Dans la course des géants du streaming, Netflix semble avoir une longueur d’avance. La société a conclu cette semaine un accord de 10 ans avec la WWE - une entreprise américaine spécialisée dans l'organisation d'événements de divertissement - pour les droits de l’émission de catch "Monday Night Raw", un programme hebdomadaire diffusé depuis 31 ans sur le petit écran. Cet accord évalué à 5 milliards de dollars contribue à la diversification des contenus de Netflix en même temps qu’il signe un « changement radical pour l'industrie du divertissement qui passe de la télévision linéaire à la diffusion en continu » analyse Axios. Passage à la loupe de la stratégie de différenciation de la plateforme :
Netflix mise sur le sport en direct pour diversifier ses contenus, mais pas que…
« Notre partenariat modifie et renforce fondamentalement le paysage médiatique, élargit considérablement la portée de la WWE et permet à Netflix d'accéder à des rendez-vous hebdomadaires en direct » a déclaré Mark Shapiro, président et directeur de TKO (société détenant WWE). Netflix n’en est cependant pas à son coup d’essai. En 2023, la société avait annoncé qu'elle organiserait son tout premier événement sportif en direct, avec des pilotes de F1 et des golfeurs professionnels s'affrontant lors d'un tournoi de golf. Quelques mois plus tôt, l’entreprise s’était déjà essayé à la diffusion en direct avec une émission de stand-up du comédien américain Chris Rock. Pour compléter ce portefeuille d’activités, l’accent a été porté sur la création de films originaux et émissions de télé réalité comme « Too hot to handle » ou « Love is Blind ».
« La société s'est lancée dans la télé-réalité, les romans à l'eau de rose et les séries internationales, tout en confiant de grosses sommes d'argent à des scénaristes de renom tels que Shonda Rhimes et Ryan Murphy » explique le Financial Times. En 2021, les dépenses annuelles en contenu avaient dépassé les 17 milliards de dollars.
Les raisons de cette diversification ? Une réaction à la perte de ses licences à l’instar de la série "Friends" au fur et à mesure que la concurrence se multiplie.
Un changement de paradigme porté par une hausse des recettes et des abonnements
Si Netflix a connu une année noire en 2022 caractérisée par une chute de sa marge d’exploitation et un lourd endettement de plus de 14 millions de dollars, l’entreprise a su remonter la pente en 2023. La plateforme a gagné 13 millions d’abonnés supplémentaires, notamment en raison de sa politique de restriction des mots de passe. Elle a augmenté considérablement ses revenus grâce à l’augmentation de ses prix et le lancement d’un abonnement financé par la publicité. Mais le véritable changement est venu de la réduction des coûts, favorisée par une grève des scénaristes à Hollywood qui a interrompu les productions. Alors que le chiffre d'affaires a augmenté de 6,6 % en 2023, le bénéfice net a progressé de 20 %.
Bien que Netflix éclipse les autres plateformes de streaming, il reste encore du chemin à faire pour que la compagnie rivalise avec Youtube qui propose du contenu créé gratuitement par ses utilisateurs. Ce qui est certain, selon The Wired, c’est que : « l'ancien cahier des charges de Netflix a été mis au placard. Le nouveau - un mélange de programmes originaux et sous licence, de contenus financés par la publicité et d'événements en direct - ressemble de plus en plus au paradigme du câble que le streaming avait l'intention de remplacer ». La télévision traditionnelle perdra-t-elle ce combat de catch ?
CETTE SEMAINE EN FRANCE
- IA : la France peine à faire entendre sa ligne pro-innovation en Europe (Les Echos)
- Succès de Squeezie : dans les coulisses des concepts YouTube qui détrônent la télé (Libération)
- Le Conseil d’Etat pourrait demander à l’Arcom d’être plus intransigeante envers CNews sur le respect du pluralisme (Le Monde)
- C8 à nouveau sanctionnée par l’Arcom pour une séquence de « Touche pas à mon poste » (Le Monde)
- Intelligence artificielle : les créateurs en appellent à Rachida Dati (La Croix)
- Amazon va trop loin dans la surveillance des salariés selon la CNIL (Les Echos)
3 CHIFFRES
- La consommation linéaire passe sous la barre des 50% de la consommation vidéo totale en France, selon le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).
- Les revenus publicitaires de LinkedIn aux États-Unis augmenteront de 14,1% pour atteindre 4,56 milliards de dollars cette année, d’après Business Insider.
- La CNIL sanctionne Amazon France d’une amende de 32 millions d’euros.
