(Par Arthur Mayrand, Ingénieur Innovations Technologiques, France Télévisions)
J'étais l'un des rares Français à participer il y a quelques jours à Google I/O, la conférence annuelle de Google dédiée aux développeurs où Google annonce traditionnellement ses nouveautés technologiques.
Les nouveautés 2012 :
Nouvelle tablette "Nexus 7", nouveau media-streamer "Nexus Q", nouvel assistant vocal pour concurrencer SIRI d'Apple, lancement de l’application "Google Now", sorte de génie magique censé apporter les réponses aux questions que je devrais être en train de me poser selon Google : Quel temps fait-il, combien de temps je vais mettre pour rentrer chez moi, quel est le score de mon équipe de foot favorite, est-ce que mon avion va avoir du retard... Cette dernière innovation, bien qu'attirante par son côté pratique, me laisse une arrière-pensée mitigée puisque Google se base sur toutes les données personnelles qu'il accumule sur moi pour me donner des réponses avant même que je lui pose une question. En fait j'en viendrais même à espérer que cette application ne marche pas trop bien...
Et enfin, toujours pendant cette conférence, nous avons eu droit une présentation hors-norme des lunettes "Google Glasses", intégrant une caméra et un petit verre transparent pour afficher des informations sur l’environnement de l’utilisateur.
Pour cette présentation, Google a affrété un ballon dirigeable pour survoler San-Francisco et des parachutistes équipés des fameuses lunettes Google ont effectué un saut en sky-diving pour atterrir sur le centre de conférence et les participants à la keynote ont pu vivre ce saut comme si ils y étaient car la vidéo de la caméra des lunettes était retransmise en direct dans la salle de conférence où nous étions.
Sur le moment, l’effet wow est garanti ; mais avec du recul on peut se demande à quoi servent réellement ces lunettes. En fait la seule chose qui ait été présentée ce n’est ni plus ni moins ce que sait déjà faire une caméra GoPro.
Et c’est tout là, l’un des points forts de Google I/O : Google présente des produits parfois pas encore matures, fourni une très belle boîte à outils et invite les développeurs à jouer avec ces outils et à imaginer/créer les applications ou les services de demain.
Les différences avec Apple :
J'avais participé il y a quelques années au même évènement, mais côté Apple, avec Steve Jobs en maître de cérémonie.
Bien que le format (conférence annuelle des développeurs) et le lieu (Moscone Center à San-Francisco) soient exactement les mêmes, les deux évènements sont très différents. Ce qui frappe le plus côté Google, c'est surtout le degré d'ouverture tout au long des conférences techniques et des ateliers.
Les intervenants de Google ne sont pas là pour faire des formations, ils sont là pour présenter, dialoguer et débattre des idées et avancées technologiques avec les participants. D'ailleurs à plusieurs reprises, certains intervenants lors des conférences n'étaient pas salariés de Google mais juste des experts ou des utilisateurs des outils ou technos présentés, parfois même lorsqu'il s'agit d'utiliser les outils de Google !
HTML5 et Cloud / Big Data
Les deux grandes tendances qui se dégagent des conférences sont le HTML5 qui poursuit sa lancée ainsi que le Cloud et le Big Data qui prennent de plus en plus d’importance.
- L’engouement pour HTML5 de la part des développeurs présents est énorme. Les nombreuses conférences et ateliers ont souvent fait salle comble. Les nouvelles possibilités apportées par HTML5 au sein de navigateurs web de plus en plus performants se rapprochent de plus en plus de la réactivité et de l’ergonomie des applications natives sur mobile et tablette. Les présentations sont riches en démonstrations et les résultats sont bluffants, à telle point que l’une des conférences HTML5 à Google I/O s’intitule « The web can do that ?! »
Le frein principal actuel du HTML5 est l’absence de référencement dans les app-store traditionnels (Google Play sur Android et l’App Store sur iphone et ipad) des sites et webapp... Cela fait plusieurs années que l’on attend le développement de véritables app-store d’applications en HTML5, le Chrome Webstore de Google et son alter ego de Mozilla en sont à leurs débuts...
A titre personnel, je pense que lorsque Google référencera les webapp HTML5 dans son Google Play, l’usage des webapp décollera véritablement... mais aucune annonce n’a été faite pour l’instant, dommage.
- L’autre tendance lourde c’est le Big Data et le Cloud.
Google met une grande partie de son expertise de traitement des larges volumes de données à disposition des développeurs extérieurs et sort l'artillerie lourde pour concurrencer les solutions d'Amazon. Moins cher, plus performante (selon eux) que les solutions d’Amazon ou que les solutions hébergées en interne, la volonté affichée est de draguer les développeurs pour qu'ils jouent avec les technos de Google et créent avec de belles applications...
L'enjeu stratégique est qu'une fois développée une solution sur l'architecture Cloud de Google, il est assez difficile de changer de Cloud ou de ré-internaliser les process et on se retrouve alors bloqué chez Google... Toutefois, du moment que l’on est conscient du risque, la proposition de Google est assez séduisante au moins pour maquetter des services rapidement, et profiter de l’expérience de Google en bénéficiant d’outils très performants.
Ah oui, et sinon j’ai eu l’occasion d’utiliser une « Google Chromebox » la vision du PC par Google avec « Chrome OS » dessus. Pour faire simple, c’est un PC qu’il faut brancher à un écran/clavier/souris et connecter à internet avec le navigateur Chrome installé dessus et rien de plus... Pourtant il y a des grosses icones mais quand on clic dessus en fait ce ne sont que des raccourcis pour ouvrir des onglets vers les services Google dans le navigateur Chrome.
Bon j’ai bien cherché, je n’ai pas encore trouvé une véritable utilité...
Si vous avez une idée, à vous de jouer, les commentaires sont ouverts !