Par Lisa Rodrigues, MediaLab de l'Information à France Télévisions
L’édition 2021 de Change Now entièrement en distanciel a une nouvelle fois présenté les grands défis et acteurs du monde de demain. Entreprises, startups, médias et politiques issus de 150 pays en ont esquissé les contours.
Le futur sera résolument connecté tout en étant respectueux de l’environnement : c’est, en substance, le point de départ des discussions de Change Now 2021. Le temps n’est plus au quand faut-il agir, mais au comment protéger au mieux la planète et notre société avec les technologies à notre disposition. Des solutions, parfois encore en développement, ont été présentées, comme cette startup soutenue par Microsoft qui s’est inspirée des abeilles pour cartographier et mesurer l’évolution des écosystèmes dans plusieurs pays européens.
Le monde de la tech est ainsi en première ligne sur ces questions environnementales et sociales, et il est conscient de sa capacité d'action. Il est facile de retenir les grandes promesses des géants du numérique : un bilan carbone neutre ou négatif d’ici 2030 a été annoncé par la plupart d'entre eux. Ces actions sont réclamées par une part croissante de la population, en particulier par les jeunes à l'image de Greta Thunberg aperçue dans une vidéo de promotion d'une initiative d'entreprises de la tech pour "protéger, restaurer et financer" la biodiversité.
L’importance de l’intelligence collective
Une collaboration et une coopération de tous les acteurs impliqués est indispensable, et cela a été rappelé à de nombreuses reprises. La mise en commun de données et d’outils doit aider à créer une “intelligence collective” capable de résoudre une partie des problématiques liées au changement climatique. Pour y arriver, l’intelligence artificielle est largement déployée, notamment pour pouvoir traiter et analyser la quantité importante de données nécessaires à des projets comme celui d’un “planetary computer” mesurant en temps réel la déforestation ou la fonte des glaciers, et accessible par tous.
Cette “IA for good and for all” soulève toutefois certaines questions et craintes. La technologie n’est pas parfaite, et est notamment prompt à recourir à des biais dans ses analyses. Il faut ainsi l’envisager avant tout comme un outil, et non une solution, pour acquérir plus rapidement des connaissances nécessaires à l’humanité, selon la définition de l’IA du fondateur de DeepMind rappelée lors d’une table ronde.
La jeunesse très engagée sur le sujet
Sans grande surprise, la jeunesse a particulièrement été mise en avant par les différents panels pour son engagement en faveur d’un futur plus vert. Problème, leur voix est parfois éloignée des pouvoirs publics. Ils sont considérés comme inexpérimentés ou - ironiquement - trop jeunes. Pour aider à faire remonter leurs demandes, des acteurs de l’entertainment et des médias proposent davantage de contenus reflétant leurs combats. Ils sont également de plus en plus nombreux à verdir leur fonctionnement, tout comme les entreprises de la tech. Citons Radio France qui, prenant exemple sur The Guardian, s'est engagé à privilégier certains annonceurs plus respectueux de la planète.
La prise de conscience de cette jeunesse engagée vient parfois suite à un sentiment d’impuissance face à la catastrophe environnementale et à la désinvolture des générations précédentes à ce sujet. Cette “éco-anxiété” touche différemment les jeunes suivant l’exposition de leur pays aux catastrophes - ils sont 70% des 18-24 ans à déclarer l’être au Royaume-Uni. Pourtant, ce sont aussi eux qui peuvent faire bouger les lignes, et nombre d'intervenants appellent à mieux les intégrer dans les processus décisionnels et projets en faveur d'un monde plus vert.
Illustration en une : Markus Spiske Unsplash