- Il n’est pas sur place
- Il réutilise les témoignages de journalistes et blogueurs hors de sa rédaction
- Il écrit ses articles en 140 caractères
Malgré ces pratiques disqualifiant tout journaliste, la couverture du Printemps Arabe d’Andy Carvin, est, de l’avis unanime, l’une des meilleures au monde.
Sa méthode ?
-- Un tri sélectif de témoignages crédibles de témoins et d’acteurs des révolutions offert à tous, en temps réel, via son compte Twitter @acarvin.
« Je vois mon fil Twitter comme une rédaction open source », a résumé, vendredi à Boston, le responsable des médias sociaux de la radio publique américaine NPR devant un millier de professionnels des plus grands médias américains réunis par l’ONA.
Sa couverture des événements en Tunisie, Egypte, Bahreïn, Libye, Yemen et Syrie est bien à l’origine d’une nouvelle forme de journalisme, récompensée cet été par la prestigieuse Knight Foundation.
Grâce à ses contacts sur place, à la confiance donnée à certains témoignages recoupés, à des vérifications apportées par la communauté, à la reconnaissance d’activistes connus, Andy Carvin a pu donner, depuis son bureau de Washington, un tableau documenté de la situation sur le terrain, voire parfois mener l’enquête à distance.
« C’est un peu comme un survol en hélicoptère, explique-t-il, vous n’avez pas tous les détails précis, mais vous avez une bonne vision du tableau d’ensemble ».
Au début de l’été, il s’est d’ailleurs rendu en Egypte où il a été pris dans un face à face tendu entre manifestants et forces de l’ordre : « j’étais sur place et je n’avais aucune idée de ce qui était en train de se passer. Ce n’est qu’après, en recoupant d’autres sources, que j’ai eu la vue d’ensemble de notre situation ».
Interrogé bien sûr sur sa manière de vérifier les informations, il reste flou. « Très souvent, face à un témoignage, je demande quelle est la source. Parfois, des vidéos ont été vérifiées par des gens de la communauté qui ont authentifié les lieux, les immeubles, etc…Et puis, en Egypte ou en Tunisie, il s’agit souvent de gens que je suis depuis des années : je regardais qui ils retweetaient ».
A Boston, dans la salle, un journaliste d’Al Jazeera, confirme : « désormais, nous ne pouvons plus ignorer ce type de matériaux ». « Aujourd’hui », ajoute l’activiste mauritanien Nasser Weddady à la tribune, il n’est plus possible de couvrir l’actualité sans recourir aux médias sociaux ».
Acquiescement et applaudissements nourris du public.
Peu après, Andy Carvin, poursuivait depuis son iPhone, son travail d’éditeur des soulèvements populaires du Moyen Orient. Il a déjà envoyé près de 100.000 tweets !
Chez NPR, il n’est d’ailleurs pas journaliste, mais Senior Product Manager, en charge des communautés en ligne.