Information : Le paradoxe de confiance entre plateformes et médias, et comment le résoudre

Du Nord au Sud de la planète et depuis plusieurs décennies, l’information par les médias traditionnels est mise à l’épreuve des plateformes, leur accessibilité, leur contenu prolifique et leurs utilisateurs toujours plus nombreux. Le rapport des citoyens avec l’information en général s’est transformé et s’est dégradé : la confiance du public dans les médias d’information ne cesse de diminuer inexorablement alors que l’accès à l’information n’a jamais été aussi facile. Le Reuters Institute s’est interrogé sur le rôle des médias sociaux, des moteurs de recherche et des applications dans l’érosion de la relation entre les médias d’information et leur public. 

Par Isya Okoué Métogo, MediaLab de l’Information

Leur dernière étude, analyse l’écart de confiance entre l’information sur les plateformes digitales et l’information en général. Elle interroge près de 2 000 répondants, au Brésil, en Inde, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis sur leur rapport à l’information sur Facebook, Google, WhatsApp et YouTube. Or, alors que la façon dont les gens perçoivent l’information varie selon les pays, les plateformes, le type d’information ou même le public, un paradoxe persiste partout : un sentiment positif envers les plateformes mais une défiance de l’information présentées sur celles-ci, et à l’inverse un sentiment assez négatif envers les médias d’information mais une plus grande confiance dans leurs informations. 

Question de perception : confiance dans l’information des médias traditionnels versus plateformes 

Le public accorde systématiquement plus de confiance dans les médias d’information que dans les réseaux sociaux, les moteurs de recherche et les applications de messagerie. C’est en Inde que le niveau de confiance global est le plus élevé, tandis que le Brésil semble de nature plus sceptique, notamment ces dernières années avec l’influence des bolsonaristes sur les médias nationaux. Le Digital News Report 2022 avait déjà souligné la baisse de confiance envers l’information de la population du géant latinoaméricain, et là encore ⅓ des répondants indiquent ne pas faire confiance à l’information dans les médias de leurs pays. 

A l’unanimité, Google est la plateforme en laquelle le public a le plus confiance , et dépasse à chaque fois les 50%. Pourtant, même si cette confiance est importante, on remarque un écart constant entre la confiance accordée aux informations sur les plateformes et la confiance accordée à l’information en général : les plateformes sont perdantes au détriment des médias d’information. C’est particulièrement le cas pour Tiktok, parce que le réseau social est vu comme une source inépuisable de divertissement avec peu de modération.

 

La confiance portée en une plateforme dépend naturellement de la façon dont on utilise la plateforme. Ainsi, les niveaux de confiance les plus bas envers les plateformes versus les médias traditionnels  sont observés chez les personnes qui ne les utilisent pas du tout: leur jugement est alors plus fondé sur l’idée qu’ils ont de l’information sur les plateformes que sur une réelle expérience. La confiance envers WhatsApp par les répondants états-uniens illustre cette problématique : seulement 13% des non-utilisateurs de l’application ont un avis positif sur la plateforme, alors que ⅕ des États-Uniens ont utilisés la plateforme dans une fenêtre de 30 jours. 

La même logique se retrouve pour l’information en général : les répondants apportant une niveau de confiance plus bas à l’information en général  sont ceux qui la consomment le moins. Sans surprise, les niveaux de confiance les plus hauts se retrouvent chez un public jeune, ayant réalisé des études supérieures et s'intéressant aux questions politiques. Ce public qui accorde plus de confiance en l’information en général est aussi celui qui a le plus accès à l’information. 

Pourquoi les personnes interrogées ont-elles un sentiment positif envers les plateformes si elles n’ont pas confiance en l’information qu’elles y trouvent ? Tout simplement parce que l’information n’est pas la raison principale pour laquelle ces personnes utilisent les plateformes. Les usages principaux restent la connexion à d’autres personnes et le divertissement, et pour ces usages l’expérience proposée est positive. On retrouve la logique d’accorder un sentiment positif à ce que l’on utilise le plus : les réseaux sociaux. 

Selon les résultats de l’étude du Reuters Centre, les critiques contre les journalistes proviennent principalement des discours entendus sur les réseaux sociaux, des politiciens, mais aussi des conversations quotidiennes. Les critiques contre les journalistes touchent majoritairement à l’influence qu’ils peuvent avoir sur l’opinion publique : on leur reproche de manipuler leurs auditeurs ou leurs lecteurs au service d’un agenda politique, ou pour rechercher l’attention. C’est particulièrement le cas en Inde, où 53% des répondants pensent que les journalistes ne sont qu’à la recherche du profit. Pourtant, sur les réseaux sociaux, les journalistes sont à la merci des marqueurs d’influence des plateformes, dans un contexte hostile où ils ont peu de maîtrise sur leur environnement.

L’impact des réseaux sociaux sur l’image que l’on a des médias d’information montre un déséquilibre des forces entre ces médias et les plateformes. Alors que les réseaux sociaux élargissent la portée de l’information pour les rédactions, ils obligent aussi les médias d’information à céder le contrôle de la distribution et de la visibilité de leur contenu à des sociétés extérieures, notamment pour atteindre des segments du public qui ne se dirigent plus directement vers eux. L’écart de confiance mis en avant dans le rapport du Reuters reflète un lien direct entre la perception du public sur l’utilité des plateformes, le type d’information accessible et  la façon dont sont pensés les médias d’information. Le défi majeur de ces derniers est alors de (ré)tablir et de maintenir la confiance du public, avec la manière dont leur journalisme est perçu mais surtout avec la part d’audience qu’il atteint.

Le goût de l’information : rétablir et maintenir l’exposition et la confiance du public 

Face à des réseaux sociaux dont l’information n’est pas la priorité et qui s’éloignent d’un contenu informationnel au profit du divertissement, les médias doivent trouver un moyen de regagner la confiance et l’attention de leur public. Le tournant de Facebook vers le divertissement par la promotion du contenu UGC (User Generated Content) et par la suppression de Facebook News traduit ce glissement des plateformes. Le défi de l’érosion de la confiance est surtout dû au fait de rester visible et pertinent dans ces espaces numériques dans un contexte d'hostilité croissante envers l’information. Des enjeux qui questionnent la profession journalistique, le caractère et la qualité du contenu. 

Pour regagner la confiance du public, il apparaît nécessaire de cultiver la familiarité du public avec les marques médias. Pour Frédéric Petronio, du groupe Nord Littoral, il est important de réduire la fracture entre les médias et les citoyens : les journalistes doivent sortir des rédactions, aller au contact des publics et créer de véritables relations humaines. Une des pistes de réflexion est de développer le journaliste-individu, comme c’est le cas de Rémy Buisine pour le média Brut. En incarnant le média et en étant vu exercer sa profession, il est plus fréquent d’être accueilli avec bienveillance sur le terrain (même si le contraire peut aussi être le cas). Cette approche permet aussi d’avoir une démarche active et de développer un journalisme d’impact et de solution. 

Courir un peu moins après l’actualité et embrasser la créativité et la diversité de formats et de contenus qu'apportent les réseaux sociaux semble un bon moyen pour rétablir la confiance et l’attention du public. Avec un retour à des formats plus longs comme les reportages ou les investigations, on peut se différencier dans la masse d’information en ligne et proposer au public une réflexion et un éclairage sur des sujets qui les touchent. C’est notamment le cas du numéro de Complément d’Enquête de France 2 sur les influenceurs. L’émission a été le replay le plus visionné de l’histoire de la plateforme france.tv, en dépassant les chiffres du linéaire et en touchant un public beaucoup plus jeune que d’habitude. Un contenu qui fonctionne disponible en ligne permet aussi de générer des interactions sur les réseaux sociaux et de mettre en avant l’information créée par les médias dans la culture du public : memes, tweets, vidéos et références cultes font autant vivre un contenu et un média qu’encourager à la consommation de ce dernier. 

Pour regagner la confiance de son lectorat, le New York Times a proposé de montrer les coulisses de ses enquêtes difficiles. Une initiative qui permet de lutter contre l’image négative du journalisme. Lorsque les journalistes sont perçus comme servant des intérêts politiques ou motivés par l’influence, la déontologie journalistique de base est sentie comme absente ou rarement respectée. Montrer l’envers du décor comme le fait le New York Times met en avant les mécaniques en œuvre lors d’une enquête. 

Mais cela souligne aussi les actions défensives que doivent mettre en place les médias. Là encore, plusieurs études montrent que c’est surtout le contenu numérique qui est critiqué par le public. En 2021, le Conseil de déontologie journalistique a été particulièrement mobilisé dans le cadre de la pandémie de la Covid-19. Près de la moitié des plaintes (49%) visaient du contenu en ligne, notamment diffusé sur les plateformes. Quand il s’agit du contenu en ligne, les médias traditionnels ne sont plus les seuls critiqués : pure players, médias spécialisés et médias émergents sont aussi visés. 

Interroger les pratiques journalistiques ne peut pas se faire uniquement au sein des rédactions. Là encore, le public doit être impliqué dans le débat et doit être éclairé. Le journal Le Monde par exemple, avait mis en place un rendez-vous mensuel en live pour répondre aux questions de ses lecteurs sur l’organisation du journal, sa gouvernance ou encore sa ligne éditoriale. De nombreux journaux développent aussi des espaces de blogs alimentés d’articles de leur communauté. D’autres se permettent d’autocritiquer la profession, comme le faisait Libération dans un article qui invite 25 professionnels de l’information à s’interroger sur leur pratique du métier. 

