Kevin Spacey aux studios et aux TV : « lâchez prise ! »

Hollywood et les chaînes de télévision ont tout intérêt à arrêter de se crisper face à Internet et aux nouvelles technologies s’ils veulent ne pas connaître le sort de l’industrie musicale et ne pas rater les jeunes générations qui migrent en masse vers les nouvelles plateformes, a martelé jeudi et vendredi Kevin Spacey à Edimbourg.

Dans une énième version d’« adapt or die », l’acteur, metteur en scène, producteur et directeur de théâtre, qui s’exprimait lors du Festival international de télévision, a exhorté les professionnels à profiter de l’énorme appétit du public pour les séries dramatiques consommées à la demande et à tirer les leçons des déboires de la musique.

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« C’est comme aux début de la télévision dans les années 50 : personne ne savait si elle allait durer. C’était le temps béni où tout était possible. Où on pouvait tout essayer. Mon maître, (l’acteur) Jack Lemmon recommandait alors +l’abandon total+ », le lâcher prise pour en profiter et expérimenter. »

Dans les années 90, « l’industrie du cinéma ne croyait pas que la TV pouvait devenir son plus grand concurrent. 15 ans après, et pour ce qui est des fictions à caractère dramatique – je crois que personne ne conteste que la télévision a pris le dessus ». 

Au moment où la TV accède au statut de forme artistique, Spacey recommande donc à ses dirigeants de « tirer aussi parti de l’arrivée brutale de ces nouveaux outils (Internet, streaming, nombreuses plateformes), de prendre plus de risques et d’avoir un peu de patience ».

“Mais Hollywood et l’industrie de la télévision n’écoutent pas (…) Or les studios et les chaînes qui choisiront d’ignorer les virages importants – sophistication croissante des formes narratives et avancées technologiques – seront largués.”  

L’acteur, oscarisé deux fois, a pris l’exemple de son succès cette année dans la série “House of Cards” : “sur la base des riches données de ses utilisateurs, Netflix nous a indiqué savoir que son public était preneur de notre histoire et a donné son accord pour deux saisons sans réclamer de pilote contrairement aux autres diffuseurs classiques”.  Pour lui, les chaînes “sont trop concentrées sur toucher la plus grande audience possible et offenser le moins de monde possible”.

“Aujourd’hui, avec la multiplicité des producteurs et des auteurs, combinée à l’appétit du public, plus les télévisions manqueront ce genre d’opportunités, plus d’autres le feront à leur place”. “Vous ne pouvez plus ne pas donner aux gens ce qu’ils veulent. Des histoires surprenantes, complexes, riches, et à tout moment, n’importe où !”.

Kevin Spacey s’est déclaré aussi favorable à la sortie simultanée des films en ligne et en salles. Il ne croit plus non plus dans une limitation imposée de la durée de visionnage quand le public est immergé dans l’histoire. Il parie que des séquences ininterrompues de 13 heures de fiction dramatique seront bientôt proposées à la diffusion. « Ce sera au spectateur de choisir les moments du break ».

“L’audience a pris le contrôle ! .”

 

La vidéo du speech :

PS : vous pouvez aussi retrouver ici le texte de ce discours prononcé jeudi soir par Kevin Spacey à Edimbourg. Les autres déclarations ont été faites vendredi matin lors d'une séance de questions/réponses avec le public du Festival.