Retenu cette phrase du dossier de contre-enquête du Monde daté de samedi et consacré aux ratés français en Tunisie:
"La collecte d'informations semble avoir été parcellaire. Avec un grand angle mort : l'absence de suivi des réseau sociaux tunisiens, qui ont joué un rôle de premier plan. Les seuls sites Internet, auscultés de près par l'appareil d'Etat français et ses services, étaient ceux de la mouvance islamiste".
Cet aveuglement n'est pas l'apanage de l'appareil d'Etat. Il reste d'actualité aussi, hélas, pour un grand nombre de journalistes et de leurs responsables de grands médias traditionnels. "Les blogs, jamais rien appris dedans ! ", dixit, il y pas si longtemps, un réacteur-en-chef central d'une grande maison parisienne.
Aujourd'hui quand Eric Schmidt explique pourquoi il laisse la place, il le fait en une ligne sur Twitter en huit mots, et choisit le blog techno TechCrunch pour se faire interviewer avec les deux autres dirigeants de Google.
Je ressens encore le malaise éprouvé lors d'un déjeuner organisé à Paris avec des dirigeants de Google US, quand un directeur de l'information français, passé par le multimédia, leur demandait si Twitter serait encore là dans deux ans....
Comment expliquer que des professionnels, dont la mission est d'être d'abord curieux des évolutions majeures de la société et qui devraient être avant tout à l'écoute de ceux qui ont désormais pris la parole, restent aussi conservateurs et fermés ?