La transformation numérique de l’information est semée d’embûches : d’un côté, les rédactions ont besoin des plateformes pour augmenter la portée de leurs contenus ; de l’autre côté, le fait d’exposer l’information dans ces environnements non maîtrisés est vecteur de critique et d’une baisse générale de la confiance en l’information. Embrasser pleinement les possibilités de formats sur les réseaux sociaux tout en renforçant la créativité de contenus sur les plateformes propriétaires des médias, expliquer le métier de journaliste en montrant les coulisses, incarner l'information, semblent autant de solutions qui pourraiten aider à résoudre le paradoxe de confiance des publics entre plateformes et médias traditionnels, et de rendre accessible une information de confiance au plus grand nombre. 

* étude réalisée dans le cadre du projet Trust in News dans 4 pays (Brésil Inde Royaume-Unis et Etats-Unis), en collaboration avec l’Ipsos à base d’entretiens sur un échantillon de 2 000 personnes. 

Liens vagabonds : Meta(verse) et déception

A RETENIR CETTE SEMAINE :

Meta Connect avec des jambes – Alors que la conférence Meta de l’année dernière avait introduit le tournant de l’entreprise vers le métavers, le Meta Connect 2022 est apparu un peu moins révolutionnaire. Quelques propositions phares sont à retenir, comme la présentation du futur Meta Quest Pro. Le casque VR haut de gamme de Meta devrait sortir ce mois-ci, à 1499,99$. La fonctionnalité la plus demandée pour le métavers signé Zuckerberg a aussi fait son entrée : les avatars auront des jambes. Or, selon un porte-parole anonyme de Meta, “le segment présentait des animations créées à partir de la capture de mouvement” destinée à “permettre un aperçu de ce qui est à venir”. Les jambes dans Horizon, ce n’est donc pas pour tout de suite. Troisième grande nouvelle : un partenariat Microsoft X Meta. Les applications Windows Teams et Xbox Cloud Gaming arriveront sur Quest, suivies du pack Office. L’objectif est de permettre l’évolution de « l’avenir du travail et des loisirs ».

Une première démonstration aussi de l’idée que promeut Zuckerberg d’un métavers ouvert : un monde basé sur des accords entre entreprises qui pourrait maintenir le pouvoir des gros joueurs technologiques, mais qui laisse les utilisateurs finaux dépendants. Pendant ce temps, entre Meta et Apple, la vie est moins belle : dans une interview avec Ben Thompson de Stratechery, Mark Zuckerberg a critiqué la façon dont Apple fait payer son matériel. Et pour l’instant, malgré 15 milliards de dollars dépensés, Meta est encore loin de convaincre avec son métavers. Le projet Starline de Google, paraît peut-être un peu plus sérieux. Et l’entrée de ByteDance sur le marché américain de la réalité virtuelle pourrait bien être le plus grand défi de Meta.

TikTok se diversifie –  Axios a révélé le projet de Tiktok de se lancer dans le commerce électronique (qui vaut 350 milliards de dollars en Chine) en construisant ses propres centres de distribution de produits aux Etats-Unis, avec une chaîne d’approvisionnement en concurrence directe avec Amazon. Les projets de développement de ByteDance montrent la volonté du groupe de faire du commerce électronique une de ses sources majeures de revenus suite à la croissance explosive de son activité publicitaire. Une volonté d’implantation occidentale qui peut faire trembler Amazon et Google, après avoir pris une part de marché des réseaux sociaux de Meta. 

Mais la conquête de l’Ouest de ByteDance ne semble pas s’arrêter là. TikTok s’attaque aussi au streaming musical. Le Wall Street Journal a rapporté des discussions entre la société chinoise et des labels de musique pour concurrencer les leaders de l’industrie comme Spotify ou Apple Music. L’ingrédient magique de ByteDance : Resso, une application de streaming musical lancée en 2019 en Inde et en Indonésie. ByteDance souhaite s’appuyer sur Tiktok pour faire de Resso une plateforme majeure de distribution de musique dans le monde. Tiktok (dont on n’a pas oublié les origines musicales de Musical.ly) serait le levier marketing et promotionnel du contenu de Resso, ou l’intègrerait directement dans ses fonctionnalités. Or, même si Tiktok a déjà prouvé son efficacité à aider des artistes et des chansons à devenir virales, les labels de musiques semblent encore dubitatifs sur la véritable valeur promotionnelle de l’application. La raison même pour laquelle l’application chinoise n’a accès qu’à des extraits de chansons pour le moment.

Source : GooglePlay

Twitch fait de la télévision – si l’on croit le succès de la diffusion du GP Explorer le week-end dernier sur la plateforme. Filmé et commenté comme un Grand Prix de F1, le premier GP Explorer a fait un carton. L’événement – une course de Formule 4 organisée par le Youtubeur français Squeezie – a explosé les statistiques françaises sur Twitch en réunissant plus d’un million de personnes en direct et 12,4 millions en replay, le 5ème record d’audience de la plateforme depuis sa création. Twitter s’est aussi enflammé pendant la semaine, en révélant les prouesses techniques et d’audience de l’événement. Charles Villa, journaliste pour Brut, met en avant l’exploit de réunir autant de personnes simultanément sur une plateforme en live, un chiffre que certains revoient à la hausse si l’on compte le visionnage collectif de ce genre d’événements sportifs. D’autres internautes soulèvent l’ironie de passer des qualifications de Formule 1 sur Canal+ à une course de Formule 4 sur Twitch la même journée.

Ce qui aura collectivement marqué les mémoires est aussi la qualité de la captation de l’événement, réalisée par la boîte de production AMP Visual TV, spécialisée dans ce genre d’événements. L’événement français a permis de souligner la force de frappe du monde d’internet face aux médias « anciens », et de railler la vieille télévision qui s’était moquée de l’organisateur du GP Explorer il y a quelques années en dénigrant le métier de Youtubeur, tout en « faisant de la vieille télé pour les jeunes« .  

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

80% – c’est la part de visites d’un site qui provient de seulement 20% des contenus, une preuve que la règle des 80/20 est toujours valable

Source : Chartbeat

193 millions – c’est le nombre de podcasts français qui ont été écoutés ou téléchargés dans le monde en septembre, soit 42 % de plus qu’au même moment l’année dernière, selon une étude de Médiamétrie

38 – c‘est le nombre d’Utilisateurs Actifs Quotidiens de Decentraland, pour une valorisation à 1.3 milliards de dollars  

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

source : Hostinger

 

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Ce graphique de Truman Du montre comment l’empire du streaming de Disney (Disney+, Hulu et ESPN+) a rapidement gagné des abonnés et donne du fil à retordre à Netflix :

Ce graphique de Truman Du montre comment l'empire du streaming de Disney (Disney+, Hulu et ESPN+) a rapidement gagné des abonnés et donne du fil à retordre à Netflix.
Source : Visual Capitalist

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Liens vagabonds : Elon Musk jongle encore avec Twitter

A RETENIR CETTE SEMAINE :

Musk VS Twitter, épisode … ? – Lundi, Elon Musk a relancé son offre d’achat de Twitter au prix initial de 54,20$ par action après plusieurs semaines de pourparlers avec Twitter pour faire baisser le prix de la plateforme. Des échanges infructueux qui ont poussé le grand patron à renouveler son offre au prix d’origine, en échange de l’arrêt du litige censé déterminer s’il peut se retirer de l’accord. Entre temps, de nouveaux éléments sont apparus sur le bureau de la juge responsable du procès : Twitter aurait découvert des potentiels messages entre le cercle restreint de Musk et le lanceur d’alerte Peiter ‘Mudge Zatzo’, alors même que Mudge avait déclaré sous serment ne pas avoir contacté le milliardaire ou son équipe. La juge a acté la pertinence des révélations, et a autorisé Twitter à continuer son investigation sur des contacts antérieurs entre Mudge et Musk. Le procès est toujours en cours mais suspendu jusqu’au 28 octobre, le temps que les deux partis trouvent un accord suite aux derniers éléments du dossier. Comme à chaque rebondissement de cet accord tumultueux, la relance de l’offre d’achat d’Elon Musk a fait doubler les paris sur l’avenir de Twitter, tant au niveau des changements de postes de certains directeurs que sur le possible retour de Donald Trump sur la plateforme. Elon Musk pourrait par ailleurs perdre environ 13,5 millions de followers sur Twitter, soit 14 % de son nombre total, si les faux comptes étaient supprimés du site. Cette semaine, Twitter a aussi déployé le tant attendu bouton « modifier » pour les abonnés payants au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande, et permet (enfin) de publier des combinaisons de plusieurs images, vidéos et GIFs dans un seul tweet, tout en testant un nouvel affichage du nombre de vues des tweets pour mieux mettre en évidence la portée du contenu.

Course à l’IA entre Meta et Google – Meta a dévoilé il y a une semaine sa nouvelle IA qui permet de générer de courtes vidéos à partir d’un texte. Appelé “Make-A-Vidéo”, la technologie permet de générer un clip de cinq secondes avec des mots clés. Si l’effet est jugé un peu grossier, il permet d’avoir un premier aperçu de l’avancement de l’intelligence artificielle générative. Et Google n’a pas souhaité rester en touche. Le groupe a présenté cette semaine “Imagen Video”, une IA qui permet, comme celle de Meta, de générer des clips vidéo à partir d’une courte description textuelle. La technologie de Google s’appuie sur Imagen, son système de génération d’images similaire à DALL-E, qui permet de générer de nouvelles données en recyclant des échantillons de données existants. La société d’Alphabet a déclaré qu’Imagen Video était une étape vers un système avec un “degré élevé de contrôlabilité” et que les équipes étaient déjà en train de travailler avec un autre nouveau système de synthèse vidéo de Google, Phenaki, qui permet de transformer de longues descriptions en vidéo de plus de deux minutes avec cependant une résolution (et une cohérence) plus faibles. Alors que l’engouement autour de la technologie texte-vidéo ne décroît pas cette année, de nombreuses questions restent sans réponse autour des deepfakes, du droit d’auteur et de la désinformation que cette innovation engendrera. 

