semaines”, prévient le Wall Street Journal. Car aujourd’hui, l’IA générative ne se contente pas de tâches subalternes, mais a la capacité de “créer du contenu et de synthétiser des idées, le type de travail que des millions de personnes font actuellement derrières des ordinateurs”. Cependant en tant que première génération à étudier l’IA à l’école, la Gen Z reste la mieux positionnée pour naviguer dans cette période de Hunger Games professionnelle.