Le principal atout c'est d'abord une grosse équipe : 25 personnes, toutes journalistes ! Soit une des plus importantes équipes, sinon la plus importante des médias américains, ont assuré ce week-end à Postdam, ses responsables Chiqui Esteban et Reuben Fischer-Baum lors de la seconde conférence internationale Information+ sur le design informationnel et la visualisation.
C'est aussi un état d'esprit: ne pas être au service des autres !
Au Washington Post, "l'infographie n'est pas une fonction support au service du texte ou d'autres services ! C'est un département qui propose, collecte, écrit, code ses propres projets !".
"C'est-à-dire, bien sûr des visualisations de données, des cartographies, de l'interactivité, mais aussi des illustrations, de l'enquête par les données, des expériences narratives, de la 3D, de la réalité augmentée, ou même simplement des textes bien présentés."
Ces infographies sont diffusées sur le papier (de moins en moins), le web et doivent toujours être parfaites pour le mobile. Elles nécessitent une durée de fabrication évidemment variée : de quelques heures à une journée pour les breaking news, plusieurs journées de travail, quelques semaines ou parfois plusieurs mois, comme récemment pour cette expérience sur la frontière américaine avec le Mexique.
Ce sont des expertises diversifiées...
Pas de journaliste couteau suisse ou de shiva qui saurait faire tous les métiers dans cette équipe !
"Tout le monde ne sait pas forcément coder en Javascript, se servir d'Adobe Illustrator, dessiner une carte ou jongler avec les données via Json". Or il nous faut aussi des compétences en intelligence artificielle, en montage vidéo, en animation 3D, etc... Les gens ne sont pas interchangeables. Mais il faut que chaque reporter infographique dispose d'un mix de compétences à la fois très spécialisées et très étendues."
Avec un socle commun de quatre qualités...
"Tous les membres de l'équipe doivent savoir proposer des sujets, collecter de l'info, écrire un article et expérimenter de manière visuelle".
Et dans un mode de fonctionnement souple, mais rigoureux...
Souple, car les chefs ont des rubriques mais les journalistes sont tous terrains.
Rigoureux, car les outils et les modèles (templates) sont standardisés pour aller plus vite et renforcer la cohérence. Les équipes utilisent le même générateur de projet, le langage de code ArchieML,
Qui n'hésite pas à recourir aux autres équipes de la maison...
Notamment auprès des puissantes équipes techniques d'ingénieurs et de développeurs imposés par Jeff Bezos dans la rédaction, ou des équipes de design, de vidéo, d'animation, et de data-journalisme.
D'ailleurs, sans objectifs chiffrés.
La mesure du succès ne s'y mesure pas en nombre de visites ou en temps passé.
"L'important est d'être lu, regardé (des infographies du Washington Post ont été parmi les pages les plus vues en 2017), de contribuer à la progression des abonnements, d'être innovant, d'avoir un esprit d'équipe, de chercher à avoir un impact".
En résumé ?
C'est donc "chercher à raconter les choses de manière différente, tester des choses, et être ... journaliste ! "