 

Les nouveaux formats de journalisme en ligne récompensés – par l’Institut de journalisme Arthur L. Carter de l’Université de New-York. A travers plusieurs catégories comme le meilleur débunkage de fake news, la meilleure source d’information non traditionnelle ou le meilleur thread Twitter, l’American Journalism Online Award met depuis 2019 en avant le meilleur du journalisme en ligne. Si certaines récompenses se concentrent sur les usages de l’open source ou du travail d’archive, d’autres, comme la meilleure visualisation des données, amènent à réfléchir à de nouveaux formats. C’est le cas par exemple du quizz interactif du média The City, qui permet d’engager les lecteurs sur la politique locale de New York en fournissant des informations sur la position des candidats locaux. Insider de son côté à été récompensé pour le format de son enquête sur le coût de la gestion de la monarchie britannique, présenté par un diagramme proportionnel. Concernant les nouveaux usages et les plateformes, c’est dans la catégorie “meilleure illustration sur Tiktok” que l’on trouve le gagnant : Planet Money, qui vulgarise l’actualité à travers des sketchs décalés et parfois très drôles. L’humour et les réseaux sociaux, au service de l’information. 

@planetmoney In a zero-carbon world, we need hydrogen. The inflation Reduction Act addresses this. #hydrogen #carbon #inflation #climatechange #learnontiktok ♬ original sound – planetmoney

Cette semaine en France

3 CHIFFRES

896 millions de dollars – ce sont les pertes de Tiktok en Europe entre 2020 et 2021 à cause de l’augmentation de la masse salariale de la plateforme

1/3 de journaux en moins – c’est la réduction estimée du nombre de journaux aux Etats-Unis entre 2005 et 2025

60% – c’est la part des abonnés Netflix qui auront souscrit à la formule avec publicité d’ici à 2017

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Où Twitter est-il le plus populaire ? | Statista

Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

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Liens vagabonds : Les Big Tech poursuivent leurs sanctions contre la Russie

A RETENIR CETTE SEMAINE :

Apple et Meta sanctionnent la Russie – Cette semaine, Apple a supprimé les applications iOS de la compagnie russe VK, maison mère du réseau social VKontakte, de son App Store à l’échelle mondiale. Alors que la Russie a bloqué plusieurs réseaux sociaux américains comme Instagram, Facebook et Twitter depuis le début du conflit, Apple justifie cette décision par le fait que ces applications sont “distribuées par des développeurs détenus ou contrôlés majoritairement par une ou plusieurs parties sanctionnées par le gouvernement britannique ». 

Les utilisateurs ayant déjà installé l’application pourront toutefois continuer à l’utiliser et restent toujours disponibles sur le Play Store de Google. VKontakte et ses 75 millions d’utilisateurs mensuels demeurent donc largement accessibles dans le pays. De son côté, Meta a annoncé avoir supprimé deux réseaux de faux comptes qui oeuvraient dans des campagnes d’influence secrètes menées depuis la Chine et la Russie. 

Des coupures massives dans le service international de la BBC – Ce jeudi, la BBC a annoncé la suppression de 382 postes dans son service international. Cette mesure touchera principalement la fermeture de radios en arabe, perse et chinois, ainsi que l’arrêt de certains programmes télévisuels en Asie et Afrique. Dans une logique de digitalisation de ses services, la BBC a toutefois assuré qu’aucun de ses 41 services en langue étrangère ne sera totalement fermé, ce sont donc principalement les offres linéaires qui seront impactées.

La BBC, qui fêtera bientôt son centenaire, traverse cette année une politique d’austérité rythmée par les coupures budgétaires et la suppression de la redevance audiovisuelle. BBC World, qui chapeaute les chaînes internationales et leurs 365 millions d’auditeurs et téléspectateurs hebdomadaires, se retrouve donc majoritairement touché par la politique de suppression de poste qui devrait s’élever à un millier d’emplois. Les départements liés à l’information à la BBC sont les plus durement touchés depuis les coupures budgétaires imposées au groupe audiovisuel. 

La nouvelle présidence de l’Union internationale des télécommunications (UIT) des Nations Unies est américaine – et assurée pour la première fois par une femme. Dans un vote jeudi, la majorité des pays membres de l’UIT ont fait confiance à Doreen Bogdan-Martin pour chapoter l’agence responsable de l’établissement des normes des nouvelles technologies. L’américaine était face à l’ancien vice-ministre des télécommunications du gouvernement russe Rashid Ismailov, et sa victoire met fin à la campagne de lobbying intense d’acteurs privés et publics américains pour convaincre les quelque 190 pays membres de leur confier la présidence de l’agence. La nouvelle présidente avait mis en avant deux objectifs : étendre l’accès mondial à internet et améliorer la transparence de l’organisation. Un programme similaire aux promesses d’Ismailov, alors même que les deux personnalités véhiculent des visions d’internet bien distinctes. 

Cette élection est un symbole de la lutte mondiale entre une approche démocratique et libérale d’internet, et un contrôle des accès nationaux d’internet par les gouvernements, notamment de la part des pays autoritaires qui souhaitent contrôler l’accès de leurs citoyens au web, comme la Russie. L’influence de la Russie mais aussi de la Chine, à la tête de la présidence précédente de l’UIT, sur internet effraie de nombreux pays, qui craignent un remodelage du web. La succession de Bogdan-Martin à Zhao Houlin est donc un soulagement pour la gouvernance de ce que la chercheuse Kristen Cordell définit comme “l’agence des Nations Unies la plus importante dont vous n’avez jamais entendu parler”. Selon elle, la présidence de Houlin, ancien membre du ministère chinois des télécommunications, avait montré l’intérêt accru des États autoritaires envers l’UIT et le danger que représente leur influence dans l’établissement des normes d’internet. 

Cette semaine en France

Source : Storytel via Les Echos

3 CHIFFRES

29 millions de dollars – c’est l’amende que risque Tiktok en Grande-Bretagne pour ne pas avoir protégé la vie privé des enfants 

97% – c’est la baisse du volume d’échange de NFT depuis janvier 2022

20 millions – c’est le nombre d’utilisateurs sur lesquels Linkedin a mené une expérience sociale, sans les avertir 

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Source : Google via The Verge

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Crédit : Morgan Bourdeau sur Stratégie

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Source : GroupM sur Recode

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BeReal : les médias doivent-ils partir à la conquête de l’authenticité ?

BeReal, une application française fondée en 2020 par Alexis Barreyat et Kevin Perreau, a pour seule ambition d’être l’anti-Instagram et de présenter aux utilisateurs une image de la vie réelle. Alors qu’une partie des utilisateurs semble se détacher de l’offre actuelle des réseaux sociaux par manque d’authenticité, BeReal se présente comme la promesse d’un Internet à la hauteur de leurs attentes. Toutefois, qu’en est-il de BeReal dans la circulation de l’information ? Les éditeurs et les marques médias peuvent-ils y trouver une place ? 

BeReal, la recherche de l’authenticité 

BeReal est née d’une idée d’Alexis Berreyat, qui après avoir étudié à l’école de codage 42 en 2013, s’est retrouvé chez Go Pro. Un emploi qui lui aura inspiré une « antipathie profonde pour les influenceurs » qu’il croisait lors de grands sportifs internationaux tant “la différence entre l’image qu’ils montrent face caméra et hors caméra est incroyable”. Le jeune homme imagine alors BeReal, avec la volonté d’inciter les utilisateurs à partager des moments lorsqu’ils ne s’y attendent pas et donc à “montrer à [ses] amis qui vous êtes vraiment, pour une fois”, en supprimant les filtres et les opportunités de mise en scène, de trop réfléchir ou de modifier des photos. 

Le principe de l’application est simple : tous les jours à une heure aléatoire, les utilisateurs sont invités à prendre une photo d’eux dans une fenêtre de deux minutes et à la partager. La photo partagée comprend une photo de la caméra frontale et une photo de la caméra arrière prises simultanément pour illustrer ce que la personne est en train de faire sur le moment. Les BeReal des amis sont accessibles seulement après que l’utilisateur ait lui-même posté sa photo, et il est seulement possible de réagir par selfie ou emoji aux posts des autres. Sur BeReal, aucun like : une photo n’est pas jugée en fonction du nombre de réactions. Et en 24h, les compteurs sont remis à zéro : les posts sont supprimés et tout est à refaire. Un principe d’honnêteté expliqué avec une touche d’humour par le Saturday Live Show :

Comme Clubhouse il y a quelques années, BeReal a connu un succès auprès des jeunes générations, boosté par les campus universitaires. Début février 2022, l’application développe un programme d’ambassadeurs dans les universités. BeReal organise des soirées étudiantes, gratuites pour ceux qui ont téléchargé l’application et ajouté cinq amis. Un succès fulgurant qui a permis à l’entreprise d’une quarantaine d’employés de grimper dans les meilleurs classements de l’App Store. Après des réussites étasuniennes et anglaises, BeReal se développe finalement en France courant de l’été 2022. Pas d’influenceur, pas de filtre, peu chronophage et réaliste, BeReal séduit tant par sa simplicité d’utilisation que par ses promesses d’authenticité. 