ℹ️🔴 La CNIL sanctionne AMAZON FRANCE LOGISTIQUE d’une amende de 32 millions d’euros notamment pour avoir mis en place un système de #surveillance de l’activité et des performances des salariés excessivement intrusif 👉https://t.co/OPxjqboAbz pic.twitter.com/HFk4fGysSI
— CNIL (@CNIL) January 23, 2024
LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE
La désinformation en tête des risques mondiaux en 2024
NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ
- La désillusion des journalistes partout dans le monde (Reuters Institute)
- Pitchfork va me manquer, mais ce n'est que la moitié du problème (Ezra Klein)
- Comment les algorithmes des médias sociaux 'uniformisent' notre culture en prenant des décisions à notre place (NPR)
- L'avenir du journalisme s'assombrit (New York Times)
- La guerre du streaming est terminée et Netflix a gagné (Financial Times)
DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION
- New York est la première ville à déclarer que les médias sociaux constituent un danger pour la santé publique (Washington Post)
DONNEES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE,DÉSINFORMATION
- Les deepfakes audio deviennent l'arme de prédilection de la désinformation électorale (Financial Times)
- Un nombre croissant d'applications facilitent l'automatisation du militantisme pro-israélien en ligne (Washington Post)
- Elon Musk propage des informations erronées sur les élections, mais les vérificateurs de X sont partis depuis longtemps (New York Times)
- Clarissa Ward demande à Israël de laisser les journalistes rendre compte librement de l'actualité à Gaza (Washington Post)
LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION
- DMA : Meta et Google permettent désormais à leurs utilisateurs de pouvoir dissocier les différents plateformes (Correspondance de la Presse)
- Digital Market Act: Meta et Google livrent un aperçu du big bang qui s'apprête à secouer l'internet européen (Le Figaro)
JOURNALISME
- Le Los Angeles Times annonce le licenciement d’au moins 115 journalistes (Los Angeles Times)
- La nouvelle PDG de la radio publique américaine NPR dit qu’elle déteste le mot « contenus » (NPR)
- Au sein du complexe politico-médiatico-industriel américain en pleine déconfiture (Semafor)
- Après les licenciements du LA Times, une nouvelle pression pour obliger Google et Facebook à payer pour l'information (San Francisco Chronicle)
- Le HuffPost U.K. connaît des problèmes de trésorerie qui obligent les pigistes à courir après l'argent pendant des mois (Press Gazette)
- Business Insider prévoit de réduire son effectif mondial de 8% (Press Gazette)
- La guerre de l'information en Ukraine se retourne-t-elle contre ses propres journalistes ? (Columbia Journalism Review)
- Guerre contre Gaza : Le photojournaliste Motaz Azaiza évacué au Qatar (Middle East Eye)
- Les travailleurs syndiqués de Condé Nast se mettent en grève suite à l'annonce de licenciements (Axios)
L.A. Times began laying off at least 115 people in the newsroom beginning today in an effort to stem deep financial losses. Many cherished colleagues - including some with years of service - are being forced to say good-bye. @latimes https://t.co/rQDX4pFI9x
— Meg James (@MegJamesLAT) January 23, 2024
STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS
- Le plus grand journal norvégien s'exprime sur ce que les lecteurs aiment - et n'aiment pas - dans les articles audio (INMA)
RÉSEAUX SOCIAUX, MESSAGERIES, APPS
- Le gouvernement flamand veut obliger TikTok et YouTube à partager leurs revenus (The Guardian)
- Twitch change ses règles de monétisation (The Verge)
- Meta met en place des limitations de messagerie plus strictes pour les adolescents et des contrôles parentaux (TechCrunch)
- Les influenceurs TikTok promettent de vous rendre riche. Le calcul n'est pas juste (Rolling Stone)
- Nous sommes entrés dans l'ère du visage TikTok (Dazed Beauty)
- BeReal, qui compte maintenant 23 millions d'utilisateurs actifs quotidiens, intègre des marques et des célébrités (TechCrunch)
- X submergé par des fausses images explicites de Taylor Swift générées par l'IA (The Verge)
IMMERSION, 360, VR, AR
- Microsoft licencie environ 10% des effectifs de sa branche jeux vidéo (The Verge)
- Des conférenciers en hologramme enthousiasment les étudiants d'une université britannique novatrice (The Guardian)
STREAMING, OTT, SVOD
- Netflix débarque dans le sport en direct (CNBC)
- Les abonnés et les revenus de Netflix augmentent grâce à la politique de répression du partage de mots de passe (Wall Street Journal)
AUDIO, PODCAST, BORNES
- Cette playlist Spotify qui vous comprend vraiment ? Elle a été écrite par une IA (New York Times)
- Les réseaux de podcasts testent des outils d'IA pour la traduction des émissions, l'aide à la production et la vente de publicité (Digiday)
Web3, BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT
- NFT, chaos dans le monde de l’art (Capital)
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, DATA, AUTOMATISATION
- Un nouvel outil logiciel gratuit permet aux artistes d'"empoisonner" les modèles d'IA cherchant à s'entraîner sur leurs œuvres (VentureBeat)
- Comment l'IA peut trouver les films, les séries télévisées et les livres parfaits pour vous (Wall Street Journal)
- La plupart des sites d'information bloquent les robots d'intelligence artificielle. Les médias de droite les accueillent à bras ouverts (Wired)
- Schibsted remporte un franc succès avec l'IA audio (INMA)
- L'IA annonce la prochaine génération d'escroqueries financières (Financial Times)
MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ
- La boutique TikTok est énorme. Est-ce que cela va durer ? (The New Consumer)
- Les plateformes sociales deviennent des "moteurs de marketing", les créateurs cherchant à conclure des accords directs pour gagner de l'argent (Digiday)
- Publicis investira 300 millions d'euros dans l'IA pour poursuivre sa transformation (Les Echos)
Kati Bremme, Alexandra Klinnik et Aude Nevo