Par Barbara Chazelle, France Télévisions, Prospective et MediaLab
Toujours très difficile à enrayer, le phénomène des Fake News a bien suscité un sursaut parmi les journalistes et universitaires. Le cinquième rapport annuel du Reporters’ Lab compte 149 projets de fact-checking répartis dans 53 pays, soit 3 fois plus qu’il y a 4 ans, avec une augmentation de plus de 30% sur la dernière année. Au-delà des chiffres, le rapport souligne que ces projets deviennent plus stables en trouvant des moyens plus diversifiés de se financer.
21 nouveaux projets de fact-checking en 2017
La hausse de 30% en une année s’explique par 21 projets lancés en 2017 ainsi que la comptabilisation d’initiatives qui n’avaient pas été identifiées dans le rapport précédent dont 8 projets asiatiques et 9 européens.
Pour la première fois depuis 2014, l’Europe compte davantage de projets que les Etats-Unis (52 vs 47). Le Reporters’ Lab en a répertorié 22 autres en Asie, 15 en Amérique Latine, 4 en Afrique et 3 en Australie.
Fait surprenant, les sites de fact-checking sont encore peu spécialisés mais cela semble changer. On notera les initiatives Climate Feedback de l’Université de Californie Merced, le Détecteur de Rumeurs de l’Agence Science-Presse à Montréal ou encore de Gossip Cop, un site de fact-cheking dédié au secteur de l’entertainment créé en 2009 par Michael Lewittes « un éditorialiste de rumeurs réformé ».
Des projets plus stables et mieux financés
Les sites de fact-checking ont la plupart du temps une activité soutenue autour de périodes électorales puis sont maintenus en service minimum ou deviennent totalement inactifs. Le rapport en comptait 63 dans ce cas. En moyenne, les projets de fact-checking ont quatre ans d’existence, signe que ces initiatives deviennent plus stables.
Alors qu’aux Etats-Unis, les fact-checkers sont majoritairement affiliés à un média à 87%, ailleurs dans le monde, la tendance s’inverse avec la montée en puissance d’organisations à but non lucratif (53% seulement des projets restent directement affiliés à un média). Les fact-checkers non affiliés à un média travaillent soit avec des universités, des think tanks ou sont des observateurs non-partisans.
Le rapport note que ces organisations ont diversifié leur manière de se financer : programmes d’abonnement, dons de particuliers, création d’association mais aussi soutien financier des grandes plateformes à l’instar du Google Lab ou de Facebook qui paye des organisations réparties dans 5 pays pour signaler les hoax qui circulent dans son newsfeed.