Le succès de la commercialisation de la nostalgie

BeReal est devenue cet été l’application la plus téléchargée de l’App Store, devançant Tiktok, en cumulant 29,3 millions de téléchargements et en passant de 10 000 utilisateurs actifs il y a un an à 10 millions en août. BeReal, valorisé à 600 millions de dollars, a réussi à séduire et à lever 30 millions de dollars en 2021, et 85 millions de dollars en 2022 et ne compte pas s’arrêter là. 

Un succès expliqué par de nouvelles tendances et de nouveaux rapports aux réseaux sociaux. En effet, pour de nombreux observateurs, ce que l’on voit sur BeReal n’est pas tant un retour de l’authenticité qu’une certaine idée de l’internet de l’ancien temps. BeReal engagerait un autre type d’intimité entre les utilisateurs, et un retour en arrière “à une époque où les réseaux sociaux étaient ennuyeux. Sur le ton des vlogs banals des années 2000 ou des anciens statuts Facebook, les utilisateurs sont invités à partager leur intimité (banale) quotidiennement, avant que ce contenu disparaisse au lieu d’être enregistré de manière permanente. Si pour le New York Times, BeReal traduit la nostalgie d’un temps où internet était le récit de journées ennuyeuses et ordinaires, pour The Verge, l’application française prend aussi les codes de l’ancien rendez-vous télévisé quotidien à une heure fixe. BeReal surfe alors sur la définition de l’authenticité de l’auteur Rob Horning, à savoir la “commercialisation de la nostalgie” à travers la mise en avant d’un mode de vie décapitaliste, prémassifié et prémondialisé. 

Cette lassitude des réseaux sociaux mainstreams aujourd’hui – et donc du succès d’un réseau social disruptif – aurait été favorisée par la pandémie et par la remise en cause ou au moins la critique d’un monde faux, enjolivé et gouverné par les algorithmes. Une petite révolution dont les racines se retrouvent dans des tendances Instagram, Facebook ou Tiktok comme l’unfiltred aesthetic, ou l’esthétisme du sans filtre : prendre de manière (faussement) désinvolte des photos naïvement floues, mal cadrées, « no filter » ou mal éclairées. Or, à l’ère de la guerre féroce entre plateformes, la promesse de BeReal n’a pas échappé aux réseaux sociaux historiques. Depuis quelques semaines, ils sont nombreux à imiter la tendance BeReal et à l’adapter à leur plateforme. Instagram travaille sur une fonctionnalité “IG Candid Challenge” qui invite les utilisateurs à un moment aléatoire de la journée une invitation à publier une photo dans un délai de deux minutes. Tiktok développe exactement le même concept, avec la plus value de la vidéo, dans sa fonctionnalité “Tiktok Now”; et Snapchat travaille sur le moyen de pouvoir prendre simultanément une photo avec la caméra avant et arrière d’un smartphone. 

Alors que s’étiole le concept de BeReal, la jeune licorne française se retrouve en compétition avec les squales des médias sociaux, tandis que son développement tant en termes de modèle économique que de support technique et technologique se poursuit. 

Modération et confidentialité des données 

En tant que plateforme sociale, la question de la sécurité des données ainsi que de la modération se pose automatiquement. En épluchant les conditions générales d’utilisation (CGU), on se rend rapidement compte que BeReal n’est ni beaucoup plus sûr, ni beaucoup plus dangereux que d’autres réseaux sociaux plus établis. Les images, réactions et localisations (si vous avez autorisé BeReal à y accéder) sont stockées jusqu’à trois ans sur leurs serveurs. À la différence de Facebook, Snapchat ou Instagram par exemple, il est toutefois trop tôt pour savoir si la collecte de ces données aura un objectif marchand dans le futur. Bien que les concepteurs affirment le contraire, ces données, par le biais de l’image ou de la localisation collectées ponctuellement permettraient de dresser facilement un profil d’utilisateur.

Pour ce qui est de la désinformation, Bereal possède un avantage pour la freiner : l’absence d’effets de réseaux. À la différence d’autres plateformes sociales, BeReal ne met (initialement) pas l’accent sur la viralité ou sur la large portée. Fonctionnant par des groupes de petits nombres d’individus, il demeure compliqué d’étendre sa portée à d’autres personnes que les groupes de pairs (en dehors de la Discovery Page qui est très aléatoire). Les individus diffusant de la désinformation sur la plateforme – qui ne peut que se pratiquer par le biais de l’image – ont donc moins d’impact, la plateforme ayant plutôt tendance à dissuader ce genre de comportements comme le mentionne Frances Haugen, lanceuse d’alerte de Meta. À noter toutefois que  BeReal ne dispose pas d’équipe de modération, mais s’appuie sur un filtrage automatisé.

Est-ce que les médias ont leur place sur BeReal ? 

La montée en puissance d’une plateforme qui plaît aux jeunes peut être (très) tentant pour les marques et les médias. Dans les derniers mois, on voit d’ailleurs naître quelques exemples de marques ayant créé leur propre compte BeReal. C’est par exemple le cas de la chaîne de fast food Chipotle qui utilise la plateforme pour partager des codes promotionnels et ainsi engager avec ses consommateurs les plus jeunes. 

D’autres marques comme ELF, spécialisé dans les cosmétiques, ont suivi la tendance du partage de codes promotionnels, offrant un incitatif à ajouter le compte en “ami” sur la plateforme. L’office du tourisme des îles Fiji s’est aussi lancé pour contourner le #TravelPorn d’Instagram dont l’impact du tourisme de masse a tendance à altérer les espaces préservés. Bien que ces stratégies promotionnelles encore peu nombreuses sur la plateforme semblent rencontrer leur petit succès, ces dernières semblent s’opposer aux codes anti-consuméristes de la plateforme, suscitant la méfiance de BeReal : 

Plus que la plateforme en elle-même, le format qu’elle propose semble s’inscrire dans la culture populaire. Des programmes comme Love Island misent alors sur les références des plus jeunes grâce à la culture memes

Face à ces exemples, on peut se demander si les médias d’information peuvent trouver leur place sur la plateforme. Plusieurs éléments semblent indiquer qu’il est peut-être trop tôt pour inclure BeReal dans la stratégie numérique globale des marques médias. Tout d’abord le format : BeReal ne permet que l’image statique avec très peu de texte, sans son et vidéo, qui correspondent pourtant aux codes contemporains des réseaux sociaux. La communication passe seulement par l’image, et permet donc peu de contextualisation de l’information. Le manifesto de BeReal repose aussi sur la spontanéité ; ainsi un contenu éditorialisé s’écarte de la norme, et suscite la méfiance des utilisateurs mais aussi des concepteurs, comme c’est le cas pour Chipotle. Les utilisateurs de BeReal sont à la recherche de contenu trivial, voire “ennuyeux” et utilisent la plateforme pour échapper à la surcharge informationnelle des autres canaux. Si BeReal devient un espace informationnel et mercantile, ils passeront leur chemin. Finalement, d’un point de vue organisationnel, la gestion des réseaux et de la publication sur la plateforme nécessite beaucoup d’organisation et de flexibilité pour les community managers devant se rendre disponibles dans les 2 minutes de la notification BeReal s’ils veulent publier à l’heure. 

BeReal, dans sa forme actuelle avec l’unique format que la plateforme offre, n’est pas vraiment adapté aux médias d’information dans leur stratégie au quotidien. Des opérations ponctuelles peuvent être menées pour du contenu à portée “virale” comme c’est le cas pour Love Island – à utiliser avec modération selon la ligne éditoriale du média en question. Pour les médias voulant tout de même se lancer sur la la plateforme, il est d’autant plus important d’en respecter les codes de bon usage. La spontanéité, l’absence de mise en scène et de textualité mais aussi la possibilité d’utiliser un incarnant (journaliste, présentateur, chroniqueur…) pour la photo de la caméra avant, sont obligatoires. 

Est-ce que BeReal va rester BeReal ? 

BeReal est donc, sur le papier, la promesse d’un espace libéré de contraintes, où les utilisateurs peuvent être eux-mêmes, sans artifices, et à l’abri des stratégies mercantiles. Toutefois, la réalité semble un peu différente. Nos usages sur les réseaux sociaux ne sont pas organisés en silos et les (mauvaises?) habitudes que l’on crée sur certaines plateformes se répercutent sur les autres. Les mécaniques de FOMO (cf Fear Of Missing Out) développés  sur Instagram – par la valorisation de l’esthétisme et du matérialisme – vont ainsi se répercuter sur BeReal. Plus il y aura une masse critique d’utilisateurs sur BeReal, plus le risque de mimer les “bonnes pratiques” d’Instagram sera grand

D’ailleurs, les concepteurs de BeReal interfèrent eux-mêmes avec leur mission : la notification de 2 minutes de BeReal n’expire pas. Il est possible de publier sa photo à tout moment de la journée après réception de la notification – avec une mention du retard au-dessus de l’image. 

source : Quartz, “BeReal is the social-media app for people who hate social media” de Sarah Todd

Ainsi, les utilisateurs peuvent adopter des stratégies éditoriales visant à choisir le meilleur moment de la journée (un moment où ils sont avec leurs amis, où ils font une activité stimulante…) pour poster leur image. L’usage de BeReal dévie alors de sa trajectoire spontanée pour rejoindre davantage un usage se rapprochant des stories Instagram. Avec ce genre de pratiques, les utilisateurs ne se conforment plus au contrat social qui les liait initialement aux utilisateurs. D’un côté on retrouve des utilisateurs se mettant en scène, et de l’autre, des utilisateurs se présentant “au naturel”, frustrés du non-respect des codes de l’application par les autres. Toutefois, pour le moment, l’application se refuse à la course aux abonnés des stars des autres réseaux sociaux :

Les réseaux sociaux qui essayent de sortir de la norme pullulent sur Internet. Pour les caractériser, on peut se conformer à la théorie des “restaurants éphémères” selon laquelle chaque année, on voit naître un ou plusieurs réseaux sociaux qui semblent attractifs et que l’on veut à tout prix essayer, comme les restaurants éphémères. Toutefois, à la fin de la journée, c’est toujours vers notre restaurant préféré que l’on retourne et le restaurant éphémère est ainsi rapidement délaissé

La spécificité de BeReal reprise à l’identique par les autres plateformes renforce davantage cette théorie. Les utilisateurs risquent à terme de déplacer leurs usages vers les plateformes qu’ils consomment déjà, comme ce fut le cas il y a quelques années avec la fonctionnalité des stories copiée massivement sur Instagram, une fois “volée” à Snapchat. La particularité de BeReal ne devient ainsi plus si particulière et le réseau social risque de s’épuiser s’il ne trouve pas d’autres éléments différenciateurs. D’un point de vue économique, la plateforme risque aussi de s’essouffler. Sans publicité, l’application souhaite développer un modèle économique à la Discord avec l’accès à du contenu exclusif par abonnement. Toutefois, il demeure compliqué d’imaginer le type de contenu accessible en raison du faible nombre de fonctionnalités offertes aujourd’hui par la plateforme. 

