Par Barbara Chazelle, France Télévisions, Directions Stratégie et Prospective
Quatre champions nationaux de la « French Tech » ont été mis à l’honneur hier soir lors de la 8e soirée des "Objets de la Nouvelle France Industrielle": le studio d’animation Mac Guff Illumination, Orée qui s’est lancé dans la fabrication de produits technologiques en bois, Laser Technologies qui propose des lunettes connectées et la société Carmat désormais célèbre pour son cœur artificiel.
Mac Guff Illumination : « On peut ramener Hollywood à Paris grâce au numérique »
Le studio d’animation Mac Guff présenté par son président Jacques Bled a notamment réalisé le long métrage « Moi, moche et méchant » et a dans ses cartons cinq autres projets pour les studios Universal. Ce studio reconnu en Europe pour la création d’effets visuels numériques et d’animation 3D est désormais en charge de toute la production de films d'animation du géant américain jusqu'en 2017 et emploie pour ce faire 600 personnes à Paris.
Selon Jacques Bled, Universal a su voir en Mac Guff un certain héritage français en matière de culture de l’image (« depuis Lascaux ! ») mais aussi reconnaître que la France possède des écoles reconnues telle que les Gobelins, une créativité originale, une maîtrise technologique, et un soutien public sécurisant, avec entre autre le Plan Image lancé à l’époque par Jack Lang. Grâce à tout cela, la France est 3e sur le marché mondial de l’animation. Pour maintenir l’attractivité de la France face aux Etats-Unis, au Japon et au Canada, Jacques Bled a suggéré une « optimisation de la performance des crédits d'impôt de 20 à 30% » ainsi que la « pérennisation du statut des intermittents, statut doit être aménagé et non menacé. »
Orée : « artisan d’une technologie émotionnelle »
« On accumule des objets mais à combien d’entre eux tient-on réellement ? » C’est en ce posant cette question et face au constat que les matériaux naturels étaient absents des objets technologiques que Julien Salanave a eu l’idée de réaliser des « objets simples, utiles au quotidien, qui durent et qui ont une âme ».
La société Orée s’est ainsi lancée dans la fabrication d’un clavier en bois d’érable ou de noyer connectable à cinq terminaux simultanément grâce à une combinaison de touche. Sur les 100 pièces réalisées chaque semaine, 70% trouvent preneur à l’export. Plus récemment Orée propose aussi un carré tactile en bois qui peut remplacer la souris et/ou le pavé numérique d’un clavier mais aussi un pavé en bois massif ou en marbre qui permet de recharger son téléphone par induction.
Julien Salanave a déploré la frilosité des investisseurs en capital-risque en France pour les objets connectés : le financement de la « chaîne de fabrication reste à inventer sur notre territoire » a-t-il déclaré.
Laster Technologies : « La prochaine étape, c’est l’homme augmenté »
Thierry Penet, Directeur Commercial de Laster Technologie, est venu présenter ses « lunettes à réalité augmentée » que la société développe depuis 2005, se positionnant ainsi 3e sur le marché mondial. « Google est le 4ème ! […] On n'a pas peut de s'attaquer aux géants mondiaux ! » a-t-il dit.
La société compte bien se battre pour valoriser son avance technologique dans le domaine de la réalité augmentée. Pour le moment, il s’agit de libérer les mains de son utilisateur ; demain ces lunettes permettront de télé-agir avec des objets connectés et après demain, Laster Technologies prédit « l’homme augmenté » avec quelques capteurs au cerveau.
Carmat : « Ces innovations en cascade montrent qu'il y a encore beaucoup d'espoir et beaucoup de travail à faire dans le futur »
Fondée en 2008, Carmat a mis au point le premier cœur artificiel biocompatible au monde dont le but est de « proposer une alternative au traitement de l’insuffisance cardiaque avancée », ce qui concerne des patients dont l’espérance de vie est estimée à 2 ou 3 mois.
Si « la compétition est lancée » selon Jean-Claude Cadudal, son président, Carmat « a 5 à 10 ans d'avance sur la concurrence ». A moyen terme, l’objectif de la société est d’accéder aux marchés européen et américain ainsi que de développer une version plus petite du cœur artificiel. A plus long terme, Carmat a « d'autres projets de créations d'organes artificiels » et assure être « prêt à rentrer dans ce qu'on appelle l'homme connecté ».
Fleur Pellerin, ministre des PME, de l'Innovation et de l'économie numérique a estimé l’ « on a besoin d'une chaîne de financement complète ». C’est pour aller dans ce sens qu’un fond "Large Venture" créé avec la Banque Publique d'Investissement a été mis en place (pour les financement de plus de 25 millions d’euros) et que le Gouvernement travaille à la création d’un fond pan européen.
Elle répond ici à Méta-media :
