Liens vagabonds : Élection de Donald Trump, un tournant décisif pour les entreprises de la tech ?
Autrefois persona non grata dans la Silicon Valley, Donald Trump voit aujourd’hui les dirigeants de la tech multiplier les courbettes. Tous étant bien conscients que leur avenir se joue désormais dans les mains du candidat républicain. « Félicitations au président Trump », s’est empressé d’écrire Mark Zuckerberg sur Threads. Rappelons que dans le passé, le milliardaire républicain avait menacé d’envoyer en prison le patron de Facebook s’il faisait « quoi que ce soit d’illégal » pendant l’élection. « Nous avons hâte de collaborer avec vous et votre administration pour que les États-Unis continuent de briller par leur ingéniosité, leur innovation et leur créativité », a ajouté Tim Cook. Sam Altman, de son côté, a embrayé : « Je lui souhaite un immense succès dans ses fonctions. Il est crucial que les États-Unis maintiennent leur avance dans le développement de l’IA, en respectant les valeurs démocratiques ».
Pages from Trump’s new book where he threatens to imprison Mark Zuckerberg for life, and has kind words for Kim Jong Un and Putin https://t.co/3bqGCkyUN6 by @katiadoyl pic.twitter.com/S6AC5gC1mX
— Amanda Terkel (@aterkel) August 30, 2024
Elon Musk, conseiller de l’ombre
Parmi les dirigeants de la tech, Elon Musk, PDG de Tesla et de X, s’impose comme un allié de poids pour Donald Trump. Devenu le plus grand relais de contenus pro-Trump et de désinformation sur X, Elon Musk aurait fait plus que quiconque aux États-Unis pour soutenir son élection, y contribuant notamment avec un don de 120 millions de dollars.
Ces généreux et puissants services ont payé. Donald Trump souhaite confier à sa « star » un rôle stratégique dans un « département de l’efficacité gouvernementale ». Ce poste permettrait à Elon Musk de recommander d’importantes réductions de la bureaucratie fédérale. Un tel poste lui donnerait aussi une influence directe sur les régulations touchant ses entreprises, comme Tesla et SpaceX. Comparé à ses précédents investissements – l’achat de Twitter pour 44 milliards de dollars et ses contributions financières à la campagne républicaine – cette perspective d’influence est bien plus précieuse. Elon Musk commence d’ailleurs déjà à en récolter les fruits : l’action de Tesla a bondi de 12 % mercredi matin. Par ailleurs, ses liens avec Donald Trump semblent déjà solides ; mercredi, le candidat républicain a passé un appel téléphonique, avec Elon Musk, au président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Vers un allègement des régulations ?
Selon un ancien cadre de SpaceX, Elon Musk considère « toute régulation comme un frein à ses affaires et à l’innovation ». Il voit dans l’administration Trump l’opportunité de démanteler un maximum de ces régulations, pour avancer selon ses propres termes et à son rythme. Les entreprises technologiques, notamment celles proches de Elon Musk et de Peter Thiel, voient en Trump un « grand dérégulateur ». Sous l’administration Biden, des actions ont été intentées contre Apple, Google, Meta, et Amazon. Pour le New York Times, il est probable que Donald Trump et ses alliés éliminent les acteurs associés aux batailles antitrust de l’administration Biden contre les grandes entreprises tech. Elon Musk a d’ailleurs affirmé que Lina Khan, la présidente de la Federal Trade Commission (FTC), serait renvoyée. Responsable des actions contre Amazon et Meta, elle est accusée par les républicains d’entraver les acquisitions de start-ups prometteuses par les grandes entreprises tech. Dan Ives, analyste chez Wedbush, qualifie Lina Khan de « cauchemar pour le secteur technologique » et ajoute que son départ pourrait favoriser davantage de fusions et acquisitions.
Dans ce contexte, Google pourrait connaître un sort particulier. Les conservateurs pro-Trump accusent depuis longtemps le géant de la recherche de biais contre les voix conservatrices, une pression antitrust qui pourrait se maintenir.
Le retour de Donald Trump pourrait ainsi marquer le début d’une phase de déréglementation favorable aux entreprises tech, notamment celles en bons termes avec le milliardaire au teint orangé. Comme le mentionne Olivier Alexandre, chargé de recherche au CNRS: « En échange de leur soutien à Donald Trump, ils espèrent voir leurs intérêts servis. Pourtant, la rhétorique du président américain tend à brouiller ses réelles intentions. C’est un peu le paradoxe avec Donald Trump ; il dit tout et son contraire. »
CETTE SEMAINE EN FRANCE
- Sept familles françaises annoncent assigner TikTok en justice après des suicides d’adolescentes (Le Monde)
- Perquisitions en cours chez Netflix à Paris pour des soupçons de fraude fiscale (les Echos)
- Disney disparaîtra de Canal+ à partir de janvier 2025 (Télérama)
- Ici remplace définitivement France 3 Régions : “On a peur de perdre notre identité” (Télérama)
- Amazon teste la livraison gratuite des livres, que la loi devait pourtant lui interdire (Les Echos)
- Comment YouTube est devenu un nouveau géant de la télé en France (Les Echos)
3 CHIFFRES
- 1 page sur 20 sur Wikipédia semble désormais rédigée avec l’aide de l’IA (NewScientist)
- 5/5 jours : le Washington Post exige un retour au bureau de ses employés (New York Post)
.@washingtonpost requiring staff to return to office 5x per week by June 2, 2025, per email sent to staff
— Sara Fischer (@sarafischer) November 7, 2024
- 84 millions d’heures d’information ont été englouties par les utilisateurs de YouTube le jour des élections présidentielles (Fortune)
LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE
Les streamers individuels les plus populaires ayant couvert le jour des élections américaines
Source : Streams Charts
NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ
- Comment les photos et vidéos en ligne modifient notre façon de penser (BBC)
- J’ai pris des « vacances de décisions » et laissé l’IA prendre les commandes de ma vie (New York Times)
- X est un site suprémaciste blanc (The Atlantic)
- Trump gagne, la presse perd (Columbia Journalism Review)
- La victoire de Trump l’a confirmé : les nouveaux médias dépassent l’ancienne garde (WSJ)
DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION
- Les employés du NYT dans le secteur tech créent leurs propres jeux pendant la grève (The Verge)
- Roblox annonce de nouvelles fonctionnalités de sécurité pour les moins de 13 ans (BBC)
- La Corée du Sud inflige une amende à Meta pour collecte illégale de données utilisateurs (The Korea Times)
- Ce que les PDG des Big Tech attendent d’un second mandat de Trump (Financial Times)
- Après la victoire de Trump, le mouvement 4B se répand sur TikTok (Wired)
@prettyboymessiah♬ original sound – 𝘷𝘢𝘭🎧
DONNEES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION
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- Un deepfake montrait MLK Jr. soutenant Trump. Sa fille le qualifie d’ odieux » (Washington Post)
If Martin Luther King, Jr. was alive today, he’d support President Trump #DilleyMemeTeam #BlackHistoryMonth pic.twitter.com/lIfcXd3XQR
— Ramble_Rants (@ramble_rants) February 1, 2024
LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION
JOURNALISME
- Le New York Times dépasse les 11 millions d’abonnés (New York Times)
- Les organisations de presse contraintes d’accepter les crawlers IA de Google, selon le directeur des politiques du FT (Financial Times)
- Les éditeurs dépendants du trafic de Google Discover risquent une course vers le bas (Press Gazette)
STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS
- Comment un magazine de 178 ans reste pertinent, un post Instagram à la fois (New York Times)
- Les super télévisions géantes s’envolent des étagères des magasins (CNN)
- Meta ouvre un pop-up store pour ses lunettes Ray-Ban Meta (The Verge) ; tandis que l’unité Reality Labs, qui développe des technologies de réalité augmentée et virtuelle, a enregistré une perte d’exploitation de 4,4 milliards de dollars (CNBC)
ENVIRONNEMENT
- Jeff Bezos dit qu’il est un homme engagé pour le climat, mais pourquoi cet acte d’allégeance ? (The Verge)
RÉSEAUX SOCIAUX, MESSAGERIES, APPS
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- Daze, une application de messagerie créative et alimentée par l’IA pour la génération Z, est en train d’exploser avant son lancement (TechCrunch)
- Le NSPCC affirme que Snapchat est l’application la plus utilisée pour le grooming (BBC)
- L’Australie prévoit d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 16 ans (BBC)
- L’unité canadienne de TikTok ordonnée de dissoudre ses opérations pour des raisons de sécurité nationale (Wall Street Journal)
- Threads était presque inutile lors de la nuit des élections (mais c’est un peu le but) (NiemanLab)
Voir dans Threads
STREAMING, OTT, SVOD
- Paramount a renoncé à une fusion avec Warner Bros. après des mois de négociations (Bloomberg)
- Amazon intègre des résumés générés par IA à son catalogue Prime Video (The Hollywood Reporter)
- Paramount visé par un recours collectif pour partage de l’historique de visionnage des abonnés (The Hollywood Reporter)
- Warner Bros. Discovery ajoute 7,2 millions d’abonnés à Max, son plus grand bond trimestriel (CNBC)
AUDIO, PODCAST, BORNES
- 82% des téléchargements de podcasts s’effectuent via smartphone, selon l’ACPM (Media Leader)
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, DATA, AUTOMATISATION
- La startup d’IA Perplexity va tripler sa valorisation à 9 milliards de dollars lors d’une nouvelle levée de fonds (Wall Street Journal)
- OpenAI a-t-il dépensé plus de 10 millions de dollars pour un URL ? (The Verge)
- Une œuvre d’art IA d’Alan Turing se vend pour 1,3 million de dollars (BBC)
- L’IA pourrait remplacer 3 millions d’emplois, mais les pertes à long terme seraient « relativement modérées », selon le think tank de Tony Blair (The Guardian)
- Google Scholar ajoute désormais des plans générés par IA aux articles de recherche (NiemanLab)
- L’autre gagnant de la soirée électorale : Perplexité (TechCrunch)
MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ
- Pourquoi l’industrie de la publicité redéfinit la notion de créateur vs. influenceur (Digiday)
Et aussi :
Par Kati Bremme, Alexandra Klinnik et Océane Ansah