Le succès fulgurant de BeReal est symptomatique d’une aspiration des utilisateurs à un autre rapport aux réseaux sociaux. Loin des artifices et des filtres d’Instagram, BeReal représente la nostalgie d’une époque où internet était gouverné par le récit quotidien et peu intéressant de ses utilisateurs « normaux », quand le contenu informationnel était moins étouffant. La fréquence de publication réduite à une seule par jour s’inscrit aussi dans la tendance du Slow Web / Low Tech,  dans un contexte de prise de conscience de l’impact écologique de nos vies sur le numérique. Mais ce flashback temporel se heurte à un marché où les plateformes sont détenues par des géants de la tech qui se ressemblent de plus en plus, dans une course à la croissance. La start-up française d’à peine trois ans voit alors son concept copié sans retenue par Instagram, Tiktok ou Snapchat, perdant peu à peu son avantage concurrentiel. Le nouveau réseau social tricolore se retrouve face à un paradoxe pour s’assurer un modèle économique pérenne : la plateforme peut se tourner vers un modèle à la Discord, en développant des fonctionnalités supplémentaires payantes, mais en restant limité dans ses possibilités de croissance; ou alors s’ouvrir vers d’autres acteurs comme les médias et les marques pour un usage commercial, en perdant l’expérience différenciante que les utilisateurs viennent chercher. 

Liens vagabonds : Pluie d’amendes sur Alphabet et Meta

Les autorités réprimandent les GAFAM – cette semaine d’un bout à l’autre de la planète. La justice européenne a tranché sur l’appel de Google quant à la validité de l’amende record de 4,3 milliards d’euros infligée par Bruxelles pour abus de position dominante pour Android. La bataille judiciaire du géant du web face aux régulateurs européens aura permis d’abaisser l’amende de quelques millions mais pas d’échapper à la condamnation. Le procès est symbolique pour l’Europe, qui souhaite faire rentrer les GAFA dans le rang. La responsable antitrust de l’Union européenne Margrethe Vestager a fait de la régulation des Big Tech une caractéristique de son travail et ne compte pas s’arrêter à mi-chemin. Elle enquête actuellement sur les activités de publicité numérique de Google et Meta, des règles de l’Apple Store, du marché des données de Meta et des pratiques de vente et de marché en ligne d’Amazon. 

Sur le continent asiatique, Séoul vient aussi d’infliger à Alphabet et Meta une amende pour avoir enfreint la loi sur la protection de la vie privée en Corée. Google devra payer 50 millions de dollars pour sa bavure, et Meta 22 millions de dollars. Les deux géants sont condamnés pour ne pas avoir explicitement informés leurs utilisateurs de l’usage de leurs données, et d’avoir failli à leur demander leur consentement éclairé pour la collecte et l’analyse de leur activité numérique à des fins publicitaires. Google aurait notamment prédéfini le choix de collecte sur « d’accord », en couvrant les autres options disponibles par l’écran de configuration. 

Informer plus et mieux pour le climat – Le 14 septembre dernier a été rendue publique la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence climatique. Fruit de plusieurs mois de travail initié par différents journalistes de Vert, Climax, Socialter, Blast ou encore France Info, l’objectif de cette charte repose sur l’engagement des médias à mieux et à plus informer les citoyens sur l’urgence climatique. Ce sont alors des rédactions, des sociétés de production, des syndicats, des écoles de journalisme et plus de 500 journalistes qui ont signé à titre individuel cette charte.

Au total, treize engagements composent cette charte, parmi lesquels on retrouve : la transversalité de la thématique climatique qui ne doit plus être une rubrique orpheline et devenir un prisme de lecture, l’utilisation d’un lexique et d’images adaptées pour ne plus édulcorer la réalité et faire prendre conscience de la gravité de la situation, ou l’élargissement du traitement des enjeux pour ne plus uniquement  renvoyer les personnes à leur responsabilités individuelles. Cette charte, qui n’a pas valeur de coercition mais plutôt de “boussole” comme le précise Loup Espargilière, le créateur de Vert, représente un jalon important dans l’engagement collectif des médias face au changement climatique, qui s’ajoute aux actions individuelles prises par certains d’entres eux, comme Radio France avec Le Tournant. 

Mudge met le feu à Twitter – depuis mercredi devant le Congrès américain. L’ancien hacker et responsable de la sécurité chez Twitter de 2020 à 2022 accuse l’entreprise de failles de sécurités flagrantes depuis juillet. Lors de son audience cette semaine, Peiter ‘Mudge’ Zatko a détaillé les erreurs de sécurité du réseau social en deux points principaux : l’entreprise n’en sait pas assez sur ses propres données et les employés ont trop accès aux données. Il a aussi avancé que Twitter avait été infiltré par des agences de renseignement étrangères à plusieurs reprises, notamment l’Inde et la Chine. Les agents étrangers infiltrés dans l’entreprise auraient donc pu avoir accès à de nombreuses données utilisateurs. Zatko est aussi revenu sur le sujet principal d’Elon Musk, à savoir les bots : selon l’ancien employé, Twitter ne ferait pas grand choses pour lutter contre ce problème. Un des juges supervisant le procès entre Twitter et Musk a décidé que ces allégations peuvent être utilisées dans le procès qui commencera en octobre. 

Ce même mardi, les actionnaires de Twitter ont approuvé l’accord de rachat du réseau par le patron de Tesla. Le vote, remporté à 98,6%, a été appuyé par un communiqué du groupe assurant “continuer de croire que la prétendue résiliation de l’accord de rachat est invalidée et infondée”, malgré les accusations de Mudge. Twitter n’a pas répondu à l’audition de Zatko mais semble rester sur sa description d’ancien employé mécontent faisant la promotion d’un “faux récit truffé d’incohérences et d’inexactitudes”. Une accusation bancale face à la proposition de la société de payer le silence de Zatko 7 millions de dollars en juin, quelques jours avant qu’il ne fasse ses révélations. Pendant ce temps, Elon Musk se régale du spectacle et compte bien retourner les accusations de Zatko à son avantage. 

Cette semaine en France

3 CHIFFRES 

426 – c’est le nombre de pages de journaux nationaux britanniques qui ont couvert la mort de la reine Elizabeth II

20 milliards de dollars – c’est la somme qu’Adobe est prêt à débourser pour le rachat de Figma, soit 50 fois le revenu de la start-up 

Plus de 10 millions d’euros – c’est la somme qu’ont récolté cette année les streamers de ZEvent pour la cause environnementale

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

What’s New in the 2022 Gartner Hype Cycle for Emerging Technologies, Gartner

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX 

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

Source : Snapchat via SocialMediaToday

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMAT

ENVIRONNEMENT

Source : rapport “Climate and energy implications of crypto-assets in the United States” de la Maison Blanche

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

Source : @emmagannonuk / Instagram

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 

BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3

IMMERSION, 360, VR, AR

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

JEUX VIDÉO, eSPORT

Source : capture d’écran du nouveau réseau social Paco

 

ES avec Kati Bremme, Louise Faudeux & Isya Okoué Métogo

Web3 : indépendance et souveraineté pour les médias ?

En Occident aujourd’hui, Internet est contrôlé par 5 entreprises : Meta, Alphabet, Amazon, Microsoft et Apple. Ces géants de la tech ont la mainmise sur ce qui est créé, sur la manière dont l’audience interagit avec le contenu, sur les revenus liés à ce contenu, et même parfois sur sa propriété. Les créateurs de contenu sont dans une absence totale de souveraineté en ligne et dépendent des plateformes intermédiaires pour leurs revenus, la diffusion et leurs audiences. Bienvenue dans le Web2, le modèle d’internet qui a marqué la dernière décennie. Mais depuis quelques années, un nouveau modèle décentralisé émerge en proposant des solutions à ces problématiques : le Web3. Entre décentralisation, transparence et souveraineté, la nouvelle version d’internet fait émerger de nouvelles opportunités pour les médias et pour les journalistes. 

Isya Okoué Métogo, MediaLab de l’Information

Révolution de la souveraineté 

Le Web3 sera-t-il la solution aux grands enjeux actuels des médias face aux plateformes ? Misha da Vinci y croit. La créatrice de Futur of the World mise sur un nouveau modèle de média social décentralisé, basé sur la blockchain DeSo (Decentralized Social Blockchain). Le projet, lancé en 2021, propose une blockchain privée pour héberger des plateformes et des applications de médias sociaux décentralisés. DeSo est particulièrement scalable pour le développement de réseaux sociaux : contrairement aux autres blockchains sur le marché, qui n’ont pas les capacités de stockage de données que requiert l’hébergement d’un réseau social, DeSo réuni un stockage conséquent accessible et un jeton local comme unité d’échange et preuve de propriété. 

L’objectif d’un réseau social décentralisé ? Supprimer les intermédiaires et rapprocher les créateurs et les utilisateurs. Le Web3 serait l’opportunité de reprendre le pouvoir sur la richesse culturelle, politique et économique créée par les internautes. Le web décentralisé permet à tous les acteurs et utilisateurs de contribuer à façonner internet, et pousse le public à passer d’une consommation passive à une consommation active de l’information : alors qu’avec le Web2 il fallait renoncer à la gérance de ses données, de son contenu et de son identité numérique, le Web3 offre l’opportunité de façonner un internet guidé par les créateurs. 

Un avantage évident du développement du Web3 pour les médias est la souveraineté par rapport aux données et au contenu créé. Par le biais de la blockchain, le Web3 permettrait aux médias de contrôler la diffusion de leur contenu, qui le voit, et comment le public interagit avec – en construisant eux-mêmes leur propre plateforme selon leurs besoins. La relation avec l’usager sera rendue plus directe par la place centrale que ce dernier reprendra. Il pourrait même jouer un rôle actif selon l’algorithme et ses préférences. Par les NFT, il sera possible de maîtriser la souveraineté et la propriété du contenu créé et ainsi de combattre la spoliation de l’information et de sa valeur. Cette dernière possibilité est cruciale pour l’information indépendante et pour la survie des médias aujourd’hui. 

Révolution de la monétisation 

Depuis le boom des médias digitaux, les organismes de presse se sont orientés vers de nouvelles sources de revenus comme les réseaux sociaux, les formats mobiles, la vidéo ou le podcast. Or, de nombreux indices et des essais fructueux avec des technologies du Web3 comme les NFT présagent la prochaine révolution de la monétisation. Grâce à la souveraineté des données et du contenu mais aussi à la relation directe avec le public qu’offre le Web3, les médias pourront reprendre leur indépendance économique face aux plateformes pilotées par les géants de la tech. La suppression d’un intermédiaire entre les créateurs de valeur et les consommateurs permettra de limiter toute spoliation. C’est aussi l’opportunité pour la mise en place d’une rémunération directe par des “smart contracts”’ dans la blockchain.

Cette révolution de la monétisation permet de repenser non seulement le prix et la valorisation de l’information, mais aussi le modèle économique des médias aujourd’hui. Il est possible d’imaginer de nombreux modèles, comme la rémunération directement sur un article, ou bien par un abonnement. Par la cryptomonnaie, la transaction se fera, elle aussi, sans intermédiaire. L’équipe du réseau social décentralisé Diamond, l’équivalent Twitter basé sur la blockchain DeSo, met par exemple en avant un outil de pourboire sur les posts, qui permet de rémunérer directement chaque auteur à l’appréciation du lecteur. Là encore, la relation avec le lecteur évolue, et il est plus facile de s’investir directement dans le contenu d’actualité ou dans le financement d’un média. Le Times Magazine expérimente déjà les possibilités d’un abonnement et d’articles accessibles par l’achat de NFT. Son président, Keith Grossman, imagine la transformation des futurs abonnements en NFT TIMEPieces afin de renforcer la communauté d’abonnés mais aussi de prévoir des redevances sur les ventes futures. Le chroniqueur Kevin Roose de la même maison a aussi montré cette année qu’un article ou un édito peuvent devenir un NFT de valeur

La publicité sera aussi impactée, avec le retour direct du dialogue entre annonceur et éditeur. La transition des médias vers le Web3 semble alors une évolution logique au vue des opportunités de monétisation et de gestion des archives par exemple, mais aussi pour la propriété intellectuelle et les droits (voisins) des contenus. 

D’après Daniel Eilemberg dans les prévisions pour le journalisme 2022 du NiemanLab, il est également facile d’imaginer que les organisations autonomes décentralisées (DAO) jouent un rôle clé dans le journalisme de demain, même si le modèle n’a pas encore fait ses preuves. Les réseaux sociaux décentralisés de la blockchain DeSo sont d’ailleurs pour la plupart basés sur le financement par des DAO comme DAO DAO. Ces formes de structures juridiques sont caractérisées par une gouvernance multiple et décentralisée, en général un groupe collectif de membres de l’organisation, qui remplace une autorité centrale. Les DAO permettent de s’organiser autour d’un objectif commun et d’un ensemble de principes, mais aussi de collecter des fonds auprès des membres en échange d’un intérêt financier. Pour Daniel Eilemberg, l’utilisation de DAO par les titres de presse leur permettrait de retrouver des abonnés ou des consommateurs investis dans le succès du titre. La plupart des monnaies digitales utilisent aussi des DAO, pour permettre une confidentialité et une sécurité plus importantes que les monnaies standard. Ainsi, même dans le système monétaire des réseaux sociaux décentralisés, on peut retrouver l’indépendance et l’autonomie vis-à-vis des institutions bancaires actuelles et la suppression de l’intermédiaire entre la création, la réception et la gestion d’un revenu. 

Révolution du contenu et de la distribution

Les contenus et leur distribution devront être réinventés, pour correspondre à ces nouveaux usages, manières de consommer et supports de diffusion. La relation plus directe avec le public pourra passer par la création d’un contenu plus personnalisé qui ne sera pas la proie d’un algorithme inconnu. Dans un Web3 interconnecté, on peut facilement rendre l’information disponible selon sa pertinence et la volonté de l’utilisateur. Ce dernier peut avoir sa propre interface pour l’actualité. En outre, la personnalisation va de paire avec la création d’un contenu plus impactant.

Avec moins de rapports d’activités basés sur l’intérêt ou la performance, il est possible d’imaginer des graphiques d’impact qui pourraient fournir aux médias des outils pour personnaliser l’information. Pour la journaliste Isabelle Roughol, ces outils représentent l’opportunité d’aborder davantage les questions écologiques en recommandant un contenu qui pourrait avoir un effet direct sur chaque lecteur. La personnalisation va aussi de paire avec le développement de médias plus diversifiés qui jouent un rôle dans l’intégration d’une conscience globale

Le Web3 peut redéfinir par de nombreux aspects la relation entre les titres de presse et le lectorat, en développant notamment l’idée d’une communauté. Comme le déclare Keith Grossman à propos de la communauté TIMEPieces, le Web3 offre l’opportunité de créer une “communauté basée sur la valeur” de ceux qui s’intéressent aux thèmes du titre de presse. TIMEPieces s’adresse d’abord aux personnes déjà investies dans le Web3 avant d’éduquer les autres.

La confiance en les médias, autre enjeu important pour les démocraties, sera confrontée à de nouveaux outils de vérification de l’information et de traçabilité basés sur la blockchain. Le potentiel des licences et de la certification par les NFT est en lien direct avec la lutte contre la désinformation. Aux Etats-Unis, l’Associated Press utilise déjà la blockchain pour rassembler les preuves des crimes de guerre russes en Ukraine. L’agence s’est aussi associée à une startup blockchain pour explorer les droits de propriété intellectuelle. Par la preuve de légitimité des reportages que peuvent apporter les NFT et la blockchain, il est possible de développer de nouvelles relations entre les groupes médias et leur public. 

“For all the good we’ve achieved, the web has evolved into an engine of inequity and division; swayed by powerful forces who use it for their own agendas.” – Tim Berners-Lee

L’internet centralisé comme nous l’avons connu ces dernières décennies semble toucher à sa fin au profit d’un monde décentralisé, dont les préceptes sont l’autonomie et la souveraineté. Le Web3 offre l’opportunité de s’émanciper des plateformes, en reprenant la main sur la valeur économique, culturelle et politique de l’information et du contenu créé par les utilisateurs. Pour les médias, l’objectif est de supprimer les intermédiaires dans sa relation avec le public. Cette relation directe pourra se fonder sur la propriété et la monétisation du contenu.

Un enjeu clé pour garantir son indépendance économique et la fiabilité des informations relayées, qui peut favoriser la confiance accordée aux médias. Mais l’adoption d’un nouvel internet n’est pas sans risque pour l’industrie. Le Web3 reste un écosystème de niche avec ses utilisateurs et sa culture propre. Les communautés digitales les plus implantées sont parfois tribales et très polarisées. Le risque pour le développement d’un journalisme 3.0 réside notamment dans l’organisation autour d’un objectif commun, qui pourrait transformer l’information fondée sur la vérité en une information partisane ou idéologique qui nous rappellera les bulles de filtre des réseaux sociaux.  

Couverture : Louise Faudeux

La timeline du métavers depuis Meta

Depuis notre Cahier de Tendances sur le métavers d’automne dernier, il n’est pas passé un jour sans une annonce autour des environnements immersifs et ses outils, basés sur une philosophie centralisée dans la version du Zuckerverse, ou décentralisée avec l’idée d’un métavers souverain français ou européen. Tout un écosystème d’outils, d’usages et de supports se dessine alors que les entreprises sont de plus en plus nombreuses à partir à la découverte de cette nouvelle version d’Internet. Le métavers a aussi été intégré dans la célèbre courbe de Gartner représentant le cycle de maturité des nouvelles technologies.

Par Kati Bremme, Isya Okoué Métogo et Louise Faudeux, Direction de l’Innovation et de la Prospective

Aux entreprises technologiques suivent les groupes médias mais aussi les créatifs, portés par une forte culture de gaming et de storytelling. La prolifération d’innovations et de nouveaux mondes virtuels cette année est l’occasion de revenir sur les annonces métavers et Web3 des derniers mois, à commencer par l’annonce du groupe Facebook d’adopter le nom prometteur de Meta, qui a bousculé les esprits et déclenché une agitation collective autour du métavers. Pour l’avenir, beaucoup reste encore à inventer. 

Méta-Media vous propose une timeline (non exhaustive) pour revenir sur quelques événements clés depuis octobre 2021 : 

 

Le ‘métavers’ depuis fin 2021, 10 étapes à retenir 

Vous trouverez tous les événements marquants dans la timeline ci-dessus ⇧

1Facebook devient Meta et entre dans le métavers

Mark Zuckerberg annonce le changement de nom du groupe Facebook en Meta, « A Social Technology Company », en octobre 2021, une décision expliquée dans une lettre du fondateur : « Nous sommes au début du prochain chapitre de l’internet, et c’est aussi le prochain chapitre pour notre entreprise. » Meta, c’est l’ambition de la firme de Menlo Park de façonner la nouvelle génération de l’Internet 3D. En 2021, cette ambition aura coûté à Meta pas moins de 10 milliards de dollars, et des actionnaires mécontents. Le métavers est loin d’être rentable, mais Mark Zuckerberg a souligné l’importance de proposer un produit à la hauteur de ses espoirs, et de ceux des utilisateurs : « En fin de compte, notre succès continu repose sur la création de produits que les gens trouvent utiles et qu’ils veulent utiliser« . Nick Clegg, vice-président des affaires internationales de Facebook, a déclaré que le métavers prendrait 10 ans à construire. 

2Séoul lance son Métavers

En novembre 2021, la municipalité de Séoul annonce vouloir devenir la première collectivité du monde compatible avec le métavers. Avec son « Metaverse Seoul », la ville a l’intention de créer un écosystème de communication virtuelle pour tous les domaines de son administration municipale qui comprendrait les services économiques, culturels, touristiques, éducatifs et civiques, en trois étapes à partir de 2022. Ce projet de 3,9 milliards de wons (3,3 millions de dollars) s’inscrit dans le cadre de la vision du maire Oh Se-hoon, qui souhaite faire de Séoul une « ville émotionnelle du futur ». La Corée du Sud est le pays d’Asie qui parie le plus massivement sur le métavers (200 Mrds d’investissement), fort de son avantage de se positionner à la fois sur le matériel et sur les contenus et d’une stratégie claire qui aligne gouvernement et entreprises. Déjà en mai 2021, le ministère des sciences et des TIC avait créé une « Metaverse Alliance »  pour coordonner et faciliter le développement de plateformes de réalité virtuelle et augmentée. 


3The Sandbox démocratise le métavers

Dès novembre 2021, The Sandbox entend se diversifier au-delà du gaming pour développer des univers virtuels autour de la mode, de l’architecture et des concerts virtuels pour démocratiser le métavers. L’entreprise lance une série de partenariats avec des célébrités, dont le rappeur Snoop Dogg, qui créera une réplique numérique de son manoir dans le métavers de Sandbox. The Sandbox a travaillé avec d’autres célébrités influentes : le groupe Avenged Sevenfold, le musicien Richie Hawtin, Paris Hilton, Tony Hawk…

4Microsoft rachète Activision

L’acquisition est la plus onéreuse de la firme de Redmond et de l’industrie du jeu vidéo. Grâce à l’achat en janvier 2022 du pionnier du jeu vidéo, éditeur de “Call of Duty” et de “World of Warcraft”, Microsoft devient la troisième société de jeux vidéo du monde en matière de chiffre d’affaires derrière Tencent et Sony (qui vient de contester cette transaction). La stratégie de Microsoft : créer un gigantesque catalogue pour ses consoles Xbox et les ordinateurs sous Windows, riche en jeux dont le constructeur peut tout à fait s’arroger l’exclusivité. 

5ByteDance lance Party Island, les ambitions de la Chine dans le métavers

En janvier aussi, le propriétaire de TikTok, ByteDance, teste sa première application sociale métavers appelée Party Island. L’application de réseau social crée un univers en ligne parallèle, où les gens peuvent se rencontrer, discuter et participer à des événements en temps réel. ByteDance, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 58 milliards de dollars en 2021, est en train d’assembler une gamme de matériels, de contenus, de logiciels et de plateformes métavers similaires à ceux de Meta, mais reste assez discrète dans ses manœuvres dans un contexte de répression technologique en Chine. Elle est cependant l’entreprise technologique chinoise la plus ambitieuse en termes de pari sur le métavers. En décembre 2021, Baidu avait dévoilé la première plateforme de métavers chinoise, « Xi Rang«  (Terre d’espoir). Métavers chinois versus métavers américain, le Wall Street Journal a fait le comparatif en vidéo. 

6Le premier film dans le métavers

Le documentaire de HBO We Met In Virtual Reality a été entièrement tourné dans la plateforme de VR sociale VRChat. Ce film de 91 minutes est peut-être une publicité parfaite pour les promesses du métavers faites par des entreprises technologiques comme Meta, d’un univers social immersif virtuel qui pourra résoudre tous nos problèmes de la vraie vie. Les personnages attachants donnent une bonne vision des activités des adolescents dans le métavers et des raisons pourquoi ils s’y retrouvent, mais le film laisse de côté les problématiques de harcèlement, apparues dès les débuts de ces univers immersifs.

7Création du Metaverse Standards Forum

En juillet 2022, une quarantaine d’organisations se regroupent au sein du Metaverse Standards Forum, un consortium industriel dont l’objectif est d’accélérer l’établissement de standards ouverts pour le métavers, pour garantir l’interopérabilité entre les plateformes et une expérience fluide (et sûre) des utilisateurs. En France, le Conseil National de la XR a été lancé en avril 2022 pour « fédérer, structurer et développer une filière d’excellence française afin de relever les enjeux de ce secteur émergent et stratégique à l’international ».

8MTV Music Awards lance une catégorie « Best Metaverse Performance »

En août 2022, les MTV Music Awards ont ajouté la catégorie « Meilleure performance Métavers ». Six groupes musicaux métavers étaient en lice, dont Ariana Grande, Justin Bieber et le groupe K-Pop BTS. Le groupe pop coréen Blackpink a remporté le trophée de la meilleure performance de métavers dans PUBG Mobile (PlayerUnknown’s Battlegrounds, un jeu de battle royale en ligne). La catégorie a recueilli plus de 320 millions de votes, selon MTV. En plus d’une toute nouvelle catégorie de prix, le 12 août, MTV a annoncé sa toute première expérience dans le métavers. Paramount Game Studios a lancé ‘The VMA Experience’ dans le métavers de Roblox, qui était disponible jusqu’au 3 septembre. Roblox, qui avait deux spectacles en lice, est un monde virtuel très actif en matière d’événements de la culture pop, notamment des concerts et des festivals. En 2021, il s’était déjà associé à Insomniac, un grand producteur de festivals de musique électronique, pour créer des festivals virtuels dans son métavers.


9Horizon World arrive en Europe

Déjà disponible depuis décembre 2021 aux Etats-Unis et au Canada, depuis juin 2022 au Royaume-Uni, Horizon World est accessible en France et en Espagne depuis le 16 août. La plateforme sociale Horizon Worlds constitue une sorte de prélude au métavers rêvé par le fondateur de Meta. Pour y accéder, un casque de réalité virtuelle Quest 2, vendu par Meta, est nécessaire. Avoir plus de 18 ans également. Meta a annoncé le lancement de son nouveau casque VR en octobre prochain. Le PDG Mark Zuckerberg a fait cette annonce dans un environnement peu habituel : le podcast Joe Rogan Experience sur Spotify.

10Le Crypto Crash

À l’été 2022, les marchés de la cryptographie se sont effondrés parallèlement aux marchés financiers mondiaux. Les crypto-monnaies et le marché boursier ont été martelés par la détérioration des conditions économiques, entre une récession potentiellement imminente, une inflation vertigineuse et une Réserve fédérale qui est sur le point de refroidir davantage l’économie en augmentant les taux d’intérêt. Ce crash a été le plus important dans la courte histoire des cryptomonnaies, et a fait perdre en moyenne 50% de leur valeur les cryptomonnaies les plus connues. 

Conclusion

N’hésitez pas à commenter cette sélection. Pour un suivi détaillé de toutes les informations autour de la XR, on vous conseille le blog de Antony Vitillo, et aussi les actualités LinkedIn de Maud Clavier, Alexandre Michelin, Eric Briones, Charles Henri Marraud des Grottes, Charlie Fink ou encore Marc Petit

Pour tout savoir sur le Web3 : @mishadavinci sur Twitter

Voici quelques rapports sur le métavers, dans l’océan des informations sorties sur le sujet : 

Gartner range le métavers dans un horizon de 2 à 5 ans, considérant donc les environnements déjà existants comme des versions bêta du métavers, ce qui peut être contesté si l’on insiste sur l’importance de l’interopérabilité entre les différentes plateformes. Cette interopérabilité pourra être garantie par les technologies de la blockchain, à condition que les propriétaires des plateformes et technologies actuelles la soutiennent. En plein crypto-crash, les NFT sont affichés du côté de la courbe descendante, et après le hype en 2021, on pourra donc espérer que leur utilisation se rangera bientôt dans un usage intelligent des smart contracts pour dynamiser l’industrie créative en lieu et place des enchères autour d’un pixel rouge…  

Liens vagabonds : la blockchain Ethereum se met au vert

A RETENIR CETTE SEMAINE :

Il est l’heure de “The Merge” pour Ethereum – La blockchain Ethereum va subir une importante mise à jour qui promet de réduire de 99,9% sa production énergétique, le tout en fusionnant avec une autre blockchain afin de modifier la manière dont les transactions et les jetons sont créés. Au-delà de la promesse d’une augmentation des capacités de production, cette transition du Proof-of-Work (PoW) au Proof-of-Stake (PoS) est aussi une réponse vis-à-vis des critiques sur la consommation énergétique des crypto-monnaies

Cette fusion entre les blockchains, surnommée “The Merge” représente un moment historique pour le secteur cryptographique, qui représente 1 000 milliards de dollars. Pour les partisans d’Ethereum, la fusion rendra cette dernière plus accessible en termes de prix et de facilité d’utilisation, en faisant un adversaire de taille du Bitcoin. The Merge, attendu autour du 15 septembre, suscite aussi son lot de critiques. Pour les opposants à cette mutation, la Proof-of-Stake va à l’encontre d’un réseau pair à pair distribué équitablement. Ce système reposant sur la preuve de possession de crypto-monnaie, il sera alors nécessaire de mettre sous séquestre 32 ethers pour participer à la validation des blocs, soit environ 50 000€. 

Bien que le succès de The Merge reste à confirmer avec le temps, c’est la promesse d’une industrie de la crypto possiblement un peu plus “sobre” énergétiquement. Pour rappel, avec une consommation annuelle de 86,6 térawattheures (TWh), le réseau bitcoin se compare à celui d’une grande ville, comme Los Angeles.

Le CNC lance un fonds d’aide pour le métavers – de 3,6 millions d’euros par an. L’objectif est d’accélérer la structuration de l’écosystème, du développement à la distribution, mais aussi de “favoriser l’émergence d’œuvres immersives créatives, ambitieuses et tournées vers l’international.” Le fonds prend la relève du “fonds d’expériences numériques” créé en 2018, et du Dispositif pour la création artistique multimédia et numérique (Dicréam) fondé en 2012. La nouvelle commission “Créations immersives”  est dirigée par Jean-Michel Jarre, musicien pionnier des concerts en réalité augmentée et défenseur de la création d’un métavers made in France. Elle  est composée de deux collèges : un orienté sur les enjeux d’écriture et de développement, et le second sur le financement de la production et de la distribution. On y trouve des professionnels de la réalité virtuelle, ainsi que des employés d’Ubisoft et Epic Games». Dans un communiqué, le président du CNC, Dominique Boutonnat explique que « la création immersive est un domaine d’innovation qui synthétise les enjeux créatifs, technologiques et entrepreneuriaux capables de projeter toute la filière française de l’image dans ce nouveau continent numérique ». Une affirmation qui fait échos à celle du Président de la République en mars dernier, qui avait défendu la création d’un métavers européen. La décision du CNC en est l’une des premières manifestations concrètes. 

Failles de sécurité chez Instagram et Tiktok – alors que les deux applications ont déjà été épinglées sur le sujet. Tiktok se défend face au discours d’un groupe de hackeurs qui affirme avoir compromis le code source de l’application. Le groupe “AgainstTheWest” dit avoir accès aux détails de 2 milliards de comptes sur Tiktok et WeChat. Tiktok nie pour sa part toute faille de sécurité et a déclaré n’avoir trouvé “aucune preuve de violation de la sécurité” après une enquête de la sécurité. Selon les experts, les données dévoilées sont déjà disponibles publiquement, mais bien réelles. Le scandale tombe mal pour l’application chinoise, alors que Microsoft a révélé avoir récemment découvert une importante vulnérabilité sur l’application

Meta de son côté s’est vu condamné à une amende de 405 millions d’euros par la Commission irlandaise de protection des données après une enquête sur la manière dont elle traitait les données des adolescents. Le groupe aurait permis à des utilisateurs mineurs d’Instagram de créer des comptes professionnels aux données publiques et d’avoir rendu public des comptes de personnes mineures par défaut. Meta a déclaré à Politico avoir mis à jour le paramètre public par défaut il y a plus d’un an pour les comptes des personnes mineures et exprimé son désaccord avec la manière dont l’amende a été calculée. Le groupe de Mark Zuckerberg compte faire appel

Cette semaine en France

3 CHIFFRES 

4 milliards de dollars – c’est la somme que YouTube a versé à l’industrie de la musique, principalement sous forme de partage des revenus des publicités sur les vidéos musicales 

216 – ce serait le nombre de postes à pourvoir dans l’équipe publicité d’Apple. Le but : doubler ses effectifs pour booster ses revenus publicitaires

49,9% – c’est la participation de Tencent dans la holding familiale d’Ubisoft Guillermot Brothers, dans le cadre d’un investissement de 300 millions d’euros du groupe chinois

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Les services d'Apple en pleine expansion | Statista Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX 

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

Samizdat Online, qui rend les sites Web censurés visibles en accélérant le processus d’enregistrement des domaines non-bloqués

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMAT

ENVIRONNEMENT

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE 

BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3

IMMERSION, 360, VR, AR

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

JEUX VIDÉO, eSPORT

Brendan Conroy pour Rest of the World

TECH, STARTUPS, INNOVATION, TRANSFO NUM

OUTILS

 

ES avec Kati Bremme, Louise Faudeux & Isya Okoué Métogo

Liens vagabonds : Zuckerberg échappe encore à Cambridge Analytica

A RETENIR CETTE SEMAINE :

Un accord préliminaire pour l’affaire Cambridge Analytica – a été conclu par Facebook vendredi dernier. Le procès, ouvert en 2018, réclamait des dommages et intérêts de la part d’utilisateurs de la plateforme pour la collecte et l’exploitation sans consentement de leurs données lors de la campagne électorale de Donald Trump en 2016. Selon le document judiciaire déposé au tribunal de San Francisco, Facebook aurait demandé la suspension des procédures pour presque deux mois afin de “finaliser l’accord écrit et de le présenter au tribunal”, sans pour autant préciser le montant et les termes dudit accord. 

Cet accord préliminaire intervient à quelques jours des interrogatoires de Mark Zukerberg et de l’ancienne directrice générale de Meta Sheryl Sandberg devant la justice, dans le cadre de l’enquête. Pour Carole Cadwalladr, journaliste d’Observer interrogée par The Guardian, “La rapidité avec laquelle Facebook a réglé cette affaire à quelques jours de l’audition de Zuckerberg montre à quel point il est désespéré à l’idée d’être interrogé sur la dissimulation par Facebook de la violation des données de Cambridge Analytica sous serment pendant six heures.” 

Ces derniers rebondissements ne sont pas sans lien avec un autre procès l’année dernière proclamant que Facebook aurait payé 4,9 milliards de dollars supplémentaires à la Federal Trade Commission (FTC) afin de protéger Zuckerberg dans le cadre de l’affaire Cambridge Analytica. Selon The Guardian, le procès alléguait que la taille du règlement était motivée par le désir d’empêcher le fondateur de Facebook d’être nommé dans la plainte de la FTC.

La rentrée des classes des réseaux sociaux – En cette rentrée 2022, Twitter et Meta comptent apporter leur lot de nouveautés. Twitter vient d’annoncer déployer la fonctionnalité de modification des tweets. Réclamée par les utilisateurs depuis des années, les personnes ayant commis une faute de frappe ou oublier un mot dans leur tweet auront enfin la possibilité de rectifier le tir sans devoir supprimer le contenu. La crainte principale des opposants à cette fonctionnalité : que des utilisateurs malintentionnés laissent un de leur tweet devenir viral pour ensuite le modifier afin de diffuser de fausses informations ou du harcèlement. Twitter a répondu à ces inquiétudes en ajoutant des gardes fous : 30 minutes maximum pour la modification, et ces tweets porteront la mention “modifié”. 

De son côté le groupe Meta travaillerait sur l’élaboration de fonctionnalités exclusives – et donc payantes – pour Facebook, WhatsApp et Instagram. Pour cause d’un modèle économique affaibli par les problématiques de revenus publicitaire, Meta aurait donc lancé l’équipe “New Monetization Experience” afin de trouver de nouvelles solution pour renflouer les caisses.

Cette semaine en France

Source : capture d’écran Canal+ via Le Monde

3 CHIFFRES 

15% – c’est le nombre de comptes Twitter chinois qui sont probablement des bots 

20% – c’est la part de ses effectifs dont Snapchat prévoit de se détacher 

Entre 7$ et 9€ – ça sera le prix de l’abonnement payant de Netflix avec la publicité 

LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE

Infographie: Les pays qui font naître le plus de licornes en Europe | Statista Vous trouverez plus d’infographie sur Statista

NOS MEILLEURES LECTURES / DIGNES DE VOTRE TEMPS / LONG READ

DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION

GAFA / BATX 

DONNÉES, CONFIANCE, LIBERTÉ DE LA PRESSE, DÉSINFORMATION

LÉGISLATION, RÉGLEMENTATION

JOURNALISME

STORYTELLING, NOUVEAUX FORMAT

RÉSEAUX SOCIAUX / MESSAGERIES

STREAMING, OTT, SVOD

AUDIO, PODCAST, BORNES

BLOCKCHAIN, CRYPTO, NFT, MÉTAVERS, Web3

IMMERSION, 360, VR, AR

MONÉTISATION, MODÈLE ÉCONOMIQUE, PUBLICITÉ

JEUX VIDÉO, eSPORT

Source : capture d’écran Netflix via The Verge

5G, 8K

TECH, STARTUPS, INNOVATION, TRANSFO NUM

OUTILS

 

ES avec Kati Bremme, Louise Faudeux & Isya Okoué